Rameaux et Passion du Seigneur

Dimanche 2 avril 2023.

 Homélie de Mgr Laurent Camiade :

Mes frères,

Nous sommes entrés dans la semaine sainte en célébrant l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et en écoutant la lecture de sa Passion. Tout le paradoxe de la vie chrétienne s’exprime dans ce double chemin du triomphe et de la croix. La Gloire et la croix. Voilà toute la vie du Christ.

Au moment de sa mort, le voile du Temple se déchire en deux (cf. Mt 27,51). Cela veut dire que ce qui interdisait aux hommes de voir la présence de Dieu est déchiré, désormais, Dieu s’est pleinement révélé à nous. Sa croix a été la manifestation la plus exacte de son amour pour nous, de ce jusqu’où Dieu était capable d’aller. Dieu seul pouvait choisir ainsi une voie d’abaissement radical pour rejoindre l’humanité dans sa misère la plus profonde, celle du péché, de la souffrance et de la mort, afin de l’en sauver. Sur la croix, Jésus nous a tout dit de Dieu. Plus nous regardons la croix, plus nous comprenons qui est Dieu. Si notre foi chancelle, regardons la croix, méditons la Passion de Jésus. Comment ces événements, ces attitudes, ces paroles et ces actes de Jésus pourraient-ils être une construction humaine ? Cela ne peut pas être une illusion. On ne donne pas sa vie ainsi pour faire illusion ni pour tromper son monde. Non, il n’y a que l’amour infini de Dieu qui pouvait faire cela.

« Voici que le rideau du sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas » (Mt 27,51), avons-nous entendu. C’est bien d’en haut que vient cette déchirure, ce n’est pas une initiative humaine, c’est Dieu qui agit et, d’en haut, rejoint notre bassesse, d’en-haut, vient faire connaître la hauteur de son amour pour nous. Sur le Golgotha, les railleurs se refusaient à regarder la croix et à voir le Christ mourir, ils refusaient de croire que Dieu était de nature à donner sa vie ainsi : « Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descend de la croix ! » (Mt 26,40) Leur image de Dieu est complètement fausse. Ils pensent que Dieu n’est pas assez puissant pour traverser ainsi la mort des hommes. Il pensent qu’Il n’est pas capable d’aimer les hommes à ce point, au point de se sacrifier lui-même pour sauver les pécheurs que nous sommes. Non, vraiment, ils ne connaissent pas Dieu ! Il n’ont pas voulu comprendre non plus de quel sanctuaire Jésus parlait et ils déforment ses propos car il n’avait pas dit qu’il détruirait le sanctuaire mais que ce seraient eux, ses accusateurs, qui le détruiraient : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » (Jn 2,19)

Mes frères, regardons Jésus en croix, osons croire qu’il a vraiment donné sa vie par amour pour nous car il est Dieu, Fils Dieu et que son amour pour nous est capable de faire cela et que notre foi en Lui connaît par lui, désormais qui est Dieu vraiment. Il n’y a plus besoin d’un voile de sanctuaire pour donner une idée de son mystère et de sa transcendance car, désormais, « nous avons vu sa Gloire » (Jn 1,14).

Regardons la croix, portons la croix dans nos cœurs et, pourquoi pas, autour de nos cous, gardons ou remettons des crucifix dans nos maisons, aux carrefours de nos routes et partout où cela sera possible. Et quand nous nous levons le matin, pourquoi ne pas commencer par faire un beau signe de croix, pour poser un acte de foi et nous mettre sous la protection du Seigneur ?

La croix de Jésus révèle l’amour infini de notre Dieu et même s’il nous arrive de douter, arrêtons-nous devant ce mystère et prions l’Esprit Saint de nous aider à aimer ce mystère, à voir vraiment dans la croix du Christ, la Gloire de Dieu.

Amen.

+ Mgr Laurent Camiade
Evêque du diocèse de Cahors

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