Ostension de la Sainte Coiffe à Pâques. Veillée miséricorde.

Cathédrale de Cahors.
Dimanche 11 avril 2021


 - Témoignage de Mgr Laurent Camiade :

(images : Service Communication Diocèse de Cahors)


 Vu sur KTO TV : vénération pour les fidèles au sein de la chapelle de la Sainte Coiffe.


 Témoignage de Mgr Laurent Camiade :

Au matin de Pâques, les évangiles s’accordent pour dire que Marie-Madeleine est la première au tombeau vide. Il faisait encore sombre. Mais la pierre, déjà, a été roulée. L’évangile de Saint Jean nous dit que son premier réflexe est de courir trouver Pierre et Jean pour leur annoncer la nouvelle. Saint Matthieu et Saint Luc disent que les femmes vont ensemble porter la nouvelle aux disciples (Mt 28,8 et Lc 24,9). Saint Marc, au contraire, dans le passage que nous avons entendu cette année à la vigile pascale, précise qu’après la visite au tombeau vide, les femmes ne dirent rien à personne car elles avaient peur (Mc 16,8). Mais il dit ensuite que Marie-Madeleine, après avoir eu une apparition de Jésus part annoncer la nouvelle aux disciples (Mc 16,10). Dans tous les cas, à un moment donné, des femmes dont au moins Marie-Madeleine, sont les premières à annoncer l’Évangile : le tombeau est vide, Jésus est vivant !

« La foi naît de ce que l’on entend » dira saint Paul (cf. Rm 10,17). On voit, d’ailleurs dans plusieurs récits que les femmes ont entendu la voix d’un ange, ou de Jésus lui-même, qui annonce la résurrection. La parole est décisive pour susciter la foi. Elle est même irremplaçable, si nous en croyons saint Marc, pour qui la seule découverte du tombeau vide ne provoque que la crainte et le silence. Ce n’est qu’après avoir elle-même entendu la bonne nouvelle en rencontrant Jésus vivant que Marie-Madeleine devient témoin de la foi. Néanmoins, sa foi s’appuie aussi sur la vision, celle de Jésus ou au moins du tombeau vide. Pour Pierre et Jean, lorsqu’ils ont entendu le message de Marie-Madeleine, le premier réflexe est d’aller voir. Entendre ne leur a pas suffit. Ils veulent voir. Et ils y vont en courant ! C’est ainsi, nous sommes des êtres de chair dotés de cinq sens, pas seulement l’ouïe, mais aussi la vue et aussi le sentir, le toucher et le goût. Les disciples d’Emmaüs auront besoin d’aller jusqu’au partage du pain pour reconnaître Jésus ressuscité et entrer dans la foi. Pourtant ils avaient vu et entendu, leur cœur était tout brûlant en écoutant parler Jésus sur la route, mais tout leur être n’avait pas encore été saisi comme il l’a été au partage du pain (cf. Lc 24,13-35).

Pour entrer dans la foi, écouter et voir sont tous deux nécessaires. Dans son encyclique sur la foi, La lumière de la foi, le pape François écrivait : «  Grâce à cette union avec l’écoute, la vision devient un engagement à la suite du Christ, et la foi apparaît comme une marche du regard, dans lequel les yeux s’habituent à voir en profondeur. Et ainsi, le matin de Pâques, on passe de Jean qui, étant encore dans l’obscurité devant le tombeau vide, « vit et crut » (Jn 20, 8) ; à Marie de Magdala qui, désormais, voit Jésus (cf. Jn 20, 14) et veut le retenir, mais est invitée à le contempler dans sa marche vers le Père ; jusqu’à la pleine confession de la même Marie de Magdala devant les disciples : « j’ai vu le Seigneur ! » (cf. Jn 20, 18) » (Lumen fidei n°30).

Jean « vit et crut ». Et dans son évangile il précise que Pierre aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui entourait la tête et que nous pouvons penser être la Sainte-Coiffe. C’est Jean qui raconte et il se nomme lui-même « l’autre disciple » (Jn 20,2.3.4.8), sans doute par humilité mais aussi pour que nous puissions tous nous identifier à lui. Nous sommes, si nous le voulons, l’autre disciple, celui que Jésus aimait (cf. Jn 20,2). Et ce disciple a laissé Pierre entrer le premier car il reconnaît à Simon-Pierre la primauté et l’autorité en matière de foi. On voit en effet que Jean suit attentivement le regard de Pierre et nous le décrit avec précision. On a même l’impression que si Jean a vu les linges au tombeau vide, c’est essentiellement à travers le regard de Pierre qui s’y est attardé. Et, ayant entendu les paroles de Marie-Madeleine, puis voyant le regard de Pierre, chef des Apôtres et garant de la foi des apôtres, et enfin voyant lui aussi le tombeau vide et ce que Pierre regarde, il crut. « Il vit et il crut » (Jn 20,8).

Notre foi chrétienne peut suivre des chemins analogues. Personnellement, j’ai entendu parler de la résurrection de Jésus par les paroles de ma mère et d’une religieuse, puis des catéchistes et enfin, j’ai vu les gestes de ceux qui ont la charge de garder la vérité de la foi dans l’Église, le prêtre de ma paroisse quand il célébrait les sacrements, l’évêque qui m’a confirmé dans la foi des apôtres. Plus tard, j’ai appris à aimer les sacrements de l’Église, j’ai lu et entendu des enseignements des successeurs de Pierre sur la foi et je les ai vu vivre et témoigner par leur vie de cette foi. J’ai rencontré aussi beaucoup d’autres témoins en paroles et en actes et j’ai aussi pris connaissance des vies de nombreux saints. Ainsi, comme Jean, je peux dire qu’ayant couru, après y avoir été encouragé par des paroles, vers les signes présentés par l’Église, j’ai reçu ce don de croire, et de croire la même chose qu’a cru saint Jean au tombeau : Jésus est ressuscité et vivant ! Alleluia.

Mgr Laurent Camiade, évêque du diocèse de Cahors

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