EGLISE DU LOT / Revue religieuse N° 12 - Décembre 2020

Revue religieuse catholique du diocèse de Cahors

 Editorial de Mgr Laurent Camiade :

Paie et Joie de Noël

Noël. Dieu prend chair sur notre terre. Dieu nous rejoint, humblement, dans notre histoire terrestre. Sa venue comble un désir profond en nous : ne pas rester seuls, ne pas être abandonnés, livrés à nous-mêmes. Au fond de nos cœurs, existe cette attente fondamentale. Parfois endormie, parfois exacerbée. Si elle accepte de rechercher un point d’équilibre, cette attente est une dynamique de vie magnifique.

S’endormir sans plus rien attendre, sans laisser le besoin d’être sauvés titiller notre existence, c’est peut-être s’installer dans le confort provisoire d’une société de consommation qui n’en finit pas d’inventer des solutions faciles à tous les problèmes, de dédramatiser toutes choses en les rendant normales et sans mystère. Elle accapare la dramatique humaine au niveau horizontal : la santé ou la maladie ; la richesse ou la pauvreté ; la liberté ou la contrainte. Pour ceux qui laissent s’endormir le désir de l’éternité, Noël n’est plus qu’un moment quelconque, une trêve au milieu d’une vie sans espérance. Beaucoup ont décroché de la messe et de la prière, et ils participent sans émotion à cette apostasie silencieuse de la société contemporaine, préférant vivre comme si Dieu n’existait pas. Le temps de leur vie pourrait s’écouler sans autre signification que d’éviter les frustrations et profiter de quelques instants agréables.

Laisser le besoin d’être sauvés s’exacerber dans une attente explosive du jour de Dieu n’est pas seulement la tendance inverse, mais celle qui surgit du besoin de réagir à l’autre pôle. C’est un sursaut contre l’anesthésie du désir, contre la peur de ne plus participer à rien qui ait un sens. Alors, le risque est de s’imaginer voir Dieu partout, vivre chaque instant comme une fête ou un moment unique paraissant illuminer la vie. C’est dire, comme Jésus avertit de ne pas le faire, que « le Sauveur est ici… il est là » (cf. Mt 24,23), que le ciel est arrivé sur terre ! Saint Paul réagissait déjà contre cette tentation fébrile dans les premières communautés chrétiennes : « Nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire » (2 Th 3,11). Non ! travaillez dans le calme, avec patience. Nous voyons bien les fanatismes et les abus qui refusent de s’inscrire dans la durée et veulent tout tout de suite, sans respecter la patience de Dieu.

Car Dieu est patient et son Incarnation n’a rien d’explosif. Noël est un événement paisible, caché dans l’histoire, avec la douceur d’un enfantement sans angoisse. Marie n’a pas triché avec les neuf mois nécessaires de sa grossesse, entre le 25 mars et le 25 décembre. Et il faudra encore une trentaine d’années avant que l’enfant-Sauveur ne se manifeste vraiment comme tel. Aucune passivité dans ces trente années, mais le travail confiant et équilibré de la croissance humaine, de l’apprentissage d’un métier, du labeur manuel et intellectuel. Qu’est-ce qu’il y a au centre ? Quel est le point d’équilibre ? N’est-ce pas le pèlerinage à Jérusalem ? N’est-ce pas la venue au Temple où l’enfant commence discrètement à laisser émerger la dimension divine de son être : « ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? » (Lc 2,49) Et déjà, après sa naissance, la présentation au Temple et l’offrande des deux petits oiseaux pour rappeler que, depuis le début, toute sa vie appartient au Père. Ainsi, la prière hebdomadaire à la synagogue de Nazareth, où il se tourne vers Dieu avec une communauté, rythme sa vie ordinaire. Chacune des semaines de Jésus est traversée par l’élan humble et fraternel des cœurs vers Dieu. Voilà l’équilibre d’une vie qui ne s’évade pas de l’ordinaire sans pour autant s’y laisser enfermer.

Quand ceux qui vont régulièrement à la messe deviennent une minorité parmi les membres du Peuple de Dieu, le danger serait que ces quelques-uns se fanatisent et oublient qu’ils vivent simplement la réponse ordinaire à la venue de Dieu parmi nous. Car à Noël, Dieu ne vient pas nous empêcher d’exister mais nous accompagner dans l’ordinaire de notre existence, pour nous préparer aux joies de l’éternité bienheureuse.

Mgr Laurent CAMIADE
Evêque du diocèse de Cahors


 Sommaire :

  • P. 2 : Editorial de Mgr Laurent Camiade
  • P. 3 : Vivre le confinement avec Ste Marie de Rocamadour chez soi !
  • P. 4 : Assemblée plénière des évêques de France :
  • ce que les agriculteurs sont venus dire aux évêques
  • P. 5 : Préparation du Pèlerinage diocésain à Lourdes
  • P. 5 : A la messe, s’asseoir, se lever...quand ? pourquoi ?
  • P. 6 : Radio Présence dans le Lot change de tête(s) !
  • P. 7 : Pastorale des funérailles, orientations pour le diocèse
  • P. 8 : Veuvage et Espérance et Vie
  • P. 8 : Service d’aumônerie pour les centres hospitaliers
  • P. 9 : Ecologie intégrale avec Laudato Si
  • P. 9 : Patrimoine et écologie intégrale / Projets en 2021
  • P. 9 : Le Denier, les chiffres de 2019
  • P. 10 : Décès de Sœur Marie Dominique Lapaze
  • P. 10 : Nominations dans notre diocèse
  • P. 10 : Nominations en France
  • P. 11 : Agenda de l’évêque
  • P. 11 : Accès au Sanctuaire ND de Rocamadour
  • P. 12 : Dans votre agenda

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EGLISE DU LOT / Revue religieuse N° 12

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