Jubilé des 65 ans de vie religieuse de Sœur Marie-Claire du Saint Sacrement

Jeudi 8 août 2024
Messe d’Action de grâce en la chapelle du Carmel de Figeac présidée par Mgr Luc Meyer

Jubilé des 65 ans de vie religieuse de Sr Marie-Claire du Saint Sacrement / 1959 - 2024

Le puissant fit pour moi des merveilles : Saint est son nom !

 Sr Marie-Claire du Saint Sacrement renouvelle sa profession de foi :

’’Moi, Sœur Marie-Claire du Saint Sacrement
je renouvelle ma profession solennelle
et je promets obéissance, chasteté et pauvreté
à DIEU notre Seigneur,
à la bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel
selon la Règle primitive et nos Constitutions jusqu’à ma mort.’’

 Homélie de Mgr Luc Meyer, évêque du diocèse de Rodez :

Sr Marie-Claire, nous voulons ce matin louer le Seigneur pour ce qu’il a fait, en vous et à travers vous, depuis 65 ans. 65 ans, c’est bien court au regard de l’histoire biblique ! Mais il faut dire quand même qu’en 1959, ni Mgr CAMIADE ni moi n’étions nés ! Et j’ai la grâce de vivre dans un évêché qui sent bon la grâce du Carmel. Et il abrite même des reliques du Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant Jésus.

Ces 65 années de fidélité nous rappellent l’Alliance que le Seigneur propose à chacun de nous et qu’il renouvelle à chaque instant de notre vie. L’accumulation des années n’est pourtant qu’un pâle reflet de l’éternité au regard de la présence sans cesse renouvelée du Seigneur dans le pèlerinage que nous accomplissons corps et âme ici-bas et dans le temps. Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face ne s’y trompe pas et nous le rappelle dans un de ses poèmes :
Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre
Je n’ai rien qu’aujourd’hui.

Quelle simplicité et quelle profondeur. Et en mettant à l’école de la plus jeune des époux MARTIN, je me dis souvent « Dieu est simple. C’est nous qui sommes compliqués. » Et la sainteté, qui est proposée à chacun de nous, quel que soit notre état de vie, consiste souvent à choisir délibérément et chaque matin la simplicité — celle de Dieu. Suivre Jésus, imiter Jésus, ressembler à Jésus, voilà trois étapes fondamentales sur le chemin de la sainteté. Et je crois que pour ces trois étapes, nous pouvons rendre grâce aujourd’hui, en célébrant l’Eucharistie, avec vous, Sœur Marie-Claire.

Suivre Jésus, c’est la première étape. Cela vient comme une réponse à un appel. Jésus a préparé notre cœur à l’entendre et à désirer sa présence. Il a aiguisé notre curiosité d’amour…
« - Maître, où demeures-tu ? demande les deux disciples de Jean-Baptiste
- Venez et vous verrez…
Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. »

Et saint Jean précise qu’André était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus… Et c’est lui, André, qui ira chercher son frère Simon-Pierre… Après le premier « Me voici », la route est encore longue mais le premier pas est fait. La direction est prise, et par communication missionnaire, elle donne du fruit. « Me voici », c’est à la fois une réponse de confiance et un cri d’amour. Et, en entendant la première lecture, je trouve la réponse à la question des disciples : « Où demeures-tu ? »

Parmi les trois vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, parmi ces trois vertus du pèlerinage de notre vie, une seule ne passera jamais car elle à la fois une vertu de la route et la révélation suprême du but que nous poursuivons : la charité. C’est la destination finale. Elle n’est pas un lieu et pourtant la demeure qui nous est promise. Alors c’est vrai : en entrant la vie religieuse, on ne sait pas où Jésus veut nous emmener.
Mais on avance… avec celui qui est à la fois inconnu et connu, Jésus, et vers son Père et notre Père. Et saint Jean nous dit : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. »
Suivre Jésus, c’est bien, mais pourquoi faire ? ou plutôt pour quoi être ? …

Si nous suivons Jésus, c’est pour mieux l’imiter. Et c’est la deuxième étape.
Conformer notre vie à la sienne, en suivant ses conseils… Et nous arrivons ainsi à la grandeur et à la beauté de la profession religieuse qui est tout entière ordonnée au plein accomplissement du baptême. Vivre au quotidien les trois vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, c’est choisir chaque jour d’être plongé dans la mort et la résurrection du Christ. La chasteté est proposée à tous les chrétiens, mariés ou non, célibataires consacrés ou non. C’est l’art de se recevoir comme un cadeau de Dieu. C’est une manière de vivre avec soi-même, dans une certaine réserve et avec respect, car ce que nous sommes ne nous appartient pas. Cela nous rend plus disponibles aux autres,
— ici tout particulièrement à nos sœurs de communauté —, sans jamais les traiter comme des meubles ou des objets pour notre satisfaction. Choisie comme un vœu, la chasteté devient une façon de rejoindre plus vite encore le Dieu de l’Alliance. Et c’est la joie d’un célibat consacré à cause du Royaume.

