Dimanche 8 septembre 2024, Saint-Céré.
– Homélie de Mgr Laurent Camiade :
Mes frères,
C’est une joie d’accueillir un nouveau prêtre dans une paroisse ! C’est une grande joie car si l’avenir final, c’est la vie éternelle et le bonheur qui ne finira pas, l’avenir plus proche, c’est tout un océan de grâces, déjà si généreux et plein de promesses. Quand Jésus dit au sourd-muet « ouvre-toi », « Effata » (Mc 7,34) ! Il nous dit à nous aussi, soyez ouverts à l’avenir qui se dessine, à cette joie promise, à la joie d’aujourd’hui.
Pourquoi est-ce une joie d’accueillir un nouveau curé ? D’abord, parce que c’est la joie de voir la générosité de tous ces prêtres qui ont donné leur vie pour le service de Dieu et de leurs frères, pour notre service ! Quelle belle chose que de vivre pour les autres ! Et c’est aussi un exemple, un encouragement de voir ceux qui donnent tout pour suivre Jésus. Le prêtre a consacré toute sa vie, sa jeunesse, son âge moyen, sa vieillesse, tout son temps, pour le service de Dieu et du Peuple qui lui est confié. On ne doit pas faire du sacerdoce une tâche parmi d’autres, un simple métier, cela fausserait tout ce qui est au cœur de la mission du prêtre et qui est de rendre présent le Christ Jésus au milieu de son Peuple, rendre présent le Christ qui a donné sa vie en annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu, le Christ qui a donné sa vie en guérissant les malades, en ouvrant le cœur, les oreilles et la bouche des sourds-muets, le Christ qui a livré sa vie sur la croix pour ouvrir la vie éternelle à tous ceux qui croient en lui et accueillent son amour. Comment prétendre annoncer le Christ sans se donner également soi-même, au moins en essayant de l’imiter et de le suivre ?
Jésus a fait une très belle promesse à ceux qui ont tout quitté pour le suivre : « nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Mc 10,29-30) Ainsi est la vie des prêtres, une vie donnée à la suite de Jésus, pour témoigner de son amour et qui fait de tous ceux vers qui il est envoyé et qui l’accueillent des centaines de frères, sœurs, mères, enfants, mais aussi de maisons et de terres. Ce dernier détail qui rappelle que le prêtre qui vous est envoyé a quitté son chez lui pour arriver ici peut nous évoquer facilement le grand nombre d’églises et les quelques bâtiments qu’il a à gérer : il y a un risque d’éparpillement ou même d’écartèlement, sauf si l’on garde présent et vivant le lien qui nous unit à Jésus et qui donne son véritable sens à chaque réalité qu’il faut assumer dans notre mission.
Le prêtre est un consacré, sachons-nous en réjouir et en rendre grâce. Consacré pour quoi ? Pour la mission. Et un curé de paroisse se trouve appelé à une triple mission qu’il va porter avec l’aide de l’ensemble des baptisés : la mission de sanctifier, la mission de gouverner, la mission d’annoncer l’évangile. Cette triple mission est pour le peuple qui lui est confié.
La mission de sanctifier, c’est tout simplement faire en sorte que les sacrements soient célébrés et que le peuple ait la possibilité d’y puiser la force pour grandit en sainteté. Le curé en a la charge mais c’est encore mieux si cela se réalise avec la collaboration d’équipes de préparation au baptême ou au mariage, d’équipes de sépultures, de catéchistes. Le curé doit s’assurer que tout cela offre bien à tous la possibilité de vivre en proximité et en amitié avec Dieu.
La mission de gouverner c’est tout ce qui relève de l’autorité propre du curé qui a la charge d’organiser la vie de la paroisse. Pour bien y parvenir il n’a pas à être un autocrate mais à s’appuyer sur les conseils prévus par le droit et par la charte des paroisses de notre diocèse : le conseil économique, le conseil pastoral, l’équipe d’animation pastorale. Il gagne aussi à être à l’écoute de chacun pour ne pas passer à côté de l’Esprit Saint qui fait vibrer le cœur de tous les baptisés.
