Seule l’école peut protéger les enfants haïtiens des gangs

La Paroisse de Gramat reçoit Sœur Paësie.
8 octobre 2024

Sœur Paësie est religieuse en Haïti, elle est présente dans le plus grand bidonville (400.000 habitants) de la capitale, Port-au-Prince.

Après 18 années chez les Missionnaires de la Charité de Mère Teresa, elle a répondu à une vocation plus particulière et qui ne concerne plus le domaine de la santé dans les dispensaires des Missionnaires. Cette vocation l’a amenée auprès des enfants des bidonvilles qui ont besoin de reconnaissance et d’éducation pour leur offrir une alternative à la rue, au-delà de la santé.

Elle a créé une fondation du nom de « Famille Kizito », Kizito est le nom du plus jeune des 22 ougandais martyrisés en 1886. Il est un modèle de résistance à l’immoralité qu’on rencontre dans les rues.

Lors de la soirée à la maison paroissiale de Béthanie, en présence de 40 personnes, Sœur Paësie a témoigné de tout ce qui est réalisé dans le bidonville : huit écoles avec 1.400 élèves, six foyers d’accueil pour 160 enfants - qui ont choisi de quitter la rue -, avec, en complément de la scolarité, des activités manuelles et sportives, et une éducation morale et spirituelle.

Elle nous a partagé de nombreuses anecdotes et témoignages qui montrent la complexité des situations dans lesquelles l’équipe d’enseignants évolue au quotidien.

Comme exemple, voici celui concernant les relations avec les gangs : « Une voiture devait aller chercher un groupe d’enfants pour un baptême collectif. Les gangs voulaient bloquer les quartiers et avaient besoin de voiture pour faire des barrages. Ils ont pris la nôtre. J’ai pris une moto pour aller parler au chef de gang. Ils étaient tous cagoulés et armés. J’ai montré ma voiture et demandé à la récupérer pour emmener les enfants au baptême. Il m’a regardé avec de grands yeux et m’a dit : « Je ne le savais pas. On ne le fera plus. » Il m’a donné les clefs, m’a demandé de prier pour lui et je suis repartie avec la voiture. »

En Haïti, il y a toujours cette impression d’avoir touché le fond. Et le lendemain, la situation empire encore. Les habitants vivent depuis des années une démolition systématique de la société, de l’économie, de l’environnement, de l’État et du système éducatif.

La communauté « Famille Kizito » rassemble une association en France de parents adoptifs (Sœur Paësie a beaucoup œuvré pour l’adoption en Haïti) et d’amis, et la communauté religieuse de Sœur Paësie. L’association lève des fonds auprès de donateurs et organise le soutien par la prière.

Autour de Sœur Paësie travaillent des chauffeurs, cuisinières, professeurs, animateurs périscolaires, gardiens, surveillants, et aussi des bénévoles dont les catéchistes (aidés pour le transport et frais d’études).

Nous étions très attentifs à ce témoignage très fort. Sœur Paësie a répondu à toutes nos questions notamment en précisant la possibilité de don et de parainage d’enfants par l’intermédiaire de l’association.

Une vente de calendriers, de livrets, de bougies a eu lieu, ainsi qu’à la sortie de la messe paroissiale.

La soirée s’est terminée par un repas et la participation de chacun a été reversée à la Famille Kizito.

Jean et Marie-Aline Lecomte, Père Alexandre Buléa.

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