Lettre pastorale de Mgr Camiade : "Nourrir et soigner nos liens dans la saveur de l’Evangile"

N°9 / Août 2024

Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

(Jn 2,1-11)

Lettre pastorale n°9

Étranges noces de Cana, où il n’est pas question de la mariée ! Le marié lui-même, malgré les apparences lorsqu’il lui est dit « tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » (Jn 2,10), ne joue qu’un rôle secondaire. Les personnages qui auraient dû être à l’arrière-plan, la mère de Jésus et Jésus lui-même, deviennent curieusement les acteurs principaux, sans que la plupart des participants ne le sachent. Des serviteurs anonymes feront les intermédiaires en accomplissant les ordres de Jésus. Cette rapide lecture rapproche l’épisode évangélique de ce que nous vivons en Église : des célébrations et des activités où l’acteur principal (Jésus-Christ) est invisible tandis que sans sa présence la fête tournerait court, des serviteurs qu’on appelle des « ministres » (mot qui veut bien dire « serviteur »), n’ayant pas d’importance par eux-mêmes, mettent en actes la parole du Christ, par qui la grisaille se transforme en allégresse. En ravivant discrètement la joie des noces, Marie et Jésus prennent soin de la communauté rassemblée, réunie pour célébrer une alliance qui est peut-être, en fin de compte, surtout celle de Dieu avec son peuple. Saint Paul, dans la lettre aux Ephésiens, dira clairement qu’il existe une analogie entre les liens des époux et ceux du Christ avec son Église, qu’il nourrit et dont il prend soin (Cf. Ep 5,29). Cette alliance du Christ avec son Église suscite des liens inédits, la communion entre tous, une fraternité festive.

Pareille image de l’Église focalise notre attention sur ce qui nous relie les uns aux autres, ce qui nous dynamise, ce qui fait de nous des participants joyeux aux noces de l’agneau. Dans cette lettre pastorale, je voudrais rappeler d’abord quelle est la mission de l’Église, notre mission, ce que Jésus nous invite à vivre ensemble. Ensuite, comme en écho au manque de vin repéré par la Vierge Marie, je désire considérer les épreuves que notre Église traverse dans la société actuelle. Puis, en contemplant l’attitude du Seigneur qui prend soin de la réussite de ces noces, je voudrais encourager à prendre soin des liens qui nous unissent. Enfin, je m’arrêterai pour considérer la manière dont Marie, la mère de Jésus et notre mère nous éduque à prendre soin des liens, de même qu’elle a pris l’initiative, à Cana, d’y sensibiliser son Fils Jésus.

La belle mission de notre Église :
goûter la présence du Christ.

A Cana, Jésus avait été invité, avec ses disciples. Sans doute les disciples avaient-ils des liens avec la famille du marié. Mais leur présence ne sera plus mentionnée qu’à la fin, pour dire que le signe de l’eau changée en vin provoque leur foi en Jésus. La visée de ce miracle, en fin de compte, c’est la foi des disciples en Jésus, le Christ.

L’Apôtre Pierre est le premier des Apôtres et pierre de fondation de l’Église. Sa grâce propre qui ne vient pas des hommes, mais de Dieu, est de dire à Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Et parce qu’il a dit cela, Jésus a fait de lui la pierre de fondation de son Église, il lui a donné sa mission. Sa mission sera, à la tête de l’Église et avec toute cette Église, de vivre avec le Christ, de croire en lui, de l’aimer et de l’annoncer. Le Christ, c’est celui qui a reçu l’onction du Très-Haut, celui qui a été « chrismé », c’est-à-dire oint, ou encore choisi et envoyé par Dieu (Messie). Cette onction de Jésus-Christ se prolonge dans notre mission de « chrétiens », puisque notre nom de « chrétiens » vient du mot « Christ ». Comme Jésus-Christ, nous avons donc à nous recevoir de Dieu, à vivre de son Esprit-Saint et à accomplir notre vie sur la terre comme une mission. Et quelle est cette mission des baptisés ? Lorsqu’on donne l’onction aux nouveaux baptisés on leur dit qu’ils sont membres du Christ, prêtre, prophète et roi. Notre mission à tous est ainsi triple : se tourner vers Dieu pour lui offrir le monde (prêtre), annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu (prophète) et en vivre chaque jour en travaillant à répandre la justice et l’amour autour de nous (roi).

