Située sur la commune de Peyrilles, prés de Saint Germain du Bel Air (arrondissement de Gourdon), l’église romane de Dégagnazés et les vestiges de son cloître sont les derniers témoins de cet ensemble monastique de l’Ordre de Gramont créé dans ce lieu désertique, en 1237.
Cet Ordre voué à la simplicité et à l’austérité fut fondé en Limousin en 1076 par saint Étienne de Muret, qui, après avoir embrassé la vie monastique, se retira dans un site sauvage prés de Limogne où il attira les fidèles autour d’un premier monastère. Un siècle plus tard, l’Ordre ne comptait pas moins de 171 prieurés dont cinq dans le Lot. Seul subsiste en Quercy, le site de Dégagnazés.
Le choix d’un pareil lieu obéit donc à la règle primitive, privilégiant "les terres retirées du monde". C’est grâce aux largesses d’Aymeric de Gourdon, seigneur de Peyrilles que des marais purent être transformés, aménageant ici, un moulin, élaguant bois et landes pour rendre les terres cultivables.
Au XVIIe siècle, une partie de la voute de la nef de l’église s’effondre et le prieuré est abandonné. Mise hors d’eau pour abriter les statues, l’édifice fut au XVIIIe siècle, l’objet d’un programme pictural dédié à la Vierge Marie en remerciements des miracles reconnus par les populations locales. Le cortège des pèlerins et malades venus auprès de la statue miraculeuse constitue l’un des thèmes de ce décor mural autour du chœur de l’église, avec l’inscription : "Venez à moi, je vous soulagerai".
Depuis trois cents ans, l’objet de la dévotion est Notre Dame de la Compassion, statue du XVIe siècle. Et les fidèles venaient de loin pour la prier et implorer des guérisons. Depuis quelques années, on assiste à un renouveau du pèlerinage, le dernier dimanche d’août. A côté de la statue de Notre Dame de la Compassion, il faut noter la présence, au dessus du tabernacle d’une Mater Dolorosa taillée dans un bloc de chêne, en bois polychrome attribuée à l’atelier gourdonnais des Tournié et portant la date de 1695.
C’est aussi à Dégagnazés que se trouve l’une des sept plus vieilles cloches de France : 1228. C’est ici, "dans ce lieu écarté du commerce des hommes" (comme l’écrivit l’abbé Lacavalerie, historien), dans cette clairière silencieuse que la Vierge douloureuse accueille les pèlerins, dans le calme et le silence.