EGLISE DU LOT / Revue religieuse N° 5

N° 5 / Décembre 2018
Revue religieuse catholique du diocèse de Cahors

Editorial de Mgr Laurent Camiade :
Faisons corps car Dieu a pris corps

A Noël, Dieu a pris corps. Il s’est fait homme. Pleinement homme, corps et âme. En se faisant « chair », il valorise le corps humain. Désormais, l’acte liturgique habituel du catholique consiste à contempler et recevoir dans nos corps le corps du Christ, le corps du Dieu fait homme. Cette nourriture qu’annonçait déjà la naissance de Jésus dans une mangeoire d’animal, devient le moyen de sanctification central autour duquel toute la vie de l’Église s’organise.

La morale du mystère de l’Incarnation est que, dans la vision chrétienne de l’homme, le corps n’est pas —ne peut pas être pris pour— un objet. Nous entendons souvent parler des dangers de la marchandisation du corps humain. Il n’est pas bon de vendre les parties du corps, par exemple pour des greffes d’organes (l’Église valorise le don libre et gratuit d’organes, mais surtout pas la vente d’organes ni la fabrication de clones-réservoirs d’organes). Ou encore, il n’est pas légitime de "louer" le corps de la femme pour porter l’enfant d’autres personnes (Gestation Pour Autrui) ni pour assouvir le plaisir des "clients" de la prostitution ou de la pornographie (derrière l’écran de la pornographie se cache cette marchandisation de vrais corps de personnes humaines ; l’âme des voyeurs et leur rapport au corps en sont gravement pervertis).

Les actes de marchandisation ou d’abus du corps humain deviennent encore plus horribles s’il s’agit de corps d’enfants ou de personnes vulnérables. Que dire, alors, s’il arrive, hélas, que celui qui abuse du corps d’autrui avait pour vocation de rendre présent le corps du Christ pour le distribuer à ses frères ? Ce n’est pas tolérable.

J’ai invité à relire et à travailler cette année la Lettre de saint Paul aux Ephésiens. Dans ce texte du Nouveau Testament, le mot "corps" n’est pas employé d’abord dans un sens moral individuel, mais dans un sens spirituel et communautaire. Il s’agit de l’Église, "corps du Christ" toujours en train de grandir. « En vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ. Et par lui, dans l’harmonie et la cohésion, tout le corps poursuit sa croissance, grâce aux articulations qui le maintiennent, selon l’énergie qui est à la mesure de chaque membre. Ainsi le corps se construit dans l’amour » (Ep 4,15-16). Faire corps, dans l’amour fraternel, est la feuille de route de l’Église. C’est le moyen sûr de canaliser nos énergies selon le projet de Dieu. Dieu souhaite notre croissance spirituelle, notre plein épanouissement humain dans l’amour du Christ. Participer à la croissance de l’Église-corps permet de surmonter les tentations de la marchandisation et du mépris du corps. La canalisation de l’énergie de chaque membre au service de l’harmonie et de la cohésion du corps du Christ permet finalement « la transformation spirituelle de notre pensée » (Ep 4,23). Cette transformation spirituelle va remplacer en nous toute « amertume, irritation, colère, éclats de voix, insultes » ou « méchanceté » par la « générosité et la tendresse » et par le « pardon mutuel » (cf. Ep 4,31-32).

Le corps humain permet la relation entre les personnes. C’est pourquoi il est précieux. Dieu ne pouvait mieux rejoindre notre humanité blessée et vulnérable qu’en prenant corps pour nous donner de faire corps. Nous faisons corps en canalisant nos énergies en vue de la même croissance harmonieuse et cohérente du corps du Christ. Cette dynamique spirituelle guérit l’individualisme matérialiste qui nous déshumanisait. Nous assistons au drame quotidien de l’injuste fossé entre les membres du corps social qui se battent chaque jour pour une vie décente et ceux qui les ignorent, occupés à s’enrichir sans vergogne. La pauvreté de l’enfant de la crèche fait ressortir la valeur sacrée du corps : le corps modèle vivant d’unité, capable de guérir les articulations d’une société polyarthritique. Que l’Enfant de Bethléem, Jésus, nous obtienne la grâce d’un cœur d’enfant, plein de générosité et de tendresse, capable de pardonner et de bâtir la paix !

Mgr Laurent CAMIADE
Evêque du diocèse de Cahors

Sommaire :
 P. 2 : Editorial de Mgr Laurent Camiade
 P. 3 : Visite pastorale au groupement paroissial de Gourdon
 P. 4 : Ordination diaconale de Barthélemy Dinama Khonde
 P. 5 : Béatification des 19 Martyrs d’Algérie
 P. 6/7 : Pèlerinage sur les pas de Padre Pio en Italie
 P. 7 : 900e anniversaire de la cathédrale de Cahors
 P. 8 : L’Avent Noël
 P. 9 : Noël : paroles d’enfants
 P. 10 : Rencontre avec le service diocésain de la Pastorale Adolescente
 P. 11 : Agenda de l’évêque
 P. 11 : "Nativité", œuvre décrite par Marie-Madeleine Rey
 P. 12 : Dans votre agenda

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