Ne négligeons pas la première dimension de la mission des baptisés, qui est une mission proprement spirituelle : offrir le monde en sacrifice spirituel à Dieu le Père (Cf. 1 P 2,5). Cette mission proprement religieuse, qui consiste à mettre en lien le monde avec Dieu, devrait habiter nos cœurs en profondeur. Elle nous oblige à aimer le monde. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Cf. Jn 3,16). Pour accomplir notre sacerdoce baptismal, nous avons à nous laisser remplir par cet amour du monde à l’image de celui de Dieu. Et nous ne pouvons pas aimer ce monde de façon abstraite. Aimer le monde comme Dieu l’aime suppose d’y vivre, de le connaître, de chercher à le comprendre. Les grands défis de notre époque, comme le développement rapide de l’Intelligence Artificielle, la grande diversité et l’interférence des cultures et des religions, la protection de l’environnement, la violence dans les relations sociales et beaucoup d’autres sujets, ne peuvent pas nous laisser indifférents. La première manière d’endosser ces défis est notre vie de prière et celle-ci culmine dans la célébration de l’eucharistie par laquelle nous pouvons tout offrir au Père avec le Christ dans l’Esprit-Saint. La société française d’aujourd’hui n’attache pas un grand prix à la prière. Elle semble bien peu religieuse et la religion est souvent regardée comme une simple force politique, le catholicisme, paraissant spécialement aujourd’hui comme une faction peu influente qui, en outre, aurait le tort de contribuer au morcellement de la société. Néanmoins, devant la mort, un grand nombre de nos contemporains sollicitent encore la prière et la parole de l’Église, même sans toujours en comprendre la portée surnaturelle. Ceux qui sont engagés dans la pastorale des funérailles, prêtres, diacres, religieuses et laïcs, rendent un service apprécié dont la nature profonde est l’intercession pour le salut éternel des défunts. Cela fait partie de notre sacerdoce baptismal et il n’est pas anodin que cela reste socialement reconnu.

La seconde dimension de la mission de l’Église vient peut-être plus naturellement à notre esprit : il s’agit d’annoncer que « le Royaume de Dieu est tout proche » (Cf. Mt 10,7). Faire cela suppose également de bien connaître et d’aimer ceux à qui l’on s’adresse et implique donc une bonne connaissance du monde et de ses enjeux. La proximité du Royaume de Dieu ne va pas toujours de soi car nous percevons toutes les failles de notre société et certains aspects de la réalité qui nous entoure manifestent plus de régressions que de signes de la présence de Dieu. Quand Jésus envoyait ses premiers disciples, la réalité de la germination du Royaume de Dieu n’était pas plus évidente. Elle en appelle toujours à un regard de foi. C’est ce regard de foi dont nous avons à témoigner. Cela passe par l’intériorité, par un regard contemplatif qui s’arrête pour saisir, avec la grâce de Dieu, les petites pousses qui grandissent et sont prometteuses non seulement d’un avenir heureux sur la terre mais aussi dans la vie éternelle. Les petites lueurs d’amour dans la noirceur des quotidiens les plus rudes sont des signes puissants de la présence du Seigneur et de son action en profondeur. Une de ces petites lueurs parmi les plus remarquées aujourd’hui est ce mouvement de retour ou de découverte de l’Église par un bon nombre d’adultes, dont les catéchumènes toujours plus nombreux. Mais nous pouvons aussi discerner bien d’autres germes de l’avènement du Seigneur : des réactions généreuses là où on ne les attendait pas ; la place des valeurs familiales qui, malgré tous les vents contraires, demeure au sommet des priorités de nos contemporains ; la recherche sociétale de plus de respect dans les relations hommes-femmes et le refus de la violence sexuelle sous toutes ses formes ; ces jeunes plus nombreux qu’on ne le dit qui ont envie de bien faire, de mener une vie qui a du sens ; etc. Au-delà de ce type de mouvements positifs qui traversent notre temps, le témoignage de notre foi en Jésus Ressuscité peut pénétrer le monde actuel si réellement chaque chrétien se montre capable de dire en quoi Jésus-Christ est pour lui le Sauveur (le « kérygme »). Il est celui qui nous libère et nous fait nous découvrir aimés et précieux aux yeux de Dieu. L’annonce de la joie de l’Évangile est ainsi incarnée et crédible. Le monde en a besoin pour se transformer réellement et devenir ce à quoi Dieu l’appelle.

