Fête-Dieu.

Dimanche 2 Juin 2024, confirmations (et autres) à la cathédrale.

Mes frères,

La fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ nous place devant le sacrement par excellence qui est l’eucharistie et qui marque quotidiennement la vie de l’Église. Il me semble qu’il est évident pour tous que la célébration de la messe du dimanche est au cœur de la vie de l’Église et c’est la partie la plus visible de ce que vit l’Église. « L’Eglise vit de l’eucharistie » disait saint Jean-Paul II et je crois que ceci est visible pour tous. Paradoxalement, la participation régulière des baptisés à la messe du dimanche est statistiquement assez faible, peut-être par négligence ou du fait que notre société de consommation multiplie les propositions pour occuper son dimanche soit par le travail professionnel pour quelques-uns soit par toutes sortes de loisirs, d’activités sportives, culturelles ou autres brocantes… certains sont dégoutés par ce qu’ils entendent sur ces crimes qui déshonorent le clergé et l’Église. C’est compréhensible car cela nous atteint tous. J’y vois personnellement plutôt une raison de prier davantage et de nous encourager les uns les autres à manifester notre soutien aux victimes afin de lutter ensemble contre tout ce qui est indigne de la parole de Dieu et de Jésus-Christ. Mais parmi les non-pratiquants, beaucoup disent surtout qu’ils s’ennuient à la messe, ils préfèrent donc se distraire autrement. Je crois que, pour ne pas s’ennuyer à la messe, il est important de vivre l’eucharistie, non pas de manière passive mais en s’y impliquant réellement, ce qui suppose de prendre le temps de s’y préparer.

L’évangile d’aujourd’hui met en avant les consignes que Jésus a donné à ses disciples pour préparer la célébration de sa Pâque qui sera l’institution du sacrement de l’eucharistie. Les disciples eux-mêmes ont ce souci de faire les préparatifs mais il comptent sur Jésus pour indiquer le lieu, ce qui peut vouloir dire d’orienter leur démarche. Ainsi, nous ne pouvons pas trouver le goût de l’eucharistie sans nous en remettre aux consignes de Jésus, à ses paroles et à sa grâce. Pour les guider, Jésus leur désigne « un homme portant une cruche d’eau » qui « viendra à votre rencontre » (Mc 14,13). On ne sait rien de cet homme ni si lui-même sait exactement quel est l’importance de son rôle dans l’histoire de la vie des chrétiens. Il accomplit une tâche humble, presque insignifiante. Mais c’est ainsi que se prépare l’eucharistie. Pour nous, vérifier sur le site messe-info ou la feuille paroissiale où et à quelle heure sera la messe la plus proche, s’habiller proprement, prévoir le temps suffisant pour trouver une place de parking si on vient en voiture, seront autant de gestes très simples qui nous préparent aussi le cœur, qui incarnent notre désir profond de partager la Pâque de Jésus dans l’eucharistie. On sera par ailleurs d’autant plus disposé si on a pu se confesser depuis pas trop longtemps et si on a pris le temps de lire à l’avance les lectures du jour et de les méditer.

Je ne sais pas s’il est juste de penser que la mention par l’Évangile de Marc de cet homme qui porte une cruche d’eau et qui sert de guide aux disciples pour trouver la salle est un symbole du lien entre le baptême et l’eucharistie, puisqu’il faut avoir reçu l’eau du baptême pour participer à l’eucharistie. Mais il me semble qu’il y a probablement là un point de méditation, une piste, une indication, au moins indirecte d’une vérité profonde. L’eau du baptême introduit dans la vie chrétienne, elle ouvre nos cœurs à la rencontre avec le Christ dans son Eglise qui vit de l’eucharistie. Le baptême nous fait entrer dans le lieu spirituel où Jésus se rendra présent pour nous, par la célébration de sa Pâque.

