Quelques paroles de Michel Paré Extraits d’écrits

L’intégralité du texte a paru sur livret et peut être demandé à Thérèse Péguin (therese.peguin@free.fr).

...Le côté louange n’est pas très présent chez moi.
J’aspirais au divin. Le divin m’a répondu :
« Je t’ai bien entendu, j’accueille ton souhait avec plaisir. Mais je pense que je te rendrai le meilleur service en te dispensant (privant) du sentiment de ma présence pour que tu me cherches davantage. »...

...Je crois que là où est Dieu, là est l’univers entier, là le prochain.
Dans la communion, devenue consciente, à l’univers, aux autres humains, je découvre que je ne peux pas être heureux sans le bonheur de l’autre, car l’autre est ma chair.
Un « acte de charité » sans l’amour de moi, amour reconnu, accepté, n’est qu’une prestation de service, il n’est qu’une illusion d’amour si ce n’est un mensonge....

Etant « ministre » de l’Evangile, je suis, par profession, un homme de la Parole. Une Parole entendue au sens large, évidemment, puisque je parle par ma manière d’être, d’abord.
Mais, « ministre », je dois parler, tant bien que mal, par des discours.
Comme d’autres font le pain, moi je suis obligé de travailler la Parole.
Depuis longtemps je crois que cette parole doit être modeste. La pauvreté de ma foi m’a toujours contraint à cette modestie.
Mais aujourd’hui je pense que cet aspect du discours s’impose aussi pour d’autres raisons, notamment celle-ci :
Le monde actuel ne supporte pas de discours asséné.
Il ne supporte pas de discours récité.
Le discours doit correspondre à ce qui peut être perçu par l’auditeur comme une conviction chez celui qui parle.
D’autre part cette modestie je la vois s’exercer de deux façons :
Ma parole sera marquée par le doute, ou du moins, par le combat redoutable de la foi.(...)
Ma parole sera humble dans la présentation des exigences évangéliques.(...)
Quelques réactions me donnent à penser que cette humilité de la Parole est la condition nécessaire pour qu’elle soit reçue de ceux qui en ont le plus besoin et qui l’attendent davantage.
Alors, je persévère, avec encore plus de détermination, à proposer une parole reflet de ce que je suis : en quête plus qu’en possession.(...)

(...) je prononce les mots : "Prenez et mangez, ceci est mon corps".
Il m’arrive d’éprouver un léger frémissement quand, au lieu de répéter simplement les paroles de Jésus, je fais de ces paroles d’un autre mes propres paroles, l’expression de mes douleurs profondes, si souvent infécondes, devenant soudainement vivantes en s ’épanchant sur cette terre, sur ces frères qui sont là.
Mais eux, pourquoi ne les disent-ils pas avec moi ? D’abord comme un acquiescement : ce corps livré dans « la chambre haute » n’est-il pas aussi le leur ?
Pourquoi ne pas reprendre ensuite comme une autre offrande (mais c’est la même) : Prenez, mangez, vous, toute l’humanité. Nous, corps du Christ, mangez-nous. Toutes nos douleurs assemblées, tous nos coeurs transpercés s’apaisent en se donnant. Et vous, peut-être serez-vous soulagés de ne plus vous sentir seuls à porter vos douleurs. Et peut-être, vous et nous, entrerons en communion.(...)

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