Vivre le monde autrement

Sylviane faisait partie de ces deux adultes figeacois qui ont été confirmés en mai dernier à l’église du Puy. Elle est entrée au Carmel de Figeac le 15 novembre. La communauté des dix carmélites, dont 5 religieuses venues du Vietnam, l’a accueillie avec joie.
Comme toute vie, le parcours de Sylviane est riche, avec ses joies et ses difficultés. Il y a trois ans, elle vit une expérience intérieure très forte. Elle rencontre l’Amour du Christ et découvre en profondeur la réalité de la miséricorde, du pardon total et infini. En 3 ou 4 mois, sa vie est transformée. L’Esprit Saint est à l’œuvre en elle... et guide ses pas vers le Carmel.
Nous avons voulu la rencontrer et lui poser quelques questions afin de mieux la connaître et partager cette joie qui rayonne d’elle.

Sylviane, jusqu’à présent, tu as eu une vie active intense. Vue de l’extérieur, ton entrée au Carmel ressemble à une rupture. Est-ce le cas ?
Du point de vue social, professionnel, familial bien sûr, cela se traduit par une rupture, vécue difficilement par ...les autres. Pas par moi.
Du point de vue de ma propre quête spirituelle, cela ne représente pas une rupture. Plutôt, une continuité logique, voire une accélération du processus. C’est la continuité de quelque chose qui répond à une quête de toute ma vie. Toute jeune, j’aimais entrer dans les églises... mais je ne savais ni pourquoi j’y entrais, ni qu’y faire. J’ignorais tout de l’Eglise catholique. Comme beaucoup de nos contemporains, j’ai été attirée par le bouddhisme, le taôisme, le chamanisme. Mais jamais pleinement comblée.

A une époque hyperactive où beaucoup de personnes ont besoin de soutien, d’accompagnement, comment expliquer ton choix d’une vie contemplative ?
Chacun répond avec ses propres moyens, avec ce qu’il est. Pendant 30 ans, en tant qu’infirmière, ostéopathe, psychothérapeute, accompagnatrice en unité de soins palliatifs j’ai accompagné bon nombre de personnes. Mais j’ai senti mes limites. Je ressens le besoin d’élargissement par la prière, par un positionnement différent. J’ai ressenti la limite humaine. Nous sommes petits et pauvres, limités et, nous oublions que seul le Christ et l’Amour de Dieu nous sauvent et nous guérissent.
Je voudrais insister sur un point très important. Ce n’est pas parce qu’on entre au Carmel qu’on est coupé du monde. Simplement, on vit le monde autrement. Malgré la clôture, l’actualité entre au Carmel par le journal (La Croix), Radio Présence, Internet.

Pourquoi avoir choisi le Carmel ?
Parce qu’il correspond à l’option de vie monastique qui, pour moi, allie le silence, la prière, la solitude tout en vivant dans une communauté
J’ai une attirance particulière pour sainte Thérèse d’Avila, pour sa vie d’oraison, son vécu spirituel, son dynamisme. Mais, je ne cherche pas à imiter. Je vivrai ma propre expérience et je n’ai aucune idée de ce qu’elle sera ! Je réponds à un appel irrésistible qui me remplit d’une joie intérieure profonde.

Et pourquoi le Carmel de Figeac ?
Pourquoi aller chercher ailleurs ?
J’ai été accueillie par cette communauté avec beaucoup de gentillesse, de générosité et de joie. Je m’y plais beaucoup et je ne vois pas l’intérêt d’aller chercher plus loin.
Je leur dois même le « déclic » qui a provoqué ce brusque changement de vie, auquel j’aspirais sans parvenir à le nommer. Je voudrais préciser qu’à mon âge (56 ans), après une vie bien remplie, ça me semble un « tournant » normal dans le cours de cette vie.

Merci Sylviane de cette rencontre vécue en vérité et simplicité. C’est promis, nous te suivrons...même derrière les grilles ! Nous aurons encore beaucoup de choses à partager.

Merci à l’équipe du journal paroissial de Figeac "échos du Haut-Quercy" qui nous a permis de publier ce témoignage. [1]

Notes

[1n° 562, décembre 2015

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