102e Journée mondiale du migrant et du réfugié

Cette messe est une tradition solidement ancrée dans ce quartier où plusieurs associations travaillent en lien avec des immigrés venus de pays très divers.
L’équipe de la pastorale des migrants et les catéchistes, car c’était aussi une messe des familles, avaient préparé le déroulement et travaillé le contenu.
L’assemblée était nombreuse, chaleureuse et festive. On y retrouvait des origines diverses, des portugais, des africains, des malgaches, des sud américains, des polonais…
Mais que révèle une telle célébration ? Elle nous parle de la volonté et de la possibilité de vivre et de faire quelque chose ensemble dans la fraternité. Elle nous invite à résister au discours du repli même si rien n’est facile à ce jour.
Mgr Camiade a redit la signification que les chrétiens donnent à cette messe des peuples :
Dieu veut faire Alliance avec tous les peuples pour les rassembler dans la paix.
La gravité était aussi présente. Nous avons prié pour les migrants, trop nombreux, disparus en chemin.
Les participants ont poursuivi l’échange autour de quelques spécialités aux couleurs du monde…

A noter que le tableau qui est sur le chevalet représente les Noces de Cana de Véronèze. C’était le thème l’Évangile du jour.

Merci à Lucienne Marty et Bernard Migairou pour leur collaboration.

Rappelons le message du pape pour cette 102e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié avec comme thème de réflexion et de prière : « Migrants et réfugiés nous interpellent. La réponse de l’Evangile de la miséricorde »
Cette journée s’inscrit dans l’Année sainte de la miséricorde proclamée par le Pape François au cours de laquelle chaque chrétien est invité à se laisser embrasser par la miséricorde de Dieu en se montrant avec les autres aussi miséricordieux que le Père l’est avec lui.
« L’Évangile de la miséricorde secoue aujourd’hui les consciences, empêche que l’on s’habitue à la souffrance de l’autre et indique des chemins de réponse. […] A la racine de l’Évangile de la miséricorde, la rencontre et l’accueil de l’autre se relient à la rencontre et à l’accueil de Dieu : accueillir l’autre, c’est accueillir Dieu en personne ! »

Visionner l’appel du pape

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Homélie prononcée par Mgr Camiade

Nous célébrons ce soir la "messe des nations", dans le cadre de la journée mondiale du migrant et du réfugié. L’Évangile des noces de Cana semble ne pas avoir de rapport avec ce thème, mais pourtant, au contraire nous allons voir qu’il peut réellement éclairer nos questionnements à propos des migrations humaines.

"Ils n’ont pas de vin".

Le vin des noces, dans la liturgie de l’Église deviendra le sang de l’Alliance. Le vin est signe de joie dans la mesure où il rassemble, où il est symbole de réconciliation et d’unité. Ne plus avoir de vin, c’est ne plus être capable de faire alliance, de se marier, mais aussi ne plus être capable de lier amitié avec de nouvelles personnes ou avec Dieu. Ne pas accueillir l’étranger, le migrant ou le réfugié, c’est la marque d’une forme (psychologique) de manque de vin.

Reconnaissons qu’aujourd’hui nous n’avons plus de vin. Même entre français, entre européens, nous sommes souvent divisés, spécialement sur cette question de l’accueil de l’autre, des autres. Dès que l’on parle de ce sujet aujourd’hui, les clivages apparaissent. "On manqua de vin" dit l’évangéliste. Ce manque dont la Vierge Marie alerte Jésus, est aussi celui de notre époque qui semble manquer de lien social.

"Faites tout ce qu’il vous dira".

Marie s’adresse aux serviteurs, aux diaconoïs, c’est-à-dire à ceux qui sont institués pour servir comme le seront les diacres dans la communauté ecclésiale. Le pape Benoît XVI, dans son encyclique sur la charité (Deus caritas est, 2005) avait rappelé que l’Église tient sur trois piliers aussi indispensables les uns que les autres : la diaconie (le service), la liturgie (les sacrements) et le kerygme (c’est-à-dire l’annonce de la Parole, qui peut aller jusqu’au martyre). La diaconie est définie comme "le service de l’amour du prochain exercé d’une manière communautaire et ordonnée". La diaconie fait partie de "la structure fondamentale de l’Église elle-même".

