Une action missionnaire au Cambodge

Centre Jean-Paul II pour la Vie

Depuis l’inauguration de ce village pas comme les autres en février dernier par le Nonce Apostolique et Monseigneur Émile Destombes, Vicaire Apostolique de Phnom Penh, une saison des pluies est passée. Et avec Elle, toute l’eau, bienfait pour la terre et les hommes. En quelques mois, les mûriers se sont vus garnir de belles grosses feuilles qui feront la joie des vers à soie qui devraient arriver avant Noël. Et surtout les dix familles ont pu cultiver leur 8 ares de lopin de terre avec bonheur : papayers, bananier, piments, haricots longs (1 mètre), choux… de quoi améliorer le quotidien.

10 familles touchées par le virus de Sida… mais qui comme toutes les familles du monde connaissent leurs bonheur : deux beaux bébés sont nés : un garçon en février et une petite fille fin août, la scolarisation de tous les Enfants, les fêtes, les rencontres avec des groupes des Philippines, du Japon, de France. Tous ces moments sont des oasis de paix entre un aller-retour au centre de santé pour recevoir la trithérapie, ou soigner tous ces sales microbes qui prolifèrent, en particulier la tuberculose : 9 mois d’hôpital pour Vuthy.

Et chaque fois les rires, les danses et les jeux font tout oublier car c’est bien la Vie qui veut gagner ici !

Petites Graines…

Un petit clin d’oeil, Clin d’oeil de Dieu....
Il y a deux semaines, quelques amis sont venus visiter le Centre. Parmi eux, il y avait un pédiatre (Sylvie). Ses services ont vite été mis à contribution, car les enfants ont toujours de vilains bobos qui ne guérissent pas malgré les ordonnances interminables prescrites par le médecin du coin !
En passant de maisons en maisons, Sylvie s’arrête pour admirer les jolies fleurs orange qui s’épanouissent en buisson ardent.
Avant de remonter dans la voiture, une petite fille de 6 ans, court vers Sylvie avec un mouchoir crasseux dans le creux de sa main fragile. Elle le tend à Sylvie qui découvre des graines de ces fameuses fleurs orange.
C’était sa façon de dire merci. Une belle école de vie !

Partager…

Cet été 2006 a vu défiler les étudiants du centre Jeunes Études Justice (JEJ) et les élèves du Lycée Saint François. Pendant 4 semaines, par groupe de 6, ils sont venus partager leur connaissance, leur temps et leur énergie avec les enfants du Centre J.P II.
Accompagné par un instituteur, catéchumène de la paroisse Notre Dame du Sourire, ils ont donné des cours de khmer, de calcul, de dessin et de poésie pour permettre à nos petits de se maintenir en forme intellectuellement et surtout de combler quelques trous laissés béants par l’instituteur de l’école publique, plus occupé à faire son champ et à s’occuper de ses vaches qu’à venir enseigner.

Fléau de l’éducation ici, les bas salaires n’encouragent pas le zèle et la compétence ! Actuellement un salaire d’instituteur suffit à peine à payer le litre d’essence quotidien nécessaire pour venir à l’école !
Depuis le mois d’octobre nous avons mis 4 équipes de jeunes (de Takeo, Kampot, Kirivong et JEJ) qui viennent chaque dimanche pour donner des cours de soutien aux enfants et jouer avec eux !
Ces partages sont des moments d’enrichissement mutuel considérable. Recevoir et donner, le grand mouvement de la vie et de l’amour

La Maison de la Soie

Le 29 octobre dernier, Monsieur Chan Sarun, Ministre de l’agriculture est venu remettre un diplôme aux 23 premiers tisserands et tisserandes sanctionnant le succès de leur apprentissage. Pour cette nouvelle année 2007, nous accueillerons 4 nouvelles apprenties.
Grâce à la mise en place de parrainage avec l’organisation Enfants du Mékong, une caisse de solidarité sanitaire et sociale a été constituée, les jeunes femmes bénéficient d’une prise en charge des frais médicaux en cas de maladie ou pour un accouchement, ainsi que d’un congés maternité payés (25 $ par mois pendant un trimestre).

Cette année, nous allons réaliser prés de 15 000 dollars de chiffre d’affaire et plus de 6 000 dollars de salaires seront distribués. La vie des jeunes femmes change : elles font des projets, regardent leur avenir avec confiance et détermination. En deux ans quatre mariages, et déjà quatre bébés !

Nos produits reçoivent un très bon accueil auprès des clients. Cette initiative prouve que le concept de commerce équitable, n’est pas qu’une utopie pour rassurer les quelques idéalistes qui restent en Europe, mais que c’est une réelle alternative pour envisager la mondialisation : Offrir aux clients du nord des produits de qualité en permettant au producteur du sud d’être de vrais acteurs de développement.

Une oeuvre sociale... Un Chemin vers le Christ...

Le coopérant catholique que je suis, s’est souvent demandé depuis son arrivée ici, dans quelle mesure la construction et l’animation d’un centre de profit comme « la maison de la soie » pouvait être un signe, un témoignage de la Bonne Nouvelle du Christ ?

Même si je continuerai à me poser cette question jusqu’au jour de mon départ (et je crois que c’est essentiel pour rester dans un engagement de Foi), je voudrai donner deux exemples de ce que j’estime être des signes de la présence de l’Esprit dans ce projet.
Le premier c’est que le lien entre l’Eglise Catholique est le centre de tissage est toujours présenté de manière explicite. Les décisions stratégiques autour de la vie de l’entreprise, s’appuie le plus souvent possible sur « des valeurs chrétiennes » : La priorité au recrutement pour familles les plus pauvres, la mise en place de système de solidarité en cas de coup dur, la défense de la famille et l’accompagnement des jeunes femmes avec des enfants en bas âge. Même si quelques fois des concessions sont inévitables, nous cherchons avec le père Olivier à ce que ce centre soit un exemple vivant de ce que nous concevons être un « management chrétien ». Aujourd’hui, plusieurs tisserandes vont tous les dimanches à l’Eglise, et cherche à mieux connaître la Foi catholique. Au regard des questions que ces jeunes filles me posent régulièrement, je crois qu’une partie de leur questionnement est suggérée par la façon dont la Maison de la soie est gérée au quotidien.

Le deuxième s’appuie sur une histoire beaucoup plus triste : Une des tisserandes est frappée par une maladie cardiaque incurable, et depuis plusieurs mois elle est alitée alternant des périodes où son état lui permet d’être chez elle et d’autres où elle doit être hospitalisée. Une vraie solidarité active s’est mise en place quasi naturellement pour soutenir la malade. A chaque fois que je vais la visiter (ou presque) une tisserande m’accompagne, jamais la même, et à chaque fois elle apporte au nom du groupe un petit cadeau, (des fruits, ou un peu d’argent...). Pour la moisson, Thim était au plus mal, et pour sa mère il était quasiment impossible de l’accompagner à l’hôpital à Phnom Penh avant que ces lourds travaux ne soient finis. La proposition est venue quasi-spontanément et nous sommes allés tous ensemble (nous étions prés d’une quinzaine), moissonner chez la jeune malade ; le plus touchant était que les jeunes apprenties rentrées dans l’atelier que quelques jours plus tôt ont aussi participé, poussées par cette générosité collective.
Même dans les tâches les plus pragmatiques, les plus terre à terre, le Seigneur trouve son chemin pour toucher et transformer les coeurs.

Jérôme Rougié

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