La troisième dimension de la mission de l’Église relève justement du service de la société contemporaine. Comme depuis toujours, les engagements des baptisés sont nombreux et peut-être aujourd’hui plus variés que jamais. De façon générale, il s’agit avant tout de vivre selon l’Évangile, de mettre en pratique la Parole du Seigneur car, dit Jésus, « ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21) Ce qu’on appelle la royauté baptismale consiste dans ce service concret de nos frères qui n’est qu’une mise en musique de la partition qu’est l’enseignement du Seigneur. La question à se poser reste toujours et en toute situation : que ferait Jésus à ma place ? Car l’enseignement du Christ est dans ses paroles mais aussi dans ses actes et dans son style de vie. Il nous appelle nous aussi à transformer en actes les bonnes paroles. Ce n’est pas toujours facile dans un monde violent où les querelles partisanes rendent le dialogue et la rencontre fraternelle souvent compliqués. Mais Jésus, même s’il a aussi donné l’exemple de silences face à de fausses questions, nous encourage à nous engager dans le dialogue, dans l’affrontement conflictuel s’il le faut, mais toujours dans le but de progresser avec d’autres vers des solutions constructives, en vue d’un bien commun à découvrir et à poursuivre ensemble. La royauté baptismale est un service de la communauté humaine toute entière et, par sa nature même, quoi qu’elle passe souvent par des réalisations très modestes, elle participe à transformer le monde de l’intérieur, patiemment, sans violence, de façon désintéressée et heureuse. L’engagement politique des chrétiens peut se jouer de diverses manières, mais il me semble qu’il porte souvent plus de fruit à petite échelle qu’à de hauts niveaux. C’est d’une transformation de fond, en proximité, que le monde actuel a sans doute le plus besoin.

A Cana, Jésus répond à sa mère « mon heure n’est pas encore venue » (Jn 2,4). C’est sa conscience aiguë de sa mission qui le conduit à résister, en un premier mouvement, à ce qui lui est signalé. Mais pour nous baptisés, l’heure du Christ est arrivée et notre mission ne peut attendre. Les trois dimensions de la mission de l’Église sont plus que jamais actuelles en notre XXIème siècle qui va célébrer le jubilé des 2025 ans de l’avènement du Christ. Le pape François nous invite à vivre cette célébration en « pèlerins d’espérance ». L’espérance est la vertu qui nous interdit le découragement et nous apporte une grande joie, c’est d’ailleurs finalement cette joie que nous avons à faire rayonner pour la partager et la mettre au service de nos frères. Elle est un enthousiasme, parfois à retrouver en goûtant la saveur du compagnonnage avec le Christ, qui est notre identité de chrétiens et la source de notre joie.

Épreuves et espérance.

« Ils n’ont plus de vin » (Jn 2,3). Manquer de vin pour un repas de fête, c’est le symbole de la perte de saveur dans sa vie. Nos viticulteurs lotois qui subissent des gelées tardives répétées depuis 2017 savent aussi ce que veut dire pour eux manquer de vin. C’est parfois même le découragement et la ruine. Mais j’admire aussi la combativité de beaucoup qui ne baissent pas les bras et savent s’appuyer sur le soutien des institutions.

L’Église, en ce premier quart du XXIème siècle, traverse des épreuves et expérimente en son sein des tensions, voire des divisions ou, comme on dit, des « clivages ». En cela, elle est bien imprégnée de la société actuelle. Notre monde est marqué par une profonde crise intellectuelle et morale. Même si certaines institutions parviennent encore à résister, ce n’est pas sans remises en question ni secousses violentes. Dans ce contexte, l’Église sent qu’il lui est difficile de s’adapter et de répondre aux si nombreux défis actuels. Pourtant, nous ne sommes pas sans ressource. Le Christ a donné sa vie pour nous sauver et nous sommes aimés de Dieu. L’Évangile est notre boussole, qui, à travers les tempêtes, nous guidera toujours, même si le terme de la route demeure en grande partie inconnu.

Le pape François nous a rappelé que « la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. » (Spes non confundit, n. 5) C’est pourquoi nous avons tant de joie à nous retrouver comme par exemple lors de la fête diocésaine intergénérationnelle du 25 mai dernier, lors du pélé VTT, ou à l’occasion de fêtes paroissiales diverses, de pèlerinages, de fêtes votives, de célébrations de confirmations d’adolescents et d’adultes et, bien évidemment, des temps forts liturgiques comme à Pâques où cette année encore, nous avons été nombreux à nous réunir pour célébrer la résurrection du Seigneur. Toutes ces expériences fortifient notre espérance et nous préparent à la rencontre avec le Seigneur Jésus.

