Célébration de réparation

Caniac du Causse.
16 Juillet 2022

Messe du Très Saint-Sacrement, Missel Romain pages 1166-1167

Lectures (lectionnaire rituel) :

- Hébreux 9,11-15 LR pp. 1402-1403
- Psaume 115 (LR p. 1399), R/. Bénis soient la coupe et le pain où ton peuple prends corps !
- Evangile Marc 14,12-16.22-26, LR pp. 1405-1406

 Homélie de Mgr Laurent Camiade :

Quand une église est profanée, ou même simplement cambriolée et lorsqu’il y a une atteinte au Très Saint Sacrement, nous, les catholiques, nous nous sentons profondément blessés.

Dans la lettre aux Hébreux, nous lisons que le vrai Temple de la nouvelle Alliance, c’est le corps du Christ lui-même. Son corps humain est profondément habité et uni à la divinité. Son corps rendu présent dans l’eucharistie est le Temple par excellence, le lieu et le moyen de notre rencontre avec le Seigneur. Le corps du Christ est monté aux cieux depuis l’ascension, mais il ne cesse de venir à nous dans le Très Saint Sacrement. C’est notre grande joie. Sa présence nous permet d’offrir en union avec son sacrifice sur la croix tout ce qui fait nos vies, tout nous-mêmes et toutes les personnes à qui nous sommes liés, pour qui nous voulons offrir notre participation à la messe. Alors, oui, quand l’eucharistie est profanée, nous sommes atteints au cœur de notre vie de foi.

Le Christ Jésus a livré sa vie pour nous une fois pour toutes sur la croix. Il n’a pas craint d’être malmené par les impies, par tous ceux qui « ne savent pas ce qu’ils font  ». «  Père  », dit-il sur la croix, « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Notre célébration de réparation prend sa place ici, précisément, dans ce « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Nous unissons nos cœurs dans ce mouvement du Christ sur la croix qui consiste à se livrer par amour pour les pécheurs, d’offrir sa vie au Père pour ceux qui nous blessent, que ce soit par ignorance ou en voulant consciemment blesser le Christ en blessant le Corps du Christ qui est l’Église et qui est présent dans le sacrement de son Corps et de son Sang.

Il nous est bon, en cette circonstance, de nous replonger dans notre foi eucharistique, d’avoir entendu de nouveau le récit de l’institution dans l’Évangile de saint Marc. On y voit d’abord Jésus mettre à contribution ses disciples, ils doivent « faire les préparatifs ». Une messe se prépare, une église se prépare pour accueillir le Christ dans l’eucharistie. De nombreux chrétiens aujourd’hui s’impliquent dans la préparation des messes, font en sorte que l’église soit propre et accueillante, prévoient des chants en lien avec le célébrant, et même ces objets pour le cultes (calices, patènes, ciboires, reliquaires) qui ont été volés, ils viennent des dons généreux des fidèles. Ces gestes et ces signes concrets, visibles, qui par la beauté montrent que nous croyons en la présence du Seigneur sous les espèces du pain et du vin, sont les « préparatifs » que le Seigneur a demandé à ses disciples et qu’il attend aussi de nous-mêmes.

Bien sûr, cela est authentique si nous préparons aussi nos cœurs en préparant les rites et les lieux pour la messe. Aujourd’hui spécialement, nous avons à « réparer » par un acte de foi et de confiance renouvelée en l’amour du cœur de Jésus. Car le cœur Christ, dans son immense amour, n’a pas eu peur de saigner pour sauver les pécheurs que nous sommes. Peut-être avons-nous conscience que même si nous n’aurions pas cambriolé le tabernacle, nous n’avons pas toujours mis assez de ferveur dans notre relation à l’eucharistie… ainsi nous sommes solidaires de ceux qui nous ont choqués car nous aussi, nous avons une foi fragile, parfois notre façon d’agir est en contradiction avec ce que nous croyons. Et après avoir communié, sommes-nous toujours guidés par l’amour dans tout ce que nous faisons ou bien profanons-nous aussi nos relations, nos pensées, nos actes ou nos lâchetés ?

Dans le temps d’adoration qui suivra la messe, nous pourrons demander au Seigneur ce renouveau de notre foi pour que nous en soyons davantage témoins. C’est vrai qu’aujourd’hui nous voyons bien que la foi semble se perdre. Beaucoup de gens s’éloignent de l’Église ou n’en ont jamais été proches. Tant de jeunes n’ont même pas été au catéchisme. Pas étonnant que les vases sacrés deviennent simplement des objets de convoitise, qu’ils ne sont regardés que pour leur valeur marchande. Même si nous ne pouvons pas, par nos propres forces, inverser des tendances aussi lourdes, nous devons au moins essayer. Le jour où nous paraîtrons devant le Seigneur, nous pourrons au moins lui dire, j’ai fait ce que j’ai pu ! Pour cela, notre foi doit rester vive, ne pas céder à « l’à quoi bon ? » qui est une tentation diabolique.

Nous ne mesurons jamais le fruit que peut porter un acte de foi. Le Christ ne demande que notre foi, une foi qui se traduit par des actes, mais d’abord notre foi en Lui, en la force de sa grâce, en la grâce contenue dans sa présence quand Il se donne à nous. S’arrêter un moment devant le mystère de l’eucharistie c’est régénérer nos forces spirituelles, les mobiliser et les laisser grandir en contact avec le Seigneur qui est présent. Lui seul peut sauver les pécheurs que nous sommes, Lui seul peut toucher le cœur des bandits et des profanateurs et leur donner la grâce du repentir.

Regardons-le et laissons-le agir en nous. Laissons-le infuser en nous son amour pour qu’il mette le feu au monde et lui donne l’ardeur de la foi.

+ Mgr Laurent Camiade
Evêque du diocèse de Cahors

*****

Temps d’adoration silencieuse.

Prière de réparation :

Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime
et je vous demande pardon
pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas
qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas.
Très sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit
je Vous adore profondément et je Vous offre
les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ
Présent dans tous les tabernacles de la terre
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences
par lesquels Il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie
je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

(Prière de l’ange de Fatima)

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