Pèlerinage diocésain à Lourdes / Messe internationale

Mercredi 26 avril 2023

 Homélie de Mgr Laurent Camiade :
1 Co 3,9c-11.16-17 ; Ps 83, 3,4,5.10,11abc ; Lc 6,43-49

Mes frères,

« L’Esprit de Dieu habite en vous », c’est ce que dit saint Paul et nous osons croire en cette Parole, nous le savons bien, depuis que nous avons été baptisés et plus encore depuis notre confirmation, nous savons que l’Esprit de Dieu habite en nous et que nous sommes invités à le laisser remplir de joie chaque moment de notre vie.

Ici à Lourdes, lors de la treizième apparition, le 2 mars 1858, Bernadette a reçu cette consigne : « Allez dire aux prêtres que l’on bâtisse ici une chapelle et que l’on y vienne en procession ». La question que nous pouvons nous poser est : quel est le sens d’une telle demande ? Pourquoi bâtir une chapelle quand il y en a déjà tant et tant de par le monde ? N’est-ce pas justement parce que l’Esprit de Dieu habite en nous ? N’est-ce pas pour nous aider à comprendre en profondeur, que Dieu se rend présent là où nous sommes ? Il ne se contente pas de nous attendre dans les églises chaque dimanche, ou de nous attendre à Lourdes pour notre pèlerinage, mais il se fait proche de nous et il rejoint les lieux où nous vivons. Et parce que nous aurons construit ici, là où nous vivons, un lieu de prière, même si ce n’est qu’un petit oratoire dans notre chambre ou un coin-prière dans la maison, le Seigneur nous appellera sans cesse à avancer davantage vers lui, à nous rassembler pour témoigner de sa lumière, comme le manifestent nos processions et nos rassemblements d’Église.

On dit que beaucoup de gens ont perdu aujourd’hui le chemin de l’Église et nous voyons bien que les messes dominicales font rarement le plein. Mais il me semble que si beaucoup ne voient pas l’intérêt de se rassembler pour offrir leur vie dans l’eucharistie, c’est parce qu’ils n’ont pas réalisé, ils ont oublié —ou on ne leur a jamais ouvert le cœur à ce mystère, que Dieu le premier est venu nous rejoindre là où nous sommes. C’est ce dont témoigne la Vierge Marie quand elle est venue se manifester à Bernadette là où elle vivait, dans le creux d’une grotte obscure, dans la boue de « la Tute aux cochons ».

Je pense, par exemple, aux malades, aux enfants ou aux adultes handicapés ou encore aux personnes très âgées, tous ceux qui n’ont pas toujours une reconnaissance sociale bien visible et à qui on laisse entendre, trop souvent, qu’ils ne comptent pas, que leur vie serait un poids pour la société ou qui, eux-mêmes, se sentent inutiles et en souffrent. Si chacun de nous, en réalité, pouvait se souvenir que l’Esprit de Dieu habite en moi, et par conséquent, ma vie a du prix aux yeux de Dieu et ma maladie, mon épreuve comme aussi tel ou tel moment heureux, peut être le lieu où se bâtit une chapelle, le lieu où Dieu veut que l’on vienne en procession et où Il se révèle à tous, cela changerait bien des choses. Et c’est pourtant bien ce qui se passe, quand on est faible, vulnérable, malade, beaucoup de personnes viennent vers nous en une sorte de procession spontanée, pour nous soigner, pour nous dire qu’elles pensent à nous, pour méditer aussi avec nous sur ce mystère de la fragilité humaine où Dieu lui-même a voulu habiter en s’incarnant et en traversant sa passion, sa croix et jusqu’au tombeau. Il n’est pas si facile —c’est une grâce—, de réaliser que c’est justement là, à ce moment de notre vie qui peut être le lieu de notre souffrance, que Dieu veut habiter. Pour prendre conscience de cela, nous avons besoins de la Parole du Christ, de l’écouter et de la mettre en pratique. Alors, nous construisons la maison de notre existence sur des fondations solides et nous porterons de bons fruits, les fruits de l’Esprit qui sont amour, joie, paix, bonté, amitié…

Mes frères, que Notre-Dame nous obtienne aujourd’hui et en chaque instant de notre vie de nous rappeler que Dieu veut habiter chez nous et qu’il nous invite à offrir avec lui et avec toute l’Église cette existence qu’il nous a donnée en vivante offrande à sa gloire. Amen.

+ Mgr Laurent Camiade
Evêque du diocèse de Cahors

Photographies : Pierre-Emmanuel de l’agence Estève Communication

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