Mais sur ce chemin jalonné de temps heureux et bienfaisants, nous souffrons trop souvent d’une certaine sévérité dans le regard porté les uns sur les autres, comme si la fraternité chrétienne elle-même était reléguée au second plan. Les tensions entre chrétiens éprouvent durement le Peuple de Dieu. La violence s’immisce fréquemment au sein des relations fraternelles mais aussi dans l’exercice de l’autorité. L’autorité est faite pour aider à grandir, pour garantir la paix et susciter la fraternité. Il est normal qu’elle soit aussi amenée à sanctionner et à faire justice. Mais, d’une part, bien souvent, renoncer à nos options individuelles pour élargir notre regard et accepter une décision qui cherche à favoriser le bien commun implique une frustration difficile à accepter ; l’individualisme prégnant qui nous marque tous, n’aide pas à déplacer nos points de vue. Et, d’autre part, dans un monde où tout semble devoir aller vite, ceux qui ont une responsabilité sont tentés de ne pas assez tenir compte de l’ensemble de ceux sur qui leur autorité doit s’exercer. De réelles brutalités peuvent alors se produire, tant de la part du clergé que de la part de laïcs investis de telle ou telle responsabilité dans l’Église (à commencer par les pères ou mères de familles !).

Parfois, c’est aussi la communauté qui se laisse entraîner dans la désignation d’un bouc émissaire : « c’est à cause de gens comme vous que les églises se vident », « depuis qu’un tel est là, l’ambiance n’est plus la même », « celle-là, elle a toujours besoin de se mettre en avant »… Des catholiques qui n’ont pas les mêmes options politiques ni les mêmes sensibilités liturgiques s’opposent parfois rudement. Face à de tels atavismes, l’Évangile nous appelle à changer de comportement. « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés » (Mt 7,1 // Lc 6,37) ; « Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. » (Mt 5,22) Je suis peiné chaque fois que je reçois des lettres reprochant quelque chose à quelqu’un sans même que celui-ci le sache ni n’ait été interpelé directement par celui qui se plaint. La correction fraternelle est ainsi remplacée par la délation fraternelle, ce qui n’est pas conforme à l’Évangile : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère ». (Mt 18,15)

Jésus était annoncé comme celui qui va « faire revenir le cœur des pères vers leurs fils » (cf. Ml 3,24, Si 48,10, Lc 1,17). Et, comme dans notre société où l’on reproche aux élites d’être loin du peuple, nous pouvons observer dans l’Église le phénomène du besoin de père associé à un rejet du père. Nous sentons bien que la paternité est une dimension de notre humanité et de notre spiritualité à redécouvrir et à ajuster. Retrouver le courage d’affronter les problèmes, de surmonter la confusion entre obéissance et veulerie, en sachant susciter de vrais débats dans nos groupes de chrétiens est un défi très actuel. Le relever en s’appuyant sur l’Évangile sera non seulement notre honneur de baptisés, mais aussi un des grands services que nous avons à rendre à la société contemporaine.

« Voyez comme ils s’aiment » disait un père de l’Église à propos des premiers chrétiens (Cf. Tertulien Apologétique, n. 39 § 7). L’Église n’atteint les objectifs de sa mission que lorsque l’amour de charité s’accroît en elle et rayonne autour d’elle. Saint Jean-Paul II écrivait qu’avant même d’être une action, la mission de l’Église est un témoignage et un rayonnement (Cf. Redemptoris missio, n. 26). Ce rayonnement fait du bien à tout le monde s’il est vraiment celui de l’amour fraternel. Ce n’est pas pour rien si Jésus envoie ses disciples deux par deux : c’est pour qu’ils vivent cet amour fraternel dont il ont à témoigner.

Car il s’agit bien d’amour. Il s’agit donc tout à la fois du bonheur d’être ensemble, d’un échange de dons, que d’une tendresse partagée, une attention réciproque. L’amour est un mouvement du cœur, le mouvement du cœur des pères vers les fils et des fils vers leurs pères, le mouvement du cœur des frères et des sœurs les uns vers les autres, le mouvement du cœur vers les plus pauvres, vers les plus proches comme vers ceux dont il reste du chemin à faire pour se rapprocher, comme le fait le bon samaritain (Cf. Lc 10,33-35). Ce mouvement est exactement le contraire de l’individualisme et du repli sur soi dont la tentation nous est si forte. On peut pardonner beaucoup de choses à ceux qui ont l’autorité, dans la société comme dans l’Église, les erreurs, les maladresses, les excès en tous genres, mais il est très difficile de leur pardonner l’insensibilité envers ceux qu’ils prétendent servir. Ne plus avoir de vin, c’est peut-être surtout avoir le cœur sec, aigri, étouffé par l’égoïsme et l’indifférence. Le grand commandement de l’amour qui est au centre de la Révélation est aussi un grand facteur d’espérance car, si Dieu nous demande d’aimer, il nous en a donné à tous la capacité.

