Bénédiction de l’église des Récollets à Saint-Céré

Dimanche 7 mai 2023 - 5° dimanche de Pâques

Mes frères,

L’évangile de ce 5° dimanche de Pâques nous invite à approcher du cœur de la mission de Jésus. Sa mission est de nous révéler le Père, mieux, de nous faire connaître le Père. C’est la raison d’être de toute la vie terrestre de Jésus.

Connaître, dans la bible, ce n’est pas seulement avoir entendu parler de quelqu’un, c’est l’avoir rencontré et avoir vécu quelque chose avec lui. C’est avoir fait l’expérience d’une rencontre qui nous a marqué et qui nous permet vraiment de savoir qui est cette personne. Ce que le Fils de Dieu, en s’incarnant, est venu apporter aux hommes, c’est une expérience de Dieu, une connaissance intime et bouleversante du Père.

Si c’est une expérience, la décrire avec des mots ne sera jamais vraiment suffisant. Chacun n’y a accès qu’à partir de ce qu’il est, de la manière dont lui-même s’est investi dans cette rencontre du Père. Pourtant, nous pouvons partager nos expériences de Dieu et cela nous enrichit et nous permet aussi, les uns par les autres, de grandir dans la connaissance de Dieu. Ainsi, ce passage de l’Évangile s’est terminé par cette affirmation : « celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père ». Nous pouvons comprendre que parce que la présence de Jésus dans l’histoire des hommes est limitée dans le temps, son action de faire connaître le Père va se prolonger encore, mais à travers ceux qui croiront en lui et qui sauront justement partager leur connaissance de Dieu le Père, qui sauront agir, à la suite de Jésus, selon le style et le dynamisme de l’amour divin. Ainsi, nous sommes appelés à faire des œuvres toujours plus grandes que celles que Jésus a faites, des œuvres qui révèlent qui est le Père, des œuvres qui le font connaître. C’est la mission de l’Église de continuer l’œuvre du Fils de Dieu et de faire connaître le Père à tous les hommes.

Comment pouvons-nous décrire le Père, selon ce que Jésus nous en a révélé ?

Si nous regardons les œuvres de Jésus comme il invite à le faire, nous voyons d’abord la caractéristique du style de Dieu qui est la proximité, spécialement envers les pauvres et les malades. Jésus, en effet, sans cesse se fait proche des plus petits, des exclus de son temps et il guérit les malades. Cela nous montre que Dieu le Père ne se désintéresse pas de nous, bien au contraire, il s’approche de nous, il a envoyé son Fils pour nous faire expérimenter sa présence et sa proximité avec nous. Cette proximité est pleine de compassion, de douceur et de tendresse. Dans nos vies, n’avons-nous pas senti à plusieurs reprises cette proximité de Dieu, soit en éprouvant le sentiment de sa présence, la force qu’il nous a donnée dans des moments de faiblesse, la joie de recevoir sa bénédiction, la grâce du baptême et des autres sacrement qui sont des étapes marquantes de nos vies… au centre de l’autel du retable de cette chapelle, est représentée la vertu de charité : chaque fois que la charité a été exercée envers nous par des frères et sœurs, n’avons-nous pas expérimenté cette proximité de Dieu qui est l’amour et la source de tout amour ?

Les œuvres de Jésus consistent également à appeler des disciples à marcher à sa suite. Il dit dans l’évangile qu’ils auront à faire des œuvres plus grandes encore que les siennes, cela veut dire qu’il compte sur nous, qu’il veut nous donner une place dans son œuvre de salut. Le début du texte entendu ce matin nous le dit aussi quand Jésus promet à ses disciples qu’il part leur préparer une place dans la maison de son Père. Dieu est le Dieu qui fait place aux autres, qui veut que chacune de ses créatures ait sa place auprès de Lui. Il n’est pas un père-castrateur qui écrase et détruit ses enfants, il n’est pas un pervers narcissique qui cherche la toute-puissance et la destruction de tout ce qui s’oppose à ses caprices, mais bien au contraire, un père-éducateur, un père qui fait grandir, qui appelle chacun de ses enfants à trouver sa place. Et il a chargé son Fils de nous préparer une place jusque dans le royaume céleste. Déjà ici-bas, il y a de la place pour chacun d’entre nous, dans ce monde et dans l’Église. Nous découvrons l’amour du Père lorsque nous savons tenir notre place, chacun selon notre vocation. L’autorité donnée à quelques-uns dans l’Église est faite pour favoriser l’épanouissement de chacun selon sa vocation, pour donner une place à chacun qui va lui permettre de grandir en sainteté et de se savoir aimé et appelé par Dieu. Ce point est très sensible aujourd’hui comme nous l’avons perçu dans les débats de la démarche synodale. Marcher ensemble nous fait nous demander si chacun a bien sa place, si certains n’accaparent pas trop de place et d’autres ne sont pas dévalorisés. Il ne s’agit pas de devenir des vedettes ou d’avoir du pouvoir, mais bien d’avoir la chance de déployer ses talents au service de Dieu et de la communauté humaine et chrétienne. C’est le projet du Père que nous avons à désirer mettre en œuvre quand nous prenons des engagements dans l’Église ou dans la société, et cela se vérifie si nos actions, nos œuvres font grandir nos vertus, notre foi, notre espérance et notre charité.

En Jésus, le Père se fait connaître comme proche, il fait connaître son appel à prendre chacun notre place, mais aussi, il nous rejoint dans nos épreuves pour nous guérir.

Dans le chœur de cette église et au sommet du décor du tabernacle, on voit le Christ ressuscité. Le Père a manifesté sa proximité avec nos souffrances et notre mort en livrant son Fils à la croix, mais il l’a ressuscité pour montrer qu’il nous veut vivant, qu’il nous a créés pour une plénitude de vie. Le Père aime la vie et il est plein de miséricorde envers nous qui sommes faibles et pécheurs. Voilà encore un aspect de la connaissance du Père que nous pouvons expérimenter et dont nous pouvons témoigner. Chaque fois que nous avons été relevés par Dieu dans le sacrement de la confession, par exemple, ou encore si nous avons été guéris d’une grave maladie. Nous savons que Dieu ne nous abandonne pas à la mort mais, qu’il nous a promis, avec la résurrection de Jésus, que nous pourrions vivre pour toujours, si nous accueillons sa miséricorde.

Mes frères, une église rénovée comme celle que nous bénissons aujourd’hui est un signe au milieu du monde de la tendresse du Père. Parce que nos églises sont proches de chez nous et si nombreuses, même dans nos campagnes peu peuplées, nous avons des signes de la proximité du Père. Parce qu’elles sont souvent ouvertes ou que leurs cloches sonnent pour nous appeler à la prière, nous savons que le Père nous appelle à prendre notre place dans la communauté. Et parce qu’on y célèbre la vie du Christ ressuscité et qu’on y offre les sacrements du salut, nous nous rappelons que nous sommes aimés d’un Dieu miséricordieux qui nous veut vivants pour toujours. Ainsi, Jésus continue de nous faire connaître le Père et de nous manifester sa proximité, son appel à prendre notre place et sa miséricorde infinie. Soyons-nous aussi les témoins de Dieu pour le monde d’aujourd’hui !

Amen.

+ Mgr Laurent Camiade
Evêque du diocèse de Cahors

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