Le déroulement de cette journée en images et l’homélie prononcée par Monseigneur Turini
ORDINATION DIACONALE DE JEAN-BAPTISTE DIGEON
EGLISE St SAUVEUR DE FIGEAC- DIMANCHE 29 JUIN 2014
Sœurs et Frères, cher Jean-Baptiste,
L’Eglise ne s’annonce pas elle-même, elle annonce un Evangile d’Amour celui du Christ, qui fait son unité et lui donne son rayonnement missionnaire. Comme diacre tu vas y travailler toi aussi, Jean-Baptiste, en t’engageant sur la voie du service.
Par mon propre ministère, le Christ te consacre et t’envoie pour cela.
Vis à fond ce ministère diaconal, non comme un passage obligé ou une étape transitoire, mais comme un état permanent qui te rappellera que, même si le Christ est le Pasteur suprême, il n’en demeure pas moins le Serviteur suprême. Et c’est Lui que tu dois imiter.
Car tu l’as déjà compris, tout ministère ecclésial tire sa force, non pas de nos seules capacités, cela n’irait pas loin, mais de notre relation au Christ mort et ressuscité.
- Si tu l’as choisi comme le tout de ta vie.
- Si tu veux le suivre en le laissant guider ta vie et en renonçant à d’autres choix, comme celui du mariage par exemple, ce n’est par héroïsme ou parce tu veux rester « vieux garçon ». Qu’elle tristesse et quelle calamité ce serait pour toi, pour les autres et pour l’Eglise.
Souviens-toi ce que je t’ai répondu quand tu m’as demandé le diaconat : « En t’engageant au célibat, tu ne vis pas une fermeture, mais une ouverture. Un célibat sans amour est stérile et finit par nous aigrir. Un célibat vécu dans l’amour manifeste notre attachement préférentiel au Christ qui nous ouvre à un amour sans mesure pour nos frères, vécu dans la charité et le service. C’est là que se trouve notre bonheur quand nous découvrons que le célibat est en réalité une alliance avec le Christ, Son Eglise et l’humanité dans laquelle il nous appelle à répandre les semences de Son Evangile ».
Si tu as fait le choix préférentiel du Christ en lui offrant toute ta vie, c’est pour qu’il la prenne afin que tu participes activement à l’édification et au service de Son Eglise en commençant par la charité.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Quand Jésus annonce le Royaume, il ne le pense pas, ne l’imagine pas sans les aveugles, les estropiés, les sourds, les muets, les paralysés, les lépreux, les infirmes, les mendiants, les possédés et tous les blessés de la vie. En les accueillants, en les guérissant et en les exorcisant il leur ouvre toute grande les portes de Son Royaume. Il est ouvert à tous et pas seulement aux seuls justes et aux biens pensants.
L’Unité de l’Eglise se construit à partir de la charité du Christ Serviteur des pauvres.
Cet amour de Jésus pour les moins performants, les moins productifs, les laisser pour compte, les malades, les exclus il le confie à Son Eglise afin qu’elle en fasse une priorité absolue pour sa mission. Le ministère diaconal en est le signe et le rappel visible non seulement pour tous les membres du Corps ecclésial, mais aussi pour les autres ministres ordonnés, parce que, comme l’on dit, la charité est transversale à toute la vie de l’Eglise. Elle se répand dans tout son corps afin que chacun de ses membres la manifeste à tous ses frères.
L’Eglise ne traine pas les pauvres comme un boulet qui ralentit sa marche mais elle les intègre à sa marche parce qu’ils l’aident à avancer sur le chemin du Royaume et le diacre nous rappelle que le Christ dans l’Evangile dépasse les clivages sociologiques riches et pauvres.
Par Lui, pour Lui, en Lui nous sommes tous frères au même titre. Il l’a voulu ainsi et l’a vécu ainsi.
Mais allons plus loin. Aujourd’hui Jean-Baptiste, tu choisis d’appartenir totalement au Christ. Au début de cette messe d’ordination, tu as franchi le pas devant nous tous pour le confirmer. Tu choisis de servir Son Eglise et tous tes frères et sœurs sans distinction par le don radical de ta vie à l’Amour de Dieu.
Le diacre exerce le ministère du cœur. Il révèle à l’Eglise et au monde le cœur du Christ et tout ce qu’il contient
- d’amour,
- de tendresse,
- de miséricorde sans mesure,
pour tous et particulièrement pour les plus petits.
Par la prière tu plongeras dans le cœur du Christ pour contempler ce que chacun de ses battements impulse : Sa vie en abondance pour le salut et le bonheur du monde.
