Dimanche 11 mai 2025
– Homélie de Mgr Laurent Camiade :
La vie chrétienne est un dialogue amical avec Dieu, un dialogue qui donne la vie, qui rend vivant, vivant pour toujours. On le voit très simplement quand on médite sur les quelques versets de l’évangile de ce dimanche : Jésus, le bon berger des brebis que nous sommes, explique que ses brebis écoutent sa voix et qu’elles le suivent. Mais cela suppose, pour écouter la voix de Jésus, qu’il nous ait parlé et que sa parole nous concerne, nous rejoigne. Jésus dit que ses brebis écoutent sa voix et aussi il dit qu’il connaît ses brebis. Comme un bon berger, il connaît les brebis qu’il garde. Aujourd’hui, quand on a des troupeaux de 1000 brebis ou davantage, ce n’est peut-être pas toujours facile de toutes les connaître, mais Jésus se présente comme un berger qui connaît chacune de ses brebis, c’est pourquoi elles le suivent. Il y a entre elles et lui, une relation de confiance. Jésus est le fils de Dieu, et parce qu’il est Dieu, il peut connaître des millions de brebis. C’est difficile à imaginer pour nous, pour les êtres humains limités que nous sommes. Mais Dieu n’a pas besoin d’une intelligence artificielle pour connaître chacun de nous, pour voir chacun de nos actes pour aimer nos gestes de bonté, pour s’attendrir aussi de nos maladresses ou de notre faiblesse. Car, comme Jésus n’est pas un robot ni un ordinateur, il a des émotions et sa connaissance des brebis n’a rien à voir avec des calculs d’algorithmes, mais c’est vraiment une connaissance personnelle, et parce qu’il nous connaît, il nous aime, vraiment, chacun de nous, personnellement, pour ce que nous sommes.
Les brebis écoutent la voix du bon Pasteur, il les connaît et il les aime vraiment et c’est pourquoi elles le suivent, dans une relation de confiance.
Mais l’évangile ne s’arrête pas là, Jésus ajoute : « Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main ».
Là, on voit que Jésus est bien plus qu’un berger pour les brebis. Il les fait vivre. Il leur donne la vie éternelle. Une vie sans fin. Jésus lui-même est mort et ressuscité pour que notre mort ne soit pas la fin de tout, mais qu’elle puisse devenir un passage vers la vie éternelle. Il a transformé la mort en passage vers la vie, vers une vie sans fin. Cela est très puissant, c’est la plus grande révolution que l’histoire terrestre ait jamais connue et ne connaîtra jamais. On a beau essayer à prolonger la vie humaine grâce aux soins médicaux et peut-être bientôt à travers les techniques du transhumanisme, ce ne sera jamais qu’une petite prolongation de quelques années ou dizaines d’années. Jésus lui, nous donne la vie éternelle. Et il nous la donne vraiment, pas selon des rêves technologiques ni des romans de science-fiction.
Cette vie éternelle, nous pouvons déjà en faire l’expérience pendant la vie d’ici-bas, grâce à l’Esprit Saint que Jésus a donné. Le sacrement de la confirmation vient fortifier en nous le don de l’Esprit Saint que nous avons reçu au baptême. Voilà donc que Jésus nous donne son Esprit et sa vie, c’est pourquoi personne ne peut nous arracher de sa main. Personne ne peut nous arracher de la main du Père, d’auprès de qui Jésus nous a envoyé l’Esprit Saint.
Nous faisons tous ici-bas l’expérience de l’Esprit Saint, même si ce n’est pas toujours facile de s’en rendre compte. Mais le simple fait d’avoir le désir de revenir vers Dieu quand on s’est éloigné de Lui ou quand on ne le connaissait pas est un signe très clair de la force de l’Esprit Saint qui agit en nous, de la vie de Jésus qui nous a été donnée. Quand je lis les lettres des confirmands, que ce soit celles des adolescents ou celles des adultes, je me dis toujours, oui, c’est vrai, Jésus nous a envoyé l’Esprit Saint d’auprès du Père et rien ni personne ne pourra nous arracher de sa main.