Marie est la figure du mystère de l’Église, elle nous révèle toujours ce qu’est l’Église. L’Église est le peuple de ceux qui font tout ce que Jésus dit et qui le font dans une dynamique de service. Les serviteurs que sont les baptisés sont appelés à mettre en actes la Parole du Christ.

"Mon heure n’est pas encore venue".

Le Christ Jésus répond d’abord que "son heure" (l’heure de la passion et de sa croix, l’heure de sauver le monde) n’est pas encore venue. A travers cette remarque, il rappelle d’abord l’humilité que doit avoir notre action car aucun de nous ne peut sauver le monde, seul lui le pourra, quand son heure viendra.

Il faudra nous demander est-ce l’heure d’accueillir les migrants ? Avec tous les événements tragiques de notre époque, avec le contexte socio-économique, le chômage, est-ce l’heure ? Beaucoup aujourd’hui posent la question. Or, l’heure d’accueillir ne coïncide-t-elle pas normalement avec l’heure d’arrivée de ceux que l’on accueille ? Ne doit-on pas, même si on n’avait pas prévu cet accueil, se rendre disponible pour l’étranger qui frappe à la porte ? Quand l’heure de la fin des temps viendra, ou même déjà quand l’heure de notre mort individuelle viendra, dirons-nous au Seigneur que ce n’est pas notre heure ?

"Puisez l’eau et allez en porter..."

Mais ensuite, il s’adresse aux serviteurs, images de la diaconie de l’Église ("diaconoïs", dans le texte grec), et leur dit de remplir les cuves avec de l’eau et d’en porter au maître du repas. Comment comprendre ce geste ? L’eau c’est ce qui reste puisqu’il n’y a pas de vin. Même si nous manquons de charité, même si nous sommes une société divisée, même si certains immigrants nous font peur, il nous reste un fond de bonne volonté. C’est à cela que le Christ fait appel. La générosité infinie de Dieu fera le reste.

Dans le Lot, outre les nombreuses familles d’origine italienne et espagnole, arrivent encore aujourd’hui des portugais, des arméniens, des albanais, des marocains, des ivoiriens, des géorgiens, des irakiens, etc. Plusieurs communes, paroisses et communautés religieuses sont prêtes à accueillir des réfugiés, même s’ils n’arrivent pas si facilement et ne souhaitent pas forcément rejoindre notre secteur rural où les offres d’emploi restent limitées. Voilà l’eau qui nous est donnée, dans un climat général inquiet.

Ainsi est le miracle du Christ : celui qui est accueilli, même s’il paraît pauvre et fragilisé par un long voyage et des problèmes de langage, de références culturelles, de traumatismes liés à la guerre, apporte aussi la richesse de son histoire et de sa culture et il apporte même davantage. Il apporte plus que lui-même, plus que ses pauvres capacités à eux qui l’accueillent. Le festin des noces de l’eucharistie, le sacrement de l’alliance, sera le lieu où nous offrirons tout ce que nous sommes, à la fois nos duretés de cœur et notre bonne volonté, cette eau, les rencontres déjà vécues, notre inquiétude face au monde et ses violences, à l’avenir et aussi notre confiance en Jésus, malgré tout. Nous demanderons au Seigneur d’aider nos sociétés à réfléchir aussi aux causes des migrations massives qui s’annoncent aujourd’hui et qui ne sont pas signes de bonne santé de la planète. Ces drames humaines doivent nous interroger tous sur l’action internationale à mener en termes d’engagement pour le développement, de choix économiques, d’engagements écologiques et aussi géopolitiques.

La grâce du Christ fait que chaque rencontre peut être source de joie, de fraternité et promesse de bonheur éternel. Le mouvement même de la rencontre, de l’accueil, de la confiance et du dialogue pour s’accorder sur des règles de vie commune produisent un accroissement d’humanité par un accroissement de charité. C’est cet amour gratuit et généreux qui est le vin miraculeux de l’existence. C’est lui qui nous apporte le vrai bonheur.

Amen.

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