Prendre soin de nos liens.

Il me semble que notre Église diocésaine doit porter une attention renouvelée à nos liens les uns avec les autres. Prendre soin de nos liens est une priorité pour l’Église. Car nous avons de nombreux liens, de nombreux conseils, groupes, équipes, assemblées, communautés, fraternités… Nous avons aussi beaucoup d’autres liens avec des personnes qui ne se reconnaissent pas forcément dans la foi chrétienne. Et nous sommes aussi en lien avec toute la création. « Tout est lié » a rappelé le pape François dans Laudato si. Tous nos liens sont précieux et nous sommes capables de faire quelque chose pour les protéger et les renouveler. « Remplissez d’eau les jarres » (Jn 2,7) dit Jésus aux serviteurs de Cana. S’il n’y a plus de vin, il reste de l’eau. Cette eau est ce que nous sommes encore capables de donner.

La société contemporaine est très sensible au « prendre soin » ou « take care » en anglais. Cette terminologie évoque une attitude pas seulement technique mais plutôt un mouvement du cœur en direction des autres. Ce « prendre soin » implique de savoir prendre du temps pour les autres, avec empathie, en recherchant ce qui nous est commun par-delà les divergences, avec persévérance et fidélité, en respectant la liberté de chacun pour que la relation n’enferme pas (entre soi) mais en élargissant nos cercles, en travaillant à la résolution des conflits, en cultivant reconnaissance et gratitude… Tout ceci est bien connu dans notre société. Les manuels de développement personnel en sont pétris, les divers coaching relationnels s’appuient sur de tels principes. Et tout cela ne contredit en rien l’Évangile, bien au contraire. Ces préconisations nous arrivent, en grande partie, du protestantisme américain. Et il est, par ailleurs, bien probable que le désir de qualité dans les relations, éprouvé par beaucoup de nos contemporains, soit inspiré par l’héritage de la culture chrétienne.

Les meilleurs guides du « prendre soin de nos liens sociaux », ne disposent pourtant pas du recours à la prière qui est le réalisme le plus puissant au service de tels idéaux. Car, en vérité, nul ne parvient par ses seules forces à aimer durablement de façon juste et pure sans la grâce que donne le Seigneur. Croire le contraire serait une forme de pélagianisme, tel que celui dénoncé par le pape François dans « La joie et l’allégresse » où il identifie ce risque « quand certains groupes de chrétiens accordent une importance excessive à l’accomplissement de normes, de coutumes ou de styles déterminés. De cette manière, on a l’habitude de réduire et de mettre l’Évangile dans un carcan en lui retirant sa simplicité captivante et sa saveur. » (La Joie et l’allégresse n°58). Tout ne dépend pas de l’effort humain et nous devons éviter de compliquer l’Évangile en le schématisant trop.

Mais cet effort humain pour des liens sociaux de qualité est l’eau que Jésus demande de verser dans les jarres. Ces jarres de pierre servaient aux rites de purification (Cf. Jn 2,6). Verser notre eau, nos petits efforts, dans ces jarres, n’est-ce pas remettre nos efforts humains entre les mains de Dieu pour qu’il purifie nos intentions et l’imperfection de notre amour fraternel et redonne ainsi sa saveur à notre vie et de la vigueur à nos liens ? Car il serait voué à l’échec de compter sur la prière et la grâce divine sans mettre de l’énergie à verser notre eau dans les jarres, c’est-à-dire sans un travail sur soi qui accueille les points d’attention que l’Évangile nous enseigne à travers le modèle de Jésus. Nous trouvons, en contemplant le Christ dans ses évangiles, le modèle de ses attitudes d’écoute, de sa simplicité, de la gratuité de sa manière de donner et sa gratitude envers son Père, de l’encouragement envers ceux qui expérimentent leurs faiblesses, de son respect de la liberté de chacun ainsi que la chasteté dans ses relations, de son ouverture à la diversité quand il guérit aussi les païens et nous envoie dans le monde entier.

