Eglise actualités, la Lettre mensuelle

Première déclaration de Mgr Camiade dans l’éditorial de la Lettre du mois d’octobre

"Le 4 octobre, je serai ordonné évêque à la cathédrale de Cahors. C’est le jour de la fête de notre saint père le pape François, fête de saint François d’Assise.

Cette année, il est proposé de vivre le dimanche 4 octobre une journée pour la Création. La récente encyclique Laudato Si offre à ce sujet une réflexion très large. Elle présente, en premier lieu, un faisceau de raisons de développer nos réflexes écologiques (pouvant aller du tri de nos déchets ou autres économies d’eau et d’énergies au renoncement à certains conforts). Ensuite, à travers cet axe d’effort déjà largement porté par beaucoup de nos contemporains, le pape nous oriente vers une compréhension plus large des problèmes de notre planète.

Les terribles difficultés d’aujourd’hui, sautent aux yeux de tous avec le saccage de la nature, les déséquilibres injustes dans l’utilisation des ressources, le non respect de la vie des plus faibles (enfants à naître, personnes en fin de vie ou demandeurs d’asile) et la violence dans les relations humaines, depuis le cœur des familles jusqu’aux luttes d’intérêts ou aux folies furieuses du terrorisme. La réflexion du pape François nous montre que tous ces graves problèmes s’enracinent finalement dans notre rapport faussé aux créatures. Nous avons chacun tendance à regarder égoïstement comme des choses à posséder, à maîtriser et à consommer ce qui, en réalité, est don de Dieu à aimer et à contempler pour en déchiffrer le sens et discerner le bon usage.

La conversion écologique est donc liée à un regard attentif sur les êtres en tant que créatures. Les êtres créés sont voulus et aimés par Dieu, mieux : ils nous parlent de Dieu, leur Créateur. En réalité, si nous savons respecter chaque chose comme un don de Dieu et un signe de Dieu, a fortiori nous ne pourrons plus jamais porter un regard de mépris sur aucun frère humain. Et, là aussi, il y a de la marge ! Saurions-nous vraiment, comme saint François, embrasser les lépreux de notre temps : nos frères blessés dans leur affectivité, nos frères qui n’avaient plus rien à perdre et ont franchi les mers au péril de leur vie pour demander un accueil, nos frères chrétiens persécutés qui supplient les puissants de les protéger ?

La "conversion écologique" comprend l’écologie humaine, spécialement dans la recherche d’une guérison dans nos relations familiales. Les synodes sur la famille s’insèrent dans cette recherche d’une relation juste aux créatures, dans ce principe de l’accueil de l’autre comme un don de Dieu. La famille n’est-elle pas le laboratoire où s’apprennent habituellement les relations fraternelles ?

Mais finalement, les premiers exercices de sauvegarde de la création, les plus simples (une sobriété respectueuse dans l’usage des choses créées, spécialement des biens de consommation), sont absolument nécessaires pour que nos cœurs changent réellement. Bien des auteurs spirituels l’ont enseigné par le passé. La pauvreté volontaire ou la simplicité de vie est la porte d’entrée vers l’accroissement de l’amour de Dieu et de l’amour fraternel : "Nous étions des gens simples, et nous nous mettions à la disposition de tout le monde" (Saint François d’Assise, Testament spirituel, n° 19).

La conversion véritable ne méprise pas les petits pas, les progrès modestes dans des attitudes aux effets peut-être peu visibles dans l’instant mais qui, multipliés par des milliards d’individus peuvent totalement changer le climat de la planète. Le climat cosmique, certes, comme voudrait y travailler le prochain COP 21 qui se tiendra à Paris début décembre, mais aussi le climat relationnel. Car tout est lié. Voilà un des grands thèmes de l’encyclique Laudato Si. Si nous changeons notre rapport aux choses, nos relations humaines en seront renouvelées. Et réciproquement.

Que le Seigneur nous guide sur ce patient chemin de conversion. Qu’il nous fortifie et nous aide à nous détacher de ce qui plombe nos vies et ruine la planète".

+ Laurent Camiade

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