Gouvernement : stratégie de lutte contre la pauvreté

Septembre 2018

La stratégie de lutte contre la pauvreté annoncée par le Président de la République présente de nombreuses propositions structurantes et l’appel à un vrai changement de regard ; mais les moyens restent modestes par rapport aux ambitions.

Quand la nouvelle majorité est arrivée au pouvoir, il y a 15 mois, la lutte contre la pauvreté n’était pas au programme des réformes. Le Secours Catholique-Caritas France se réjouit donc que le gouvernement ait entendu les interpellations des associations à ce sujet et pris en compte l’importance de lutter contre la pauvreté.

La nomination d’un délégué interministériel, le lancement d’une concertation pour élaborer cette stratégie, l’annonce d’une nouvelle concertation pour élaborer un projet de loi sur l’accompagnement vers l’emploi et un revenu universel d’activité en 2020 démontrent que le Président de la République a pris conscience de l’urgence du combat commun à mener pour éradiquer la grande pauvreté dans notre pays.

Le Secours Catholique se réjouit que certaines de ses propositions, (et celles du collectif Alerte) aient été retenues comme :

 L’augmentation de la prime d’activité et les mesures de lutte contre le non recours aux prestations sociales, le projet de création d’un revenu universel d’activité et d’un véritable service public de l’insertion permettant un accompagnement renforcé vers l’insertion et l’emploi, notamment la poursuite de l’expérimentation « Territoires zéro chômage de longue durée ».
 Un « parcours de formation garanti » jusque 18 ans et l’extension de la garantie Jeunes, même si cette dernière reste encore limitée à 100.000 jeunes par an,
 L’ouverture de place de crèches et un meilleur accès à la cantine pour les enfants des familles les plus démunies.

Mais une politique de lutte contre la pauvreté doit être globale et celle-ci fait l’impasse sur plusieurs sujets :

  Le niveau du RSA. Il est aujourd’hui très bas et ne permet que de survivre. Quand on est en situation de survie on ne peut pas mobiliser son énergie vers la formation et l’emploi. Or le gouvernement se refuse à l’augmenter et à l’étendre aux jeunes de moins de 25 ans.
 L’accès au logement. Il est très difficile pour les personnes qui vivent des minimas sociaux mais aussi pour ceux qui ont des petits salaires, en raison du coût du logement et de l’insuffisance de logements très sociaux. Des milliers de familles avec de jeunes enfants sont aujourd’hui expulsées de leurs lieux d’hébergement sans autre solution que la rue. Le plan pluri annuel en matière de logement n’est pas à la hauteur des enjeux.
 La grande précarité dans laquelle vivent des milliers de familles et de jeunes étrangers. Il manque une vraie prise de conscience de l’urgence des situations : rien n’est prévu pour assurer la prise en charge des milliers de mineurs isolés à la rue. Rien n’est annoncé pour permettre la régularisation, l’insertion et l’accès à un logement des familles étrangères maintenues des années dans une précarité. La stratégie doit aussi concerner l’avenir de tous ces enfants en leur garantissant l’accès à une scolarité régulière et des conditions de vie sereines et dignes.

Le financement de la stratégie nous interroge aussi  : il se fait au prix de la désindexation des pensions de retraite, des prestations familiales et des APL (par rapport à l’inflation), de la réduction drastique des contrats aidés et doit être mis en perspective des arbitrages du gouvernement en faveur des réformes fiscales.

Le Secours Catholique apprécie la vision à long terme pour s’attaquer aux causes de la pauvreté et des inégalités de destin mais regrette le manque d’objectifs chiffrés en lien avec les objectifs de développement durable que la France a signés, et l’ancrage dans une politique environnementale ambitieuse. L’association poursuivra donc ses efforts pour que la lutte contre la pauvreté soit élargie et renforcée en ce sens. Elle s’impliquera dans la mise en œuvre de la stratégie au niveau national et sur les territoires et veillera à ce que les personnes en précarité y soient associées.

Retrouvez ici l’interview de Véronique Fayet, Présidente du Secours CatholiqueCaritas France.

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