À Wuhan, en Chine, les chrétiens invoquent un saint originaire du Lot

(Sources : Actu Lot / Jean-Claude Bonnemère)

Le premier martyr de Chine est né à Montgesty, dans le Lot. En 1840, il est condamné à mort à Wuhan. Son nom est aujourd’hui invoqué par les chrétiens chinois, face au coronavirus.

« Saint Jean-Gabriel Perboyre, le premier saint de Chine canonisé, a été martyrisé par strangulation sur une croix, à Wuhan, point de départ de la pandémie du coronavirus » écrit le professeur Anthony Clark (1) auteur d’une biographie consacrée au Père Jean-Gabriel Perboyre, né dans la ferme quercynoise du Puech, commune de Montgesty, le 6 janvier 1802.

Trahi par l’un de ceux qu’il préparait au baptême

Saint Jean-Gabriel Perboyre, un prêtre missionnaire vincentien (2), trahi par un de ses catéchumènes pour de l’argent, a été enchaîné, torturé, fixé sur une croix de bois et étranglé à Wuhan en 1840.

Le professeur Anthony Clark, professeur d’histoire de la Chine, a passé de nombreuses années à Wuhan pour étudier la vie de saint Jean-Gabriel Perboyre et de saint François Régis Clet, un autre prêtre lazariste du XIXe siècle martyrisé lui aussi à Wuhan.

Le professeur Clark a assuré à la Catholic News Agency, que les saints martyrs de Wuhan sont des intercesseurs particulièrement adaptés pour ceux qui souffrent du Covid-19 actuellement. Il écrit : « Les saints Perboyre et Clet qui ont tous deux été tués par strangulation, sont morts parce qu’ils ne pouvaient plus respirer. Comment ne pourraient-ils pas être les intercesseurs appropriés pour cette maladie ? Parmi les tortures dont Jean-Gabriel Perboyre a souffert étaient les coups sur le bas du dos qui l’obligeaient à s’agenouiller sur du verre brisé. Il a certainement connu les souffrances physiques de l’agonie et il doit être un soutien pour ceux qui, aujourd’hui, souffrent du virus ».

Des missionnaires fondateurs d’hôpitaux

Wuhan aujourd’hui tristement célèbre comme origine du coranovirus, a été autrefois un avant-poste des missionnaires catholiques qui ont fondé les hôpitaux de la ville.

À l’extérieur de Wuhan, l’hôpital central, où le lanceur d’alerte le Dr. Wenliang est mort, se trouve la statue du missionnaire italien, Mgr. Eustachius Zanoli. En 1886 il a invité les Filles de la charité canossiennes à offrir des services sociaux et en 1880, il a établi l’hôpital catholique de Hankou, qui a conduit à la fondation du développement du second hôpital de Wuhan (1955) et ensuite de l’hôpital central de Wuhan (en 1999) .

Une autre structure proche, l’hôpital Jinyintan de Wuhan, est en mesure de retracer les racines de la maladie infectieuse. Il s’agit d’un hôpital fondé par les missionnaires franciscains en 1926, l’hôpital catholique Père Mei de Hankou. Il a reçu le nom du P. Pascal Angelicus Melotto (1864-1923), un missionnaire franciscain qui avait pris le nom de Frère Mei Zhanchun comme nom chinois. Il a été kidnappé pour une rançon, tué par une balle empoisonnée, en 1923. L’hôpital catholique de Hankou à la mémoire du Père Mei a été desservi par les sœurs franciscaines de la Doctrine Chrétienne, jusqu’à l’expulsion des missionnaires de Chine en 1952, après la révolution communiste.

"Les catholiques de Wuhan ont une grande dévotion à l’eucharistie et aux membres de l’ordre de Saint Vincent de Paul, tel Saint Jean-Gabriel Perboyre".