La mission d’annoncer l’évangile est la plus importante et elle englobe les deux autres. Car c’est l’Évangile qui nous a fait connaître la puissance des sacrements qui sont la continuation des actes de Jésus. Par exemple l’évangile d’aujourd’hui parle de ce mot « effata » qui veut dire « ouvre-toi » et qui est repris dans les rites du baptême, signe que la grâce baptismale prend vraiment sa source dans l’ensemble des actes du Jésus qui guérissent. Et l’évangile doit aussi guider toute la manière de gouverner du curé qui ne peut pas s’appuyer seulement sur des règles de management mais bien sur la parole du Seigneur. Jésus « a bien fait toutes choses » (Mc 7,37) dit encore l’évangile de ce matin. Cela doit inspirer le gouvernement du curé. Mais par ailleurs, il doit aussi annoncer la parole de Dieu pour elle-même, la faire résonner aux oreilles de tous, prêcher à temps et à contretemps (Cf. 2 Tim 4,2) comme le conseillait saint Paul. Il a le devoir de veiller à ce que la catéchèse soit offerte à tous, enfants, jeunes, adultes ou même ceux qui ont un handicap et à faire en sorte que ce soient bien les vérités de la foi qui soient annoncées de façon aussi claire que possible. C’est une joie d’annoncer la bonne nouvelle et c’est une joie de l’entendre quand elle vient toucher nos cœurs et répondre à nos interrogations, à nos inquiétudes, à nos peurs pour y apporter la lumière du Seigneur.
Toutes ces missions de sanctifier, gouverner et évangéliser, les curés ne les portent pas seuls, l’ensemble des fidèles, chacun selon son charisme ou la mission reçue, y participent. Mais c’est aussi une tâche à réaliser en communion avec toute l’Église, avec le pape François et avec les évêques, spécialement l’évêque du diocèse. Cela s’incarne dans des collaborations à l’échelle diocésaine, et également de manière plus proche dans le doyenné et avec les paroisses voisines. Les groupements paroissiaux de Biars-Bretenoux et de Sousceyrac sont ici les partenaires naturels de celle coopération.
Le curé est un prêtre configuré au Christ par son ordination et qui reçoit la mission d’annoncer l’évangile, de sanctifier et de gouverner une paroisse. Tout cela est à vivre en comptant sur le Saint-Esprit reçu par l’imposition des mains et qui est le véritable consécrateur. L’Esprit Saint est le véritable inspirateur de l’annonce évangélique, Il est le véritable sanctificateur et Il est le véritable gouverneur de l’Église. L’Esprit Saint se rend d’autant plus visible en tant qu’acteur principal de la mission quand grandit la communion entre les communautés multiples qui composent l’Église, quand chacun trouve sa place et quand on voit que les efforts variés des fidèles, prêtres, diacres ou laïcs concourent à la même œuvre dans le même enthousiasme missionnaire et dans la même joie partagée.
Le prêtre est un consacré qui donne sa vie pour ressembler à Jésus et le laisser guider lui-même les âmes qu’il rencontre. Les fidèles ont à être très reconnaissants du don que le prêtre a fait de sa vie pour leur édification et ils doivent l’encourager à ressembler de plus en plus à Jésus dont il est l’ambassadeur comme dit saint Paul. Si des paroissiens encouragent le prêtre dans son chemin de sainteté, ils ne sont pas seuls, la Vierge Marie est avec eux. Un prêtre dominicain originaire de Saint-Céré, le père Marie-Etienne Vayssières, qui fut, depuis son ordination, sérieusement affaibli par la maladie, s’appuyait avec une confiance totale sur l’intercession de la Vierge Marie et il disait d’elle : « à chaque instant elle agit en nous et sur nous, pour former Jésus dans notre âme, l’y faire grandir, pour le conduire comme les saints à la plénitude de son âge parfait. Elle a un rôle de vraie mère. Son action est vraiment essentielle, substantielle, c’est l’évidence même ». Cher François, que la Vierge Marie vous donne de vous sanctifier dans votre mission de curé de Saint-Céré ainsi participerez-vous également à la sanctification des fidèles et au rayonnement de l’Église.
Amen.
+ Mgr Laurent Camiade,
évêque du diocèse de Cahors