À l’école de Benoît XVI

Un maître qui nous conduit à Dieu

Beaucoup d’articles et d’émissions ont été consacrés à Benoît XVI après sa mort. Je n’ai pas la prétention de faire le bilan de son pontificat : c’est un exercice difficile à cause du manque de recul historique, et dont le résultat ne peut de toute façon être que parcellaire. Dieu connaît la fécondité de la vie de cet « humble serviteur dans la vigne du Seigneur » (19 avril 2005).

Je n’ai jamais rencontré Benoît XVI en tête à tête, mais j’ai passé cinq ans dans ses livres pour ma thèse de doctorat. J’ai l’impression de connaître sa pensée, mais plus encore, de l’avoir fréquenté personnellement. Trois aspects de sa personnalité m’ont particulièrement marqué.

 De la liturgie à la théologie

Le premier, je l’ai identifié clairement pendant le confinement. Je m’étais réfugié à Rocamadour pour pouvoir continuer à travailler. Je passais la journée à rédiger ma thèse, et le soir j’allais célébrer la Messe à la chapelle Notre-Dame. Quand je passais des livres de Ratzinger à la liturgie, j’avais l’impression de vivre une grande continuité, de passer tout simplement des idées à la réalité. J’ai compris que Ratzinger était d’abord un contemplatif, un humble chercheur de Dieu. Dans son œuvre théologique, il ne s’écoute pas parler, mais il cherche inlassablement la vérité. Voilà pourquoi son enseignement conduit à Dieu : Benoît XVI est un maître sur le chemin qui mène à Dieu. À son école, j’ai appris que la théologie authentique est une « théologie à genoux », selon la belle expression de Hans Urs von Balthasar. Elle prend sa source dans la liturgie et y conduit.

 Son amour de l’Église

Benoît XVI est également exemplaire par son parcours de vie. Il voulait une carrière universitaire qui lui permettrait de produire une grande œuvre personnelle. Il ne l’a pas eue. En acceptant de devenir archevêque de Munich, puis préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a fait passer le service de l’Église avant ses propres aspirations. A la mort de Jean-Paul II, le cardinal rêvait de pouvoir enfin bénéficier d’une vie retirée, consacrée à l’étude et à la prière. Il n’en fut rien : c’est le siège de Pierre qui l’attendait. Parce qu’il a toujours été animé par l’amour de l’Église, au point d’être prêt à souffrir pour elle, Benoît XVI lui a rendu des services bien plus grands que s’il avait seulement suivi son propre projet. On ne peut pas servir le Christ en faisant cavalier seul. L’option fondamentale de la foi qui est une option pour le Christ doit se concrétiser dans une option fondamentale pour l’Église. C’est le point de départ de toute vocation véritable, et c’est la condition de toute action réformatrice dans l’Église : seul l’amour pour l’Église peut réformer l’Église.

 La parabole de Madrid

Certains observateurs ont fait remarquer que la veillée des JMJ de Madrid en 2011 était comme une parabole de tout le pontificat de Benoît XVI. Ce soir-là, un terrible orage a surpris la foule rassemblée. Au lieu d’aller se mettre à l’abri, le pape est resté au milieu de la tempête, en attendant patiemment que l’épreuve se termine. Une fois le calme revenu, voyant que l’heure était déjà avancée, il a décidé de ne pas prononcer le discours qu’il avait prévu et de commencer immédiatement le temps d’adoration eucharistique. Après le chaos de la tempête, deux millions de jeunes se sont mis à genoux devant le Saint-Sacrement et ont adoré longuement dans un silence absolu, guidés par l’exemple de Benoît XVI. Cette histoire peut être comprise dans sa signification profonde à la lumière de l’évangile de la tempête apaisée (Mc 4, 35-41). Quand la barque de l’Église est secouée, nous pouvons avoir peur et douter de l’Église. Nous pouvons être tentés de quitter la barque ou de construire une nouvelle Église à partir de nos propres critères. Mais Jésus est toujours présent : « ce n’est pas notre Église, mais Son Église », aimait répéter Benoît XVI. C’est en gardant les yeux de la foi fixés sur Jésus que nous pouvons traverser les épreuves.

Abbé Jean-Malo de Beaufort

Mes conseils de lecture :

Voici quelques ouvrages que je recommande pour découvrir Benoît XVI :

Lecture facile :

  • Joseph RATZINGER, Ma vie, Souvenirs (1927-1977), Fayard, 1998. Autobiographie vivante qui permet d’apprécier sa personnalité.
  • Joseph RATZINGER, Entretien sur la foi, Fayard, 1985. La meilleure introduction à sa pensée, sous forme d’interview, tout public.
  • BENOIT XVI, L’âme de la prière, Artège poche, 2016. Une série de catéchèses sur la prière. Idéal pour nourrir notre vie spirituelle.

Lecture plus exigeante :

  • Joseph RATZINGER-BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, trois tomes, Champs Essais. Le célèbre commentaire des évangiles qui réconcilie la foi avec la recherche historique sur Jésus.
  • BENOIT XVI, Discours au monde, Artège, 2013. Les grands discours du pape sur les rapports entre foi et raison, prononcés à Paris, Londres, Berlin etc.
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