Les chrétiens ont caché les tombes des saints

« La communauté catholique de Wuhan, qui a durement souffert dans l’ère du grand maître Mao et de la révolution culturelle, a dû cacher les tombes des saints Perboyre et Clet durant cette période, pour les protéger, en raison de leur grande dévotion pour ces martyrs » souligne le professeur Clark. Il poursuit : « Lorsque j’étais sur place, j’ai visité le séminaire où les deux pierres tombales sont offertes à la vénération ; les catholiques de Wuhan ont une grande dévotion à l’eucharistie et aux membres de l’ordre de Saint Vincent de Paul, comme Perboyre et Clet, qui sont morts pour eux, ont répandu leur sang sur le sol de cette ville. »

De nombreux missionnaires ont quitté la Chine au XIXe siècle sachant qu’ils ne pourraient jamais y retourner.

Un don total à Dieu

« Je ne sais pas ce qui m’attend pour le chemin qui s’ouvre devant moi : sans aucun doute la croix, qui est le pain quotidien du missionnaire. Que pouvons-nous espérer de meilleur, aller prêcher un Dieu crucifié ? » écrivait saint Jean-Gabriel Perboyre dans une des lettres durant son séjour en Chine.

Les restes du Père Perboyre sont aujourd’hui à la maison mère des lazaristes à Paris. Sa tombe a été placée dans un autel d’une chapelle dans l’église où l’on trouve également le corps de Saint Vincent de Paul, béatifié en 1889 par le pape Léon XIII.

« Sainte Thérèse de Lisieux avait une dévotion particulière pour Jean-Gabriel Perboyre et conservait une carte signée de lui, dans son livre de prières » relève encore le Dr Clark.

Lors de la canonisation de saint Jean-Gabriel Perboyre en 1996, saint Jean-Paul II a affirmé : « Sur les chemins où il a été envoyé il a rencontré la croix du Christ. Dans l’imitation quotidienne du Seigneur, humblement et dans la douceur, il s’est entièrement identifié à lui. Après avoir été torturé et condamné, il a reproduit la Passion de Jésus avec une étrange ressemblance, jusqu’à arriver à mourir et mourir sur la croix ».

Aujourd’hui, les catholiques de Wuhan sont « connus pour passer de longues heures d’attente aux confessionnaux là où les prêtres sont attentifs aux enseignements authentiques de l’Église, ils sont de merveilleux témoins ; le traumatisme de la communauté chrétienne de Wuhan a été adouci par la force de la foi dans cette région » termine le professeur Clark.

Condamné à mort le 15 juillet 1840

Wuhan (8,5 millions d’habitants) fait partie de la province de Hubei, au centre de la Chine. Jean-Gabriel Perboyre a été d’abord envoyé dans la province de Henan (qui touche la province de Hubei). Arrivé après un difficile voyage sur son lieu de mission en aout 1836, il y trouve une population misérable de quelques 2000 chrétiens répartis sur de grands territoires. Pour aller à leur rencontre il parcourt des centaines de kms à pied. Il y restera deux ans pour répondre en 1838 à une autre mission dans la province de Houpé. Il sera condamné à mort le 15 juillet 1840 par le tribunal de la province de Hubei à Ou-Tchang-Fou (Wuchang, quartier de la ville de Wuhan). Devinant la sanction future, c’est là qu’il confie à un catéchiste venu le visiter : « Je suis heureux de mourir pour le Christ ».


(1) Anthony Eugene Clark est un sinologue, historien et écrivain américain, auteur de dizaines de livres, d’articles et autres publications dans les domaines de l’histoire sino-occidentale, sino-missionnaire et de la Chine ancienne. Il est titulaire de la chaire Edward B.
(2) de la congrégation de Saint Vincent de Paul, également appelée congrégation des Lazaristes.

 A noter :
Comme tous les ans, un grand rassemblement est organisé au Puech, son lieu de naissance, et à Montgesty au mois de septembre.
Si les conditions le permettent, cette année sera fêté le 180e anniversaire du martyre de Jean-Gabriel Perboyre à Montgesty.

 Informations : Association des Amis de Jean-Gabriel Perboyre
mail : association_jgp_perboyre@hotmail.com
Tél. 06 83 23 13 17

Soutenir par un don