Je dois te voir bientôt sur la rive éternelle
O Pilote Divin ! dont la main me conduit.
Sur les flots orageux guide en paix ma nacelle
Rien que pour aujourd’hui.

La pauvreté est proposée elle aussi à tous les chrétiens ! C’est une façon de vivre, intimement liée à la chasteté. Car il s’agit bien, toujours, de ne pas se rendre propriétaire
de ce qui nous est donné. Et il y a bien là quelque chose de radical. C’est aussi la grâce d’une vie communautaire. La pauvreté matérielle à laquelle consentent les religieux est un moyen précieux de vivre cette conformation spirituelle au Christ pauvre. Choisie comme un vœu, la pauvreté devient une façon rapide et volontaire d’imiter Jésus. Saint Paul nous dit en effet :
"Lui qui était riche, il s’est fait pauvre pour que nous enrichir de sa pauvreté." (2 Co 8,9)
Et l’une des pauvretés dont il nous enrichit, c’est sa propre fidélité. Lui qui se fait mendiant de notre amour, il nous refonde sans cesse dans cette attitude. Et « si nous sommes infidèles, lui, il reste fidèle, car il ne peut se rejeter lui-même. » (2 Tm 2,13)
Ah ! laisse-moi, Seigneur, me cacher en ta Face.
Là je n’entendrai plus du monde le vain bruit
Donne-moi ton amour, conserve-moi ta grâce
Rien que pour aujourd’hui.

L’obéissance, enfin, est elle aussi proposée à tous les chrétiens. Elle n’est pas vraiment dans l’air du temps. Chacun entend faire ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut, pour être libre. Mais libre pour faire quoi ? … Là, on est bien embarrassé et à force de revendiquer l’épanouissement individuel, on finit par se retrouver seul et souvent désespéré, au milieu d’une société indifférente.

Obéir, pour un chrétien, c’est écouter, faire confiance, et faire l’expérience promise à saint Pierre : « Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains et c’est un autre qui te mettra ta ceinture pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » (Jn 21,18)
Choisie comme un vœu, l’obéissance prend délibérément sa source dans l’imitation de Jésus-Christ. Elle trouve en toute occasion le moyen de vivre concrètement cette disposition spirituelle du Fils obéissant au Père.
Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ?
Te prier pour demain, oh non, je ne le puis ! ...
Conserve mon cœur pur, couvre-moi de ton ambre
Rien que pour aujourd’hui.

Chasteté, pauvreté, obéissance introduisent dès ici-bas l’âme religieuse dans la troisième étape de la vie baptismale : la ressemblance au Christ.
C’est la recherche de la charité éternelle révélée dans le Christ, et qui se diffracte ici-bas dans les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Et là, je voudrais simplement m’arrêter sur la prière d’ouverture que nous entendions tout à l’heure. « Seigneur, tu permets que nous te rendions grâce pour ton amour et ta fidélité à l’égard de notre Sœur Marie-Claire, qui va renouveler aujourd’hui le don que tu lui as toi-même inspiré ; Accorde-lui une générosité toujours plus grande pour servir ta gloire et ton œuvre de salut. Par Jésus Christ. » Servir la gloire du Père et son œuvre de salut, c’est bien cela : laisser grandir la ressemblance au Christ. Dans l’Eucharistie qui nous célébrons et dont nous vivons, nous nous laissons sans cesse enfanter à la vie nouvelle des enfants de Dieu
dans la maternité de l’Église.

Pain Vivant, Pain du Ciel, divine Eucharistie
0 Mystère sacré ! que l’Amour a produit...
Viens habiter mon cœur, Jésus, ma blanche Hostie
Rien que pour aujourd’hui

0 Vierge Immaculée ! C’est toi ma douce étoile
Qui me donnes Jésus et qui m’unis à Lui.
0 Mère ! laisse-moi reposer sous ton voile
Rien que pour aujourd’hui.

Amen

Soutenir par un don