Stéphane, Mgr Laurent Camiade vous a appelé à devenir diacre en vue du ministère presbytéral pour le diocèse de Cahors, pouvez-vous nous dire en quelques mots qui vous êtes ?
J’ai 43 ans, depuis ce samedi 5 novembre ! Je suis né dans l’ouest de la France et j’ai grandi à Paris. J’ai reçu une éducation chrétienne et mon enfance fut abondante en attention de la part de mes parents avec l’excellente présence d’un frère cadet. Si ma jeunesse fut éprouvée par le divorce de mes parents, l’Esprit-Saint aidant, une vie de prière discrète prit racine à travers les pèlerinages, une pratique de la foi en paroisse, une attention pour les pauvres... Plutôt scientifique, j’ai quitté la capitale pour étudier dans une école d’ingénieur à Lyon. Lors de mes études, j’ai animé une association étudiante qui avec des migrants sénégalais et quelques amis étudiants eux aussi ont accompli un projet concret d’aide au développement de leur village. A 22 ans, je suis entré dans la marine nationale. Formé à l’Ecole navale à Brest, à bord du porte-hélicoptère Jeanne d’Arc, puis à Salon-de-Provence, j’ai servi dans l’aéronautique navale pendant plus de neuf ans en tant qu’ingénieur aéronautique.
C’est en pèlerin que j’ai rencontré Mgr Turini, lors de mes passages à Rocamadour puis à Cahors ; cette rencontre avec un évêque fut déterminante. Le choix d’entrer au séminaire de Toulouse me paraissait cohérent avec l’appel que je sentais au fond de moi. Je terminais mon pèlerinage à Compostelle le 25 juillet 2012, le jour de la fête de Saint Jacques, premier apôtre martyre, en le remerciant de la grâce qui m’avait été donnée. J’ai ensuite pu depuis quelques années découvrir ce diocèse avec ses belles particularités.
Qu’est-ce qui a été déterminant dans votre choix de devenir prêtre ?
Si je devais l’exprimer brièvement, je dirais la conscience de la miséricorde de Dieu. Les rencontres avec des œuvres de miséricorde auront pris bien des formes pendant mon parcours.
Ma vie ressemble en un certain sens, à celles de Sam Gaguegie et de Frodon Saquet, deux personnages de l’aventure fictive du « Seigneur des Anneaux ». Ils passent une vie tranquille dans leur petit monde jusqu’au jour, où ils découvrent qu’il y a la nécessité pour eux de s’engager dans le monde.
A partir de 27 ans, j’ai donc cherché dans différentes communautés ma vocation, mes questions se sont approfondies et des réponses solides ont commencé à venir. Ainsi mon métier était très intéressant mais il ne répondait pas à mes attentes profondes sur le sens de la vie ! A cette même époque, j’ai pu vivre l’aventure des marches goums, lancée par Michel Menu : une école de liberté et de vie ! En 2008, j’ai eu l’opportunité de partager une vie de prière avec les jeunes de l’œuvre de Mère Elvira du Cenacolo, la foi vécue ensemble, concrètement, est pour tous un chemin de résurrection. Tant de gens formidables ne goûtent pas à ce renouvellement de leur capacité d’aimer et d’être fécond que Dieu pourrait leur apporter par Sa miséricorde.
C’est aussi une expérience de la miséricorde qui rendit l’appel net. La bonté de Dieu aura pris bien des formes pendant mon parcours, y compris dans mon parcours de formation : L’année 2015, par exemple, après le départ de Mgr Turini, je portais beaucoup d’interrogations, puis est arrivé Mgr Camiade ! La miséricorde du Père nous devance et nous attend pour nous remettre debout et pour nous lancer à nouveau… si nous le voulons.
Savez-vous dans quelle communauté vous serez envoyé ? et quelles sont vos missions ?
Mgr Laurent Camiade m’a envoyé dans la communauté paroissiale de Biars-Bretenoux. En quittant le séminaire, je quitte une communauté de frères … pour une autre : Nous n’appartenons à l’Eglise universelle qu’en vivant l’église locale ! En tant que diacre ordonné en vue du ministère de prêtre, je serai encore en formation : Ce temps m’est donné pour cheminer avec le Père François Gerfaud qui m’a confié de suivre les jeunes à l’aumônerie de Bretenoux. Ma première mission, et mon désir, est d’entrer dans cette vie de service que tout ministre de l’Eglise accomplit au sein d’une paroisse. C’est une vie de service et de fidélité à la présence de Dieu qui se manifeste dans sa Parole, dans les pauvres qui sont nos professeurs, comme l’explique Saint-Vincent-de-Paul et dans la célébration des sacrements... le Pape François, en élevant le Père Jacques Hamel, le qualifiant de martyre, mort le 26 juillet dernier, m’a fait méditer sur la valeur du rendez-vous du Corps du Christ.
Mgr Laurent Camiade m’a aussi confié la mission de former une équipe qui animera la formation permanente des laïcs du diocèse. Nous avons déjà commencé à présenter la pensée sociale de l’Eglise à travers un cycle d’émissions diffusées à Radio Présence Lot tous les vendredis à 16h15. Je suis d’ailleurs disponible pour présenter aux paroisses les outils de formation à la Pensée Sociale de l’Eglise, « Notre Bien Commun », deux petits livres avec DVD, faciles d’utilisation.
Quand et où serez vous ordonné diacre ?
Je serai ordonné diacre à la cathédrale de Cahors, par Mgr Laurent Camiade, le dimanche 20 novembre, pour le diocèse de Cahors : les diacres du diocèse avec Pierre Loudières qui a fêté ses 25 années d’ordination, renouvelleront leurs engagements autour de notre évêque et moi je prononcerai les miens, m’intégrant à la famille des diacres.
Bien sûr vous êtes tous invités et , comme je reste responsable des servants de messe du diocèse, je serai heureux de leur présence.
Une parole pour nous préparer à la célébration ?
Ce 20 novembre est aussi la messe d’action de grâce de l’année du jubilé de la miséricorde qui se termine par cette belle fête du Christ-Roi. L’évangile du jour est l’ultime dialogue de Jésus-Christ en sa vie terrestre, celui avec le bon larron, lui seul fut « l’avocat » de Jésus en croix. Après sa brève mais juste « plaidoirie », le larron, ayant reconnu sa responsabilité, fait sa demande confiante et humble : « Jésus, souviens-toi de moi lorsqu’adviendra ton Royaume. » Avez-vous déjà remarqué que la demande du larron condamné le même jour, reprend la parole donnée le matin même par le Christ-Roi à Pilate lors du procès : « Mon Royaume, le mien, n’est pas de ce monde. » ? Et la Parole de Jésus en croix, formulée au larron comme un décret, est vraiment surprenante : « En vérité je te le dis : Aujourd’hui, avec Moi, tu seras dans le paradis. » Elle sera surprenante d’âge en âge, par sa miséricorde.