Edito de Carême 2017 par le Père Ronan de Gouvello

« Les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu »

Dans cette antienne, toute l’attitude chrétienne se trouve contenue pour bien vivre le carême. Elle suggère trois attitudes :

 Discerner ce qu’est le combat de Dieu. Jésus nous le révèle lorsqu’il nous dit : "Je ne suis pas venu pour les bien-portants ni pour les justes, mais pour les malades et les pécheurs." Ce combat a un nom : il s’appelle Miséricorde. Il s’agit tout d’abord accueillir la révélation de cet amour infini que Dieu a pour sa créature humaine au point de la faire entrer dans sa propre intimité, et de l’appeler « mon fils bien-aimé », « ma fille bien-aimée ». Dieu nous a montré qu’Il est prêt à tout, jusqu’à la folie, pour aller chercher sa brebis perdue. Il ne se lasse pas, ne se décourage pas, ne baisse pas les bras... Ce combat de Dieu, qui révèle son trop grand amour pour nous, culmine au moment de la mort de Jésus sur la croix : sa passion nous révèle le prix qu’il a payé, le prix que nous avons à ses yeux. Il faut beaucoup d’humilité pour accueillir un si grand amour... Car nous avons du mal à nous aimer quand nous expérimentons notre faiblesse, notre fragilité, quand nous regardons notre vie si loin de ce que nous aimerions être... et pour les mêmes raisons, nous avons du mal à aimer notre prochain. La Miséricorde se vit alors comme une réconciliation avec Dieu, avec nous-mêmes, avec les autres.

 La deuxième attitude du carême, c’est d’entrer librement, résolument, joyeusement dans ce combat, pour participer à sa victoire. Dieu nous respecte tant qu’il ne veut pas nous sauver malgré nous. Il désire nous rendre participants de notre résurrection, et du salut du monde. Engager une lutte contre nos vices, contre ce qui nous conduit au péché et contre Satan qui est l’auteur du péché est une manière de manifester au Seigneur notre bonne volonté. Ne soyons pas dans l’illusion, nous changeons à une vitesse géologique. Car comme pour un athlète à qui il faut beaucoup de travail pour améliorer son record personnel, le carême nous offre un temps d’entraînement propice à progresser pour repousser nos limites et accroître notre capacité d’aimer.
La grâce demande la coopération de la nature pour être féconde.

 La troisième attitude nécessaire est le moyen, la condition nécessaire pour y arriver : fixer nos yeux sur Jésus-Christ. Dans l’Évangile que nous lirons tous les dimanches de carême, la vie de Jésus nous est présentée comme un modèle à imiter. La méditation de la Parole de Dieu est nécessaire pour ne pas faire des efforts en vain qui ne correspondraient pas à ce que Jésus attend de nous. Le jeûne, l’aumône et la prière trouvent leur source d’inspiration dans la contemplation de la personne même de Jésus. La question : « Comment vais-je faire pour bien vivre mon carême ?" se pose alors en d’autres termes : « Comment Jésus ferait à ma place aujourd’hui pour bien vivre ce carême ? » Ainsi, loin de nous lancer dans un perfectionnement moral volontariste, chaque effort de notre carême va nous unir plus étroitement, plus intimement à Jésus.
Demandons l’aide de la sainte Vierge Marie, de notre ange gardien, et de tous les saints qui ont su si magnifiquement se mettre à la suite de Jésus, se relever après avoir chuté, et repartir avec la joie de l’enfant qui a goûté à la tendresse des bras miséricordieux de son Père du Ciel.

Abbé Ronan de Gouvello

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