Ton cœur va battre au rythme de celui de Jésus, aux dimensions de l’Eglise, de la famille universelle pour impulser cette même vie que tu as contemplé dans le cœur du Christ et qui construit une humanité plus fraternelle, plus juste, plus belle, moins inégalitaire, respectueuse de la dignité de tout homme : cette humanité divinisée par l’Amour de Dieu qui annonce que Son Royaume est là au milieu de nous.
- Que tu sois à l’autel pour la liturgie eucharistique,
- que tu proclames l’Evangile et le commentes,
- que tu célèbres mariage ou un baptême,
- que tu présides des funérailles,
- que tu sois dans la rue au contact de tous,
comme diacre tu rappelles à tous - que l’Eglise a un cœur, et que c’est le cœur du Christ qui bat en elle,
- qu’elle n’est pas une administration ou une « douane » tatillonne, froide,
mais une belle et grande famille qui porte « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes et des femmes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent ».
Tu peux penser que je m’adresse à toi comme je pourrais le faire pour l’ordination d’un diacre permanent. Effectivement je pense que les diacres permanents présents dans notre assemblée ne se sentiront pas étrangers à mes propos. Ce que je viens de te dire, je le leur dirais pareillement.
Mais il n’y a pas deux diaconats : l’un permanent et l’autre transitoire en vue du sacerdoce. C’est le même ministère ordonné. Il n’y a pas deux degrés dans le degré du ministère diaconal.
Demain si tu deviens prêtre, tu continueras d’exercer le primat de la charité pour lequel je t’ordonne aujourd’hui. Tu continueras à vivre dans cet état permanent de charité. La figure du Serviteur demeure dans celle du Pasteur. Ne l’oublie pas. La figure du Pasteur n’effacera jamais celle du Serviteur.
Le prêtre et l’évêque ne jouent pas au grand Seigneur, mais ils doivent toujours quitter leur vêtement, revêtir la tenue de service pour laver les pieds des disciples et pas seulement au soir du Jeudi Saint.
Tu es ordonné diacre sous le double patronage des Apôtres Pierre et Paul, tous les deux touchés en plein cœur par l’Amour du Christ dans le cours naturel de leur vie. L’un dans son existence de pécheur au bord du lac de Galilée, l’autre, juif radical et fanatique au moment où il pourchassait des disciples du Christ.
L’un est devenu le Roc de l’Eglise, l’autre la route.
Ce qui donna du dynamisme à leur action évangélisatrice c’est : - l’amour de Dieu, et
- leur amour pour toute la famille humaine.
L’Eglise aujourd’hui a besoin de ces deux figures et de ces deux ministères. Celui de Pierre qui l’enracine dans le Christ. Celui de Paul qui rappelle que le Christ est la route à suivre pour marcher vers la Vie.
Prends appui sur ces deux colonnes de l’Eglise.
Les deux premières lectures nous font comprendre par quelles épreuves ils sont passés. Et j’aime la façon très concrète dont l’Ange appelle Pierre dans sa prison « Mets tes sandales, ta ceinture et ton manteau et suis-moi ».
On pourrait traduire : « Habille-toi, nous partons ». L’appel du Christ dans nos vies n’est arrêté par rien - ni par ceux qui voudraient que la foi soit une affaire privée en lui refusant son caractère public,
- ni par aucune autre hostilité.
- L’épreuve, la prison pour Pierre,
- la persécution pour Paul
ne sont pas un frein, ni un coup d’arrêt, au contraire, c’est dans l’épreuve qu’il redécouvre la force, le dynamisme et la joie du premier appel et les voilà reparti pour la mission sans frontière à laquelle le Christ les appelle.
Enfin pour terminer, je t’invite à regarder autour de toi. Comme je te l’écrivais aussi « tu n’es pas seul c’est toute une famille diocésaine qui t’accompagne, t’entoure et te porte dans l’affection et la prière ». Je la remercie cette famille que tu aimes et que j’aime, à commencer par ta propre famille, tous tes amis, les communautés chrétiennes qui t’ont accompagné sur le chemin de la foi, le séminaire qui t’a formé pour apprendre à servir l’Eglise et toute la famille humaine, et je n’oublie pas la communauté du groupement paroissial de Figeac à qui tu dois beaucoup et à laquelle je te sais particulièrement attaché au point que tu vas y rester pour exercer ton diaconat.
« Le Seigneur m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu’au bout l’Evangile et le faire entendre à tous » dit l’Apôtre Paul dans la deuxième lecture.
C’est ce que nous demandons pour toi au Seigneur avec l’aide, l’intercession et la protection maternelle de Notre Dame de Rocamadour qui t’accueille comme un fils, elle qui est la Mère de notre Eglise diocésaine. Amen.
Norbert Turini, évêque de Cahors
Les belles photos sont signées Patrick Resongues.