L’homme à la cruche a souvent été regardé dans les commentaires exégétiques comme un symbole de la connaissance car il sait où est le lieu choisi par Jésus pour célébrer sa Pâque avec ses disciples. On a même parfois vu en lui une sorte de philosophe, son eau représentant ce qui avait besoin d’être changé en vin comme aux noces de Cana et sa philosophie ayant pu guider certains hommes sur le chemin du Christ. En ce sens, il peut figurer tous les chemins, parfois tortueux, de la recherche humaine qui ne sait pas encore vers où elle mène mais qui permet d’avancer et, finalement prépare à être rejoints par le Christ. Un certain nombre d’adultes qui ont suivi un chemin plus ou moins long avant de trouver ou retrouver le Christ peuvent correspondre à cette cruche d’eau qui n’est pas encore le vin de l’eucharistie, mais qui a permis d’avancer, de ne pas faire du sur place et, finalement, de trouver le lieu de la présence du Christ, le lieu de son eucharistie où il se donne sans cesse à nous parce qu’il nous aime et nous veut vivants pour toujours. C’est intéressant de voir les choses ainsi parce que cela veut dire que Jésus a indiqué à ses Apôtres de se laisser guider par quelqu’un qui ne sait pas exactement vers où le conduit son chemin. Et c’est vrai que le chemin de traverse par lequel passent beaucoup de gens aujourd’hui renouvelle la foi de ceux qui étaient habitués à suivre Jésus mais avaient pu parfois un peu s’attiédir ou se décourager. Alors, si nous voyons certains de nos contemporains, de nos amis, tous ces catéchumènes adultes d’aujourd’hui, finir par entrer avec leur cruche d’eau dans la maison où le Seigneur nous rejoindra tous, nous en éprouvons un grand encouragement pour la foi, un signe que c’est vraiment le Seigneur et son Esprit Saint qui est à l’œuvre, même au détour des chemins apparemment les plus éloignés.

Une autre interprétation de la cruche vient d’un rapprochement entre des termes hébreux où le mot cruche (kad) aurait pour valeur numérique 24, ce qui correspondrait au nombre de livres de la Bible hébraïque. Ainsi, la cruche symboliserait les Écritures, dans lesquelles on trouve le chemin vers le Christ. Ceci va très bien avec le lien essentiel entre la célébration des sacrements et la Parole de Dieu qui en est inséparable. On ne célèbre pas de sacrement sans proclamer la parole du Seigneur et cette parole prépare nos cœurs à accueillir la grâce que le Seigneur veut nous faire. Elle nous guide et nous conduit certainement vers le lieu spirituel de la rencontre avec le Christ.

L’homme qui porte la cruche est à la fois l’homme qui ne connaît pas l’importance du rôle qu’il joue pour guider les disciples, à l’image de cet attrait mystérieux qui conduit les hommes et les femmes d’aujourd’hui sur des chemins originaux jusqu’à Jésus et à la fois l’homme qui oriente sa recherche vers l’écoute de la Parole de Dieu qui seule peut nous révéler pleinement qui est Jésus-Christ. Il est aujourd’hui, pour nous, l’homme qui nous encourage tous à ne pas banaliser notre participation à la messe mais à faire des préparatifs en se laissant guider par Jésus lui-même.

L’eucharistie, disait le concile Vatican II, contient le Christ lui-même, notre Pâque (cf. Décret sur le ministère et la vie des prêtres n. 5). Nous avons besoin de nous rappeler cela. Le texte de saint Marc l’indique avec évidence à travers ces paroles que nous connaissons bien « ceci est mon corps », « ceci est mon sang, le sang de l’alliance, versé pour la multitude ». Que les jeunes et les adultes qui vivent aujourd’hui une étape importante de leur chemin de foi et d’amitié avec le Christ nous aident à nous en souvenir toujours et à en vivre.

Amen.

+ Mgr Laurent Camiade, évêque du diocèse de Cahors


 Confirmations :
Abigaëlle, Barbara, Bénédicte, Casimira, Clémence, Cyprien, Dylhan, Edith, Eglantine, Florian, Léonor, Louise, Magali, Pauline, Thalimini, Senthuran
 Professions de foi :
Elodie, Elora, Estelle, Inès, Salomé, Simon, Thomas
 Premières communions :
Aymeric, Isaure, Romane
 Baptême :
Aymeric

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