EGLISE DU LOT / Revue religieuse N° 11

Revue religieuse catholique du diocèse de Cahors

 Editorial de Mgr Laurent Camiade :

Ralentir. Pour quoi faire ?

Beaucoup d’entre nous avons eu l’occasion de ralentir un peu pendant le confinement. Aujourd’hui encore, même si la plupart des activités ont repris, parfois avec le désir angoissant de rattraper le temps et l’argent perdus, un bon nombre de projets sont ajournés, ce qui libère encore un peu de temps. La question qui reste toujours est : qu’en ferons-nous ?

Notre département est touché ces dernières semaines par les annonces de licenciements dans l’aéronautique. Ceux-ci surviendront tandis que l’avion semble moins porteur d’avenir. La pandémie de coronavirus a considérablement ralenti le trafic aérien et limite encore les voyages internationaux. Nous imaginons que, malgré la capacité bien connue des lotois à s’adapter à toutes situations difficiles et à inventer des solutions pour survivre, l’impact sur l’économie du département ne sera pas bon. Un nombre important de personnes et de familles seront mises en difficulté. Ce ralentissement ne nous apparaît pas trop encourageant.

Paradoxalement, nous savons qu’il serait nécessaire, pour l’avenir de l’humanité et de la planète, de ralentir encore bien davantage, de moins consommer, de moins brûler d’énergie. C’est même la condition sine qua non de la survie de l’humanité sur terre.

Le pape François dans son encyclique sur la sauvegarde de la création écrivait : « L’accélération continuelle des changements de l’humanité et de la planète s’associe aujourd’hui à l’intensification des rythmes de vie et de travail, dans ce que certains appellent "rapidación". Bien que le changement fasse partie de la dynamique des systèmes complexes, la rapidité que les actions humaines lui imposent aujourd’hui contraste avec la lenteur naturelle de l’évolution biologique » (Laudato’si n°18).

La force de la nature réside dans une certaine patience, dans la constance de forces de basse intensité apparente mais qui se déploient puissamment dans la durée.

La liberté humaine semble s’exprimer toujours dans le changement ou la fantaisie, mais nous avons peut-être oublié notre capacité à l’engagement dans la durée, à un travail de lente maturation des processus de transformation. Celui-ci fait pourtant partie de nous-mêmes. Il faut du temps pour se comprendre soi-même et s’engager vraiment dans le don de soi, fidèle à ceux que l’on apprend à aimer et fidèle à Dieu qui nous a appelés à une vocation sainte : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour » (Eph 1,4).

La société dans laquelle nous évoluons n’a pas encore profondément pris conscience de ce qui la rendra plus humaine. Les lois de bioéthique votées cet été au parlement et bientôt discutées au sénat ne vont pas dans la direction d’une écologie humaine. On continue de vouloir se rendre sans cesse plus performant. Certains rêvent d’augmenter les capacités du cerveau ou du corps humain. Nos législations permettent de plus en plus de limiter les chances de naître pour les plus fragiles et d’écourter la vie de ceux que nous n’aimons pas voir souffrir.

Il serait bon, au contraire, de développer la fraternité et la gratuité, la patience d’aimer ceux qui nous offrent la chance de ralentir nos activités en leur offrant notre présence. Eux, quand ils peuvent sentir notre investissement à leurs côtés, nous offrent leur amitié et leur reconnaissance, ils nous offrent d’élargir notre capacité d’aimer gratuitement et de grandir en patience : autant de cadeaux dont nous manquons si cruellement.

Nombreux sont ceux qui désirent aujourd’hui une société inclusive. Si nous avançons résolument dans cette direction, nous aurons à prendre le temps d’accueillir et d’aimer tous nos frères différents ou fragiles. Nous apprendrons qu’ils ne sont pas des parasites ni des nuisibles. Si nous réapprenons à vivre en symbiose avec eux, nous grandirons, grâce à eux, en humanité. Nos rythmes de vie seront plus paisibles, bien plus en phase avec le reste de la planète.

Mgr Laurent CAMIADE
Evêque du diocèse de Cahors

 Sommaire :

  • P.2 : Editorial de Mgr Laurent Camiade
  • P.3 : Xavier Dargegen, un nouveau diacre dans le diocèse
  • P.4 : Visite pastorale au Gourpement paroissial de Gramat
  • P.5 : Des nouvelles du Timor Oriental
  • P.6 : Le nouvel autel de l’église de Rueyres
  • P.7 : Ordinations diaconales de Giovanny et de Robert-Marie
  • P.8 : Journée diocésaine pour la sauvegarde de la Création
  • P.9 : Tout est lié, webzine de la CEF
  • P.10 : Participons à la beauté de la terre
  • P.11 : Semaine mariale et reliques de Ste Bernadette à Rocamadour
  • P.12 : Recevoir le sacrement de baptême étant adulte
  • P.13 : L’encyclique Fratelli Tutti (Tous frères) du pape François
  • P.13 : Le cri de la terre est aussi le cri du pauvre !
  • P.14 : Décès de l’abbé Georges Francès
  • P.14 : Nominations
  • P.15 : Agenda de l’évêque
  • P.15 : Référent diocésain / Ecologie intégrale
  • P.15 : Radio Présence Cahors : Blandine Piccinini, élue présidente
  • P.16 : Dans votre agenda

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