Décès du P. Jean-Gabriel Delsol

Frère Jean-Gabriel DELSOL 1912-2011

Né à Saillac le 23 mars 1912, Paul Fernand DELSOL, a passé sa petite enfance à Jamblusse dans la maison qu’habitaient ses parents, exploitant quelques hectares de terre avec deux bœufs pour élever vingt-cinq moutons. Il avait un frère aîné. A l’âge de 18 ans, il entre au Grand Séminaire de Cahors, encouragé par son curé qui lui a enseigné les rudiments du latin et aidé par une généreuse bienfaitrice qui prend en charge ses années études. Il est ordonné prêtre à Cahors le 19 juillet 1936.

Neuf années au service du diocèse de Cahors.

A l’automne 1936, il est nommé surveillant et économe-adjoint du Petit Séminaire de Gourdon. Puis quelques années plus tard, il est vicaire de la paroisse de Gramat. Pendant les vacances, avec d’autres prêtres et séminaristes, il fait quelques séjours à l’Abbaye d’En Calcat et c’est lors d’une retraite prêchée par le Père Philibert Moreau, prieur de la jeune communauté de Madiran qu’il décide d’embrasser la vie monastique. Son évêque ne veut pas le laisser partir… Finalement, au début de l’été 1945 il obtient le feu vert et entre à Madiran le 25 septembre 1935.

Moine à Madiran puis Tournay.

Déjà formé par ses années de Grand Séminaire, le jeune abbé Delsol franchit les étapes de la vie monastique :

• Prise d’habit le 28 octobre 1945, où il reçoit le nom de « frère Jean-Gabriel »
• Profession temporaire le 1er novembre 1946

• Profession solennelle le 1er novembre 1949

Sa première obédience sera de s’occuper de l’alumnat, ce groupe d’enfants qui suivent leur scolarité (classes de 6ème à la 4ème) au sein de la communauté monastique. Il se révèlera un éducateur aimé de ses élèves dont beaucoup resteront en contact avec lui longtemps après. Il aura aussi à s’occuper du petit groupe des frères convers de la communauté, groupe de frères menant une vie de travail et de prière selon un rythme différent des moines de chœur. Juste avant le Concile, les ‘classes’ seront abolies et les frères deviendront moines à part entière.

Deuxième Père Abbé de Tournay.

La santé du Père Abbé Philibert Moreau s’étant progressivement dégradée, il faut lui donner un coadjuteur. Le 28 décembre 1963, le P. Jean-Gabriel est élu par ses frères et recevra la bénédiction abbatiale le 31 mars 1964 ; sa devise frumentum Christi est tout un programme ! En 1965, lui qui n’avait jamais beaucoup voyagé rend visite aux frères de la fondation de Curitiba au Brésil. Quelques mois après la mort du Père Philibert et conscient des années difficiles qui s’annoncent après le Concile, le Père Jean-Gabriel remet sa charge d’abbé et passe alors deux années dans la communauté des moines de Belloc.

Inlassable prédicateur et accompagnateur spirituel.

Quand il retrouve sa communauté de Tournay, il est au nombre des frères qui assurent des prédications, récollections, retraites auprès de communautés religieuses. Innombrables sont les personnes qu’il a accompagnées, écoutées, aidées de ses conseils judicieux et pleins de sagesse. Quand il est au monastère, il rend service à l’hôtellerie et s’adonne au jardinage avec amour et compétence. En 1984 il fait un long voyage en Afrique de l’Ouest, assurant la prédication de retraites dans plusieurs communautés monastiques d’hommes ou de femmes ; il gardera de ce voyage des souvenirs inoubliables.

Dernières années au monastère.

L’âge venant le Père Jean-Gabriel voyage moins. Cette étape correspond aussi à un déplacement des activités de la communauté davantage recentrées. Il y a moins de prédications et d’autres frères plus jeunes assurent une certaine relève. Notre frère s’insèrera comme naturellement dans l’équipe des frères qui travaillent à l’atelier de pâte de fruits. Il en sera un pilier jusqu’aux derniers jours de sa vie, assurant chaque après-midi une présence efficace. Quand il n’y avait pas de travail pour lui, il trouvait toujours à s’occuper avec une bêche et une brouette pour entretenir un coin de la propriété. Il passait aussi des heures au parloir à écouter et conseiller bien des personnes qui continuaient à venir le voir. Jusqu’u bout il a rendu tous les services de communauté qu’il pouvait assurer : balayage, vaisselle etc.

Il est mort comme il a vécu.

Qu’avait-il dans les poches de son pantalon quand il est subitement décédé à la clinique à Tarbes, juste après avoir passé un scanner ? Un chapelet, un opinel, petit couteau qui ne le quittait pas, un petit agenda où il inscrivait ses rendez-vous dans lequel il y avait deux images, une de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus avec la mention « Tout est grâce », l’autre de son saint patron lotois, St Jean-Gabriel Perboyre, lazariste martyrisé en Chine. Il y avait aussi une petite feuille où il avait la liste des frères de la communauté avec les dates de naissance ; et deux autres indications : le nombre de paroisses et de prêtres des diocèses de Tarbes et de Cahors, chiffres sans date, donc difficile de savoir à quelle époque remontent ces statistiques. Enfin une autre indication quelque peu surprenante, le nombre de marches des différents escaliers du monastère entre le sous-sol et le galetas : un total de 75 inégalement réparti ! Ce petit inventaire n’est-il pas bien significatif de notre frère ? Un chapelet pour prier ; deux images et leur mention précise : primat de la grâce mais aussi dimension du sacrifice et du martyre. Son enracinement humain, spirituel, ecclésial : les diocèses de Cahors et de Tarbes ; enfin la liste des frères qu’il pouvait lire, à partir de laquelle il pouvait dans la prière évoquer les visages et les âges. Quant au nombre des marches de nos escaliers… outre leur réalité d’exercice physique et Dieu sait s’il en aura monté et descendu des marches jusqu’à la veille de sa mort, osons y voir une réalité plus symbolique, les degrés de l’échelle de l’humilité que décrit le chapitre 7 de la Règle de St Benoît, mais aussi l’échelle de Jacob. En tout cas, un beau témoignage que ces quelques objets qui nous disent ce que fut la vie de notre frère : vie de prière, vie enracinée dans une histoire et un terroir, vie fraternelle. Valeur symbolique aussi du couteau et des marches : il faut savoir parfois couper et retrancher, et aussi monter et descendre.

Ce 6 mars 2011

frère Joël, abbé de ND de Tournay


On trouvera sur le site internet de l’Abbaye de Tournay, mis en lien après ce texte, l’homélie prononcée par l’Abbé du monastère aux obsèques de Fr Jean-Gabriel

Voir en ligne : http://www.abbaye-tournay.com/categ...

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