Une confirmante écrit qu’elle demande la confirmation car, dit-elle, « Je comprends l’importance de ce jour, car vous me donneriez les dons de l’Esprit Saint pour que je sois davantage guidée par Dieu dans ma foi grandissante ». Comprendre intérieurement cela, et désirer recevoir les dons du Saint-Esprit, n’est-ce pas déjà avoir expérimenté en soi quelque chose de cette action de l’Esprit Saint ? Dans trois autres lettres on trouve la même idée : « Je veux faire ma confirmation pour mieux aimer et comprendre Dieu » et « Je voudrais recevoir l’Esprit Saint pour grandir dans ma foi » et enfin « Maintenant, pour être encore plus proche de Dieu, pour avoir son aide, pour grandir dans la foi, l’espérance et la charité, je voudrais recevoir l’Esprit Saint ». L’idée d’être déjà proche de Dieu et de vouloir l’être de plus en plus, pour grandir dans la foi, pour mieux aimer et comprendre, montre clairement que l’on a déjà reçu le don de la foi, que l’on aime et comprend déjà un peu et cela ne peut se faire sans l’aide de l’Esprit de Dieu.
L’expérience de l’Esprit Saint apporte aussi une aide très importante pour réaliser des choix dans nos vies. Dans une lettre de demande de confirmation, je relève par exemple ceci : « L’année dernière, une révélation s’est présentée et ça a été le déclic. J’ai compris et je crois en Jésus-Christ. Le Seigneur m’a ramenée sur le droit chemin ». On voit ici qu’une expérience de Dieu a provoqué un changement de vie, un retournement pour s’orienter « dans le droit chemin ». Une autre lettre contient ces mots : « grâce à la préparation à la confirmation j’ai appris à mieux connaître Jésus-Christ, à comprendre davantage la foi chrétienne et à m’engager à vivre en disciple du Christ ». Sont encore une fois mentionnées l’expérience de la connaissance de Jésus, de ce dialogue amical avec lui, mais en plus, l’indication que cette expérience conduit à une transformation de vie, un engagement à le suivre. « mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent » C’est exactement ce que promettait le Seigneur Jésus dans l’Évangile. Pour vérifier si un désir intérieur vient vraiment de Dieu, si c’est un fruit de l’Esprit Saint, il est très éclairant de voir comment cela correspond à ce que l’on trouve dans l’Évangile, aux paroles mêmes de Jésus que l’on se met à vouloir écouter pour mieux le suivre. L’Esprit Saint produit aussi la paix intérieure et adoucit nos relations avec les autres personnes, il donne de la joie. Parfois, l’Esprit Saint nous secoue, provoque dans l’instant des sursauts, des petits troubles momentanés, mais très vite il conduit à la paix, à la joie, à plus d’amour pour Dieu et pour les autres. Savoir être à l’écoute de ces mouvements intérieurs que produit en nous l’Esprit Saint aide très grandement à prendre de bonnes décisions, à découvrir aussi quelle est notre vocation.
La force de l’Esprit Saint se fait sentir intérieurement et elle est un soutien pour une vie quotidienne sereine et heureuse. On trouve encore, dans une de vos lettres, l’expression de cette conviction : « je pense que l’Esprit Saint m’aidera à prier et à ne pas avoir peur de mes craintes. J’en ai besoin. » Oui, l’Esprit Saint, si nous gardons le cœur ouvert à son action, nous permet de vaincre nos peurs et de goûter la sérénité, de partager quelque chose de la joie de Dieu. Ce que dit Jésus dans l’évangile à propos des brebis que le Père lui a confié : « personne ne peut les arracher de ma main » et « personne ne peut les arracher de la main du Père » éclaire bien cette sécurité que donne la foi et qui se produit lorsque nous écoutons la voix du bon berger qui est Jésus et que nous nous mettons à le suivre.
Dieu nous parle comme à des amis. Il nous connaît et nous appelle à le suivre. Par son Esprit Saint, il fortifie notre désir et nous éclaire pour choisir le bon chemin. Il fait grandir notre espérance car il nous donne la Vie éternelle. Amen.
+ Mgr Laurent Camiade
Evêque du diocèse de Cahors