Edito de Mgr Laurent Camiade
Décembre 2023

A Noël, Dieu vient vers nous.
Il vient vers nous, chaque jour, spécialement à travers les relations fraternelles.

« Les relations fraternelles sont le lieu et la forme d’une rencontre authentique avec Dieu » (Rapport de synthèse du synode romain d’octobre 2023).
Il est d’usage de formuler des vœux en fin d’année : je souhaite que partout, dans nos communautés d’Église, dans nos familles, dans tous les milieux sociaux, culturels ou professionnels, un maximum de personnes sachent et osent prendre le temps de se rencontrer, de s’écouter vraiment, avec la conviction que Dieu nous parle à travers l’autre.

Souvent, notre premier sentiment, avant une rencontre, c’est que l’on va perdre du temps. L’arrivée spectaculaire et rapide de l’intelligence artificielle avec son lot de promesses, de plaisirs faciles, de mise en contact avec un monde virtuel qui se présente comme meilleur ou plus agréable et gratifiant que le monde réel, risque fort de renforcer cette idée, cette peur des rencontres réelles, de la vie réelle. Mais, dans nos rencontres réelles, si l’écoute est vraie, si l’on y cherche Dieu, la lumière jaillit toujours, les choix que l’on fait ensuite seront plus justes et le temps offert sera, au bout du compte, du temps gagné.

L’image de l’enfant de la crèche peut illustrer ce mystère : devant un nouveau-né, on s’arrête, on sourit, on cherche son regard, on espère le sourire qu’il pourra offrir à son tour s’il sent la bienveillance de celui ou celle qui s’approche. Cela ne procure rien, en termes d’efficacité ni de production économique. Cela n’a pas de valeur marchande et pourtant… pourtant, ce regard, ce sourire d’enfant illuminera notre journée et relancera notre amour de la vie ! Les bergers accourus à Bethléem voient en ce nouveau-né la réalisation de ce message merveilleux que les anges leur avaient annoncé (cf. Lc 2,20). Leur témoignage étonne et réjouit tous ceux qui l’entendent. Ils repartent en chantant les louanges de Dieu. Sûrement, ils ne vont pas retrouver leur vie quotidienne de la même manière qu’ils l’avaient quittée. Le temps qu’ils ont pris pour aller à la crèche, pour rencontrer Jésus, Marie et Joseph, pour témoigner de leur enthousiasme, n’a pas été du temps perdu, bien au contraire.

La vie, pour les bergers, est devenue toute nouvelle car ils savent que le Sauveur, le Christ Seigneur, né dans la ville de David, c’est le ciel qui se penche sur la terre, mieux, Dieu Lui-même qui vient partager leur quotidien et l’illuminer. Par-delà nos limites, Dieu vient conférer à chaque instant de notre vie une saveur sublime. La lumière de Dieu, parfois, dans un premier temps, fait ressortir notre faiblesse, met à nu nos péchés. Mais toujours pour nous fortifier et pour nous en relever, pour que nous partagions la joie de Dieu.

Pendant l’Avent, mais aussi toute la période de Noël et des fêtes, prenons du temps pour nous rencontrer les uns les autres, pour nous écouter, pour vivre et développer des relations fraternelles qui laissent jaillir au milieu de nous la lumière du Seigneur.

+ Mgr Laurent CAMIADE,
évêque du diocèse de Cahors