Méditer en commun les Évangiles est infiniment précieux pour progresser ensemble vers des vérités plus élevées. Les réflexions occasionnées par le synode sur la synodalité ont mis en évidence assez souvent ce lien profond entre écoute contemplative de la Parole de Dieu et conversion de nos liens en Église et avec la société contemporaine. J’ai déjà évoqué, dans ma précédente lettre pastorale, l’enjeu de la formation permanente des baptisés et de la relecture pour « avancer avec Jésus et se laisser transformer ». Cette formation est à la fois un effort et une mise à la disposition de la grâce divine pour que Jésus transforme notre eau en vin.

Je souhaiterais que dans notre diocèse nous poursuivions nos efforts pour que les liens entre nous et avec le reste de la société deviennent plus évangéliques. Prenons quelques exemples où nous sommes engagés et où des projets sont en cours :

> Nous devons travailler davantage les liens entre les différents conseils du diocèse et des paroisses : une journée est prévue à cet effet le 5 octobre 2024, dans la dynamique de la démarche synodale lancée par le pape François sur la « synodalité » c’est-à-dire l’art de marcher ensemble en Église pour le service de la Mission. Il serait bon, en outre, de communiquer davantage sur ce que vivent et décident les différents conseils et services du diocèse, afin que tous comprennent mieux les orientations diocésaines, en lien avec la vie de toute l’Église, des autres croyants et de notre monde.

> En septembre 2023, nous avons promulgué la charte de bientraitance pour tous ceux qui sont engagés dans la pastorale auprès des mineurs et de personnes vulnérables. Cette charte est un jalon qui manifeste, entre autres, notre attention à lutter contre toutes formes de violences dans nos liens, spécialement avec les plus fragiles. Une formation en ligne a aussi été proposée, ainsi que diverses journées de sensibilisation. C’est un travail de longue haleine rendu d’autant plus nécessaire après le rapport de la CIASE. Notre cellule d’écoute est disponible et facile d’accès à partir du site du diocèse et nous recommandons par ailleurs aux victimes, lorsque les procédures judiciaires sont épuisées, de recourir à l’INIRR (Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation) mise en place et financée par les diocèses de France.

> Le lien conjugal est, évidemment, le lien par excellence à soigner. Aussi, un travail est en cours pour renforcer la préparation au mariage et harmoniser ce qui se fait dans les différents doyennés et paroisses, en articulant des rencontres individuelles avec le prêtre ou le diacre qui célèbre le mariage et d’autres rencontres, en groupes, avec des couples témoins expérimentés. Se pose aussi la question du soutien des couples après le mariage, ainsi que des moyens à développer pour l’éducation affective, relationnelle et sexuelle des plus jeunes, si exposés aux caricatures de l’amour qui foisonnent sur l’internet.

> Nous poursuivrons le développement des petits groupes de partage, des fraternités locales missionnaires et de toutes autres manières d’avancer ensemble que j’ai déjà encouragés dans plusieurs de mes lettres pastorales. Cultiver le dialogue entre nous est vital pour ne pas nous laisser dominer par les algorithmes des moteurs de recherche et autres Intelligences Artificielles qui font aujourd’hui partie de notre quotidien. Ces algorithmes incitent toujours à accentuer nos préférences et nous replient ainsi sur nous-mêmes, freinant la créativité qui, à l’inverse, est favorisée par un dialogue inter-personnel sous la motion de l’Esprit Saint.

> Nous poursuivrons un travail sur la compréhension mutuelle des différentes vocations. L’articulation entre évêque, prêtres, diacres et fidèles-laïcs est à soigner. Une réflexion est amorcée sur le devenir de la vie religieuse dans notre diocèse où les communautés sont plutôt vieillissantes : est-ce le moment d’accueillir une communauté venant d’un autre pays ? pour répondre à quels besoins ? avec quels moyens et quelles attitudes d’accueil par les fidèles ?

> Sur le plan des « ressources humaines », un audit a déjà été réalisé à l’échelon diocésain, pour mieux préciser les fonctions des salariés. Par ailleurs, dans la perspective d’un futur recrutement d’un économe diocésain, celui qui assume aujourd’hui cet office approchant de l’âge de la retraite, un audit sur la gestion matérielle va être réalisé en décembre. Avec les prêtres, malgré un planning contraint qui freine parfois cela, j’essaie d’avoir des entretiens réguliers et je réponds toujours positivement si l’un d’entre eux veut me rencontrer. J’invite aussi les prêtres à être toujours à l’écoute de leurs paroissiens et aux paroissiens à ne pas hésiter à solliciter leurs prêtres pour éclaircir tel ou tel point qui pourrait leur sembler problématique dans la vie de leur paroisse. De même, les laïcs qui ont une mission dans le diocèse et la paroisse ont droit à notre sollicitude attentive, à des entretiens réguliers pour relire et évaluer leur mission. Dans notre diocèse, une trentaine de prêtres sont aujourd’hui dans un ministère actif, nous avons aussi 9 diacres permanents et 17 laïcs bénévoles ou salariés ont une lettre de mission de l’évêque. Je n’ai pas de chiffre sur le nombre de bénévoles ayant reçu de leurs curés des missions dans les paroisses, cela doit bien faire quelques centaines. Prendre soin de ceux qui servent l’Église est essentiel.

