Nouvelle veillée de prière à Notre-Dame de Rocamadour

Veillée de prière pour confier nos intentions les plus chères à Notre-Dame de Rocamadour, présidée par Monseigneur Laurent Camiade

Mercredi 20 mai à 20h30, à huis clos, dans la chapelle Notre-Dame de Rocamadour

 Homélie de Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors :

Les disciples de Jésus s’attendaient à ce qu’après sa résurrection, il rétablisse toute chose comme Dieu l’avait voulu, ou au moins un certain ordre politique juste et centré sur Dieu : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » (Ac 1,6) demandent-ils.

Mais ce n’est pas cela que Jésus a fait. Il leur promet, en revanche, la force de l’Esprit Saint et, ensuite, «  il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs yeux ».

En fait, il existe au moins une part de la création qui a été préservée grâce au mystère pascal de Jésus et c’est la Vierge Marie. La bienheureuse Vierge Marie a été préservée des conséquences du péché originel par une grâce venant déjà de la passion de son Fils. La sainte Vierge Marie est le prototype de l’humanité réussie, de la docilité totale à la parole de Dieu et au souffle de son Esprit. En elle, Dieu règne. En elle, fille d’Israël, le royaume de Dieu est rétabli. Mais pour le reste du cosmos, l’imperfection persiste. Il faut attendre la parousie, le retour glorieux du Christ pour en sortir : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ».

En attendant qu’il vienne dans sa gloire, nous restons sur cette terre.

La terre est belle, c’est la création de Dieu, qu’il a voulue pour nous. En cette saison printanière, nous y voyons tant de beautés, tant de couleurs, tant de signes de la force vitale qui habite notre planète !

Mais, tandis que Jésus monte au ciel et que nous demeurons à ras du sol, nous savons aussi que nous continuons et que nous continuerons jusqu’à la fin du monde à être confrontés à nos démons, à nos pauvretés, à la violence dans nos relations, à nos gaspillages qui abîment la création et à nos virus.

Mais nous ne sommes pas seuls. La Vierge Marie, notre sainte et bonne mère, accompagne nos combats spirituels. Elle, à qui Dieu a donné de vaincre toute forme de mal, ne demande qu’à soutenir nos efforts et à consoler nos défaites. Elle est notre modèle pour écouter la parole de son Fils et pour accueillir son Esprit. Après l’Ascension, elle sera au Cénacle avec les disciples pour attendre avec eux la venue de l’Esprit Saint.

Nous ne sommes jamais seuls si nous sommes membres de l’Église dont la vierge Marie est la figure, le modèle et la mère.

L’Église, à la différence de Marie, contient des pécheurs.

Toutefois, cette différence entre Marie et l’Église n’est pas si absolue. Le Concile Vatican II a formulé le paradoxe de l’Église sainte qui pourtant contient des pécheurs d’une très belle manière que la traduction française peine à rendre : « Ecclesia in proprio sinu peccatores complectens » (Lumen gentium n° 8). Littéralement, il faudrait comprendre que l’Église, en son propre sein, embrasse des pécheurs. Ce tendre embrassement, cette étreinte des pécheurs est évidemment, pour nous qui sommes embrassés par l’Église notre sainte mère, un appel à la purification, à la conversion. Cela nous interdit d’être aveugles sur nos complicités avec le mal qui infecte le monde —même chrétiens, nous ne sommes pas moins vulnérables aux tentations de notre époque— ; cela nous appelle à regarder avec lucidité nos failles et à ne jamais nous complaire dans le mal. Laissons-nous donc attirer par l’amour du Christ pour que la force de l’Esprit Saint nous réoriente vers la beauté du projet de Dieu sur nous.

Si l’Église embrasse les pécheurs que nous sommes, la Vierge Marie le fait aussi. Elle nous prend dans ses bras maternels avec tendresse et nous pouvons nous laisser aimer par cette douce mère comme par notre sainte mère l’Église, et dans le même mouvement de confiance et de miséricorde.

«  Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous, dit Jésus ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre  ». Telle est notre vocation : devenir des témoins du Christ fortifiés par l’Esprit Saint. La flamme que nous avons allumée ce soir est le rappel de notre vocation à être témoins du Christ. Car Dieu appelle tous les hommes à cette sainteté.

Devenir témoin du Christ, lumière pour nos frères, ne consiste pas à prétendre être meilleurs que les autres, mais à se réjouir d’avoir expérimenté l’amour miséricordieux de Dieu qui s’exprime dans la maternité de la Vierge Marie et dans les consolations offertes par la sainte Eglise qui embrasse des pécheurs. Cela, cette grande miséricorde, nous avons à en être des témoins inlassables.

Si on regarde l’Église comme une froide institution qui prétendrait donner des leçons de morale à tout le monde, il y a de quoi pleurer. En contemplant la Vierge Marie, ici à Rocamadour, cette vierge noire ancienne aux bras grands ouverts et abîmée par les siècles, nous pouvons réaliser que l’Église embrasse les pécheurs. Si nous réalisons que l’Église étreint les pécheurs qui se repentent pour que la miséricorde de Dieu les réoriente dans l’amour et la sainteté, il n’y a plus qu’à se réjouir et à espérer avec confiance le retour glorieux du Christ !

Que Notre-Dame nous aide à ne jamais désespérer en ce monde mais à devenir des témoins du Seigneur, animés par le Saint-Esprit, prophètes de la miséricorde et de la tendresse de Dieu.

Amen. Alleluia !

Mgr Laurent Camiade


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