Prenons soin de tout ce monde, prenons soin les uns des autres et prenons soin des liens entre nous, au nom du commandement de la charité fraternelle qui « prend patience ; rend service ; ne jalouse pas ; ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; ne fait rien d’inconvenant ; ne cherche pas son intérêt ; ne s’emporte pas ; n’entretient pas de rancune ; ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais trouve sa joie dans ce qui est vrai ; supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout. » (Cf. 1 Co 13,4-7). N’oublions pas non plus de vivre ce « prendre soin » dans la prière, car si Jésus ne change pas notre eau en vin, notre communauté diocésaine manquera de saveur ! Le vin que Jésus tirera de notre eau sera très bon, il sera meilleur que le nôtre (Cf. Jn 2,10).

Le modèle de la Vierge Marie.

Pour prendre soin de nos liens, nous avons un atout merveilleux : la bienheureuse Vierge Marie. Cela fait partie de sa mission maternelle que d’éduquer ses enfants à la relation. Quelle meilleure formatrice pourrions-nous trouver ? Sans elle, Jésus lui-même n’aurait pas pensé à rendre sa joie aux noces de Cana. Elle intercède pour nous auprès de son fils et elle est un exemple. Nous pouvons compter sur sa prière et sa douce patience maternelle.

A l’Annonciation, Marie est disponible à la parole de l’ange : « qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1,38). En écho à ce que dit Jésus sur ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique (Cf. Lc 8,21), la liturgie dit de Marie qu’elle est le « modèle du cœur qui écoute ». Mais son obéissance n’a pas été sans question : « comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? » (Lc 1,34). Marie est donc une femme qui a le sens des réalités. Mais elle est également capable de se laisser déplacer, de renoncer à ses projets initiaux d’union conjugale avec Joseph, en écoutant jusqu’au bout le message de l’ange et sa promesse de l’action extraordinaire de l’Esprit Saint : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre » (Lc 1,35). Sans démissionner a priori de ce qui aurait pu dépendre de ses actes, elle apprend ici à laisser toute la place à l’action de Dieu. Accueillir l’enfant en son ventre, le porter et le laisser s’alimenter en elle, puis lui donner naissance et le nourrir sera sa responsabilité de femme. De même, la venue du Christ en ce monde par l’intermédiaire de l’Église ne dépend pas essentiellement d’initiatives humaines, mais elle est tout aussi conditionnée par des actions humaines que la gestation d’un enfant dépend de l’implication physique, psychologique et spirituelle de sa mère.

Accueillir le Christ qui est en chaque frère et chaque sœur, spécialement les plus petits d’entre nos frères (cf. Mt 25), demande une implication semblable à celle d’une mère portant et faisant naître son bébé. Cela suppose d’accepter l’autre et de lui accorder du temps, même si cela contrarie nos projets initiaux. Cela suscite également un regard surnaturel sur l’autre, le voir comme un envoyé du Seigneur : « il sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1,35). Savons-nous voir chacune des personnes avec qui nous avons des liens avec un semblable regard surnaturel ? Voir en l’autre un don de Dieu pour nous ? Le regarder comme un fils ou une fille de Dieu ? La Vierge Marie a impliqué tout son être de chair dans cet accueil du mystérieux enfant annoncé.

Marie avait deviné que sa vieille cousine Élisabeth avait besoin de soins particuliers. Enceinte à un âge avancé, n’avait-elle pas besoin de soutien ? « Marie partit en hâte » (Lc 1,39) pour contempler en sa cousine l’œuvre de Dieu annoncée par l’ange, mais aussi pour l’assister. Pour comprendre qui serait son propre fils, Marie a dû écouter le témoignage d’Elisabeth en qui l’embryon de saint Jean-Baptiste avait tressailli comme pour confirmer que c’était bien le Christ qui s’avançait vers lui dans le ventre de Marie (Cf. Lc 1,43-44). A la Visitation, Marie ne pouvait encore se rendre compte physiquement qu’elle était enceinte, mais très vite, elle pourra en percevoir les signes dans son corps : nausées, aigreurs d’estomac, ballonnements, poitrine gonflée. Nos relations fraternelles produisent toujours aussi des signes plus ou moins agréables, de petits malaises en cas d’incompréhensions mutuelles. On dit quelquefois que telle ou telle personne nous gonfle de colère. Parfois, on voudrait fuir la relation dès qu’elle devient un peu gênante. Il ne s’agit sans doute pas de tout accepter ni de subir, sous un mode doloriste, les caprices, les vexations ou les injustices. Mais nous pouvons accepter que tout ne va pas de soi et qu’il convient de s’exercer à comprendre nos frères, d’apprendre à leur faire les reproches nécessaires sans les humilier, selon le principe déjà mentionné de la correction fraternelle (Mt 18,15). La liberté dans nos relations dépend aussi de cette épreuve de la vérité entre nous, de cette capacité à nommer les choses avant qu’elles ne pèsent trop.

Remarquons ensuite que, de même que le corps de la femme qui va enfanter se prépare à nourrir le bébé, la relation aux autres déploie en chacun de nous des capacités nouvelles. Elle stimule notre générosité et nous rend capables de belles choses que, seuls, nous n’aurions jamais réalisées. Et Marie aurait-elle pu chanter le Magnificat si elle n’avait pas commencé à deviner ou même à sentir dans sa chair, qu’un enfant se formait et qu’elle allait le nourrir ? Le Seigneur a fait pour elle « de grandes choses », il « élève les humbles, il comble de biens les affamés » (Lc 1,49.52-53) chantait-elle.

On insiste peut-être trop souvent sur les renoncements qu’a dû vivre la Vierge Marie. Or, il est bon de contempler également sa joie. Regardons le bonheur qui est venu habiter Marie. Considérons de quelle façon le Seigneur l’a fait exulter de joie, l’a élevée et l’a comblée de biens. Son épanouissement humain n’a pas été moindre par-delà ses renoncements. Car l’humble obéissance au Seigneur est ce qui rend le plus libre et le plus heureux. La fidélité dans nos liens humains, si elle correspond à la volonté de Dieu, apporte toujours une grande joie et elle fait grandir les humbles. De même, surmonter des conflits par le dialogue donne naissance à des expériences insoupçonnées, à une connaissance plus élevée du projet de Dieu et de sa bienveillance envers nous.

Après la nativité, en présentant Jésus au Temple, Marie montre comment sa relation avec son enfant n’est pas fusionnelle. Elle ne s’approprie pas l’enfant qui lui a été donné mais qui est à Dieu, elle laisse le vieillard Syméon le prendre dans ses bras. Elle apprend alors que son fils « sera la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et un signe de contradiction » et qu’elle-même aura « l’âme transpercée d’un glaive » (Lc 2,34-35). Tout cela annonce à la fois l’étendue de la mission de Jésus et son passage mystérieux par la croix. Au pied de la croix, Marie goûtera ce qui vient de lui être prédit, mais elle y recevra aussi le sens ultime de sa vocation maternelle qui, désormais, s’étendra à tous les disciples de Jésus, tous ceux qu’il aime, tous ceux pour qui il a donné sa vie : « femme voici ton fils » et au disciple, « voici ta mère » (Jn 19,26-27). Un lien nouveau est ici établi de façon durable entre la mère de Jésus et tous les humains qui voudront bien la prendre chez eux, à l’exemple du disciple bien-aimé.

Pour prendre soin de nos liens, dans les moments simples et heureux comme dans les moments de crise, nous pourrons compter sur la présence maternelle de la bienheureuse Vierge Marie. Sans doute, Marie « défait des nœuds » selon une dévotion qui se répand, mais aussi, elle répare nos liens et nous apprend à en prendre soin. Son intervention aux noces de Cana est significative à ce sujet. En alertant Jésus du manque de vin (Jn 2,3), elle initie la prolongation de la fête du lien entre les époux qui est aussi la fête de toute une communauté reliée par cet heureux événement. L’eau changée en vin est sans doute le signe de la qualité festive des liens que nous sommes appelés à cultiver au sein de l’Église, en vue de participer au repas des noces de l’agneau. Nous avons à faire quelques efforts pour bien vivre et développer nos liens, mais seul Jésus a le pouvoir de les purifier et d’en faire une fête réussie, pleine de saveur et promise à la joie des noces éternelles.

Fait à Rocamadour, le 15 août 2024

+ Mgr Laurent Camiade
Evêque de Cahors

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