Décès de l’abbé René EXE

AVIS DE DECES

Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors,
les prêtres et les diacres du diocèse,
sa famille et ses amis,
vous font part du décès de

L’abbé René EXE

survenu à Gourdon
le 17 février 2022 à l’âge de 91 ans
et dans la 63ème année de son ordination sacerdotale

Ses funérailles ont été célébrées
en l’abbatiale Sainte Marie de Souillac
le samedi 19 février 2022 à 10h

 Homélie des funérailles de l’abbé Exe :

Le 19 septembre 1930, l’abbé René Exe naît à Montredon, premier d’une fratrie de 6 enfants. Ses premières années, il les vivra à la ferme de ses parents ; il y apprendra à être un homme de la terre. Est-ce là que sa vocation va naître ? Sans doute, telle un grain semé en terre. Pour la nourrir et la déployer, il aura la chance de pouvoir faire des études en allant au petit séminaire de Gourdon puis au grand, à Cahors. Son amour de l’histoire, entre autre, s’y déploiera ; il avait toujours un livre, même pendant les promenades ! A l’époque, ses collègues se souviennent par exemple de son intérêt pour le monde ouvrier. C’était déjà un homme de relations qui aimait partager ses connaissances livresques.

Pendant cette même période, comment ne pas parler de sa chère Tunisie !? Qui n’a pas entendu parler de ce service militaire qui l’aura tant marqué ? Même si nous pouvions le taquiner sur ce sujet tellement il était intarissable sur le sujet, nous savions au fond qu’il en avait besoin. C’était sa façon à lui d’extérioriser certains événements sans doute très douloureux. Petite parenthèse : certains doivent se demander pourquoi il n’y pas le drapeau français sur son cercueil ; c’est parce que celui-ci est dans la position du prêtre, c’est-à-dire tourné vers l’autel. Son étole et son aube, signes des services religieux qu’il a rendus en sa qualité de prêtre catholique, y ont donc logiquement une place prépondérante.

Pour ces 60 ans d’ordination, en 2019, Monseigneur, souvenez-vous du cadeau que vous lui avez fait et qu’il a gardé précieusement près de lui : cette croix avec Marie et Jean, aujourd’hui posée sur son cercueil. Ordonné le 14 mars 1959 dans l’église des Cordeliers du petit séminaire de Gourdon, il sera nommé vicaire instituteur à Cajarc et directeur de l’école libre, dès septembre. Il était exigeant avec ses élèves, sévère parfois, tellement il croyait en eux et voulait les voir réussir leurs études. En 1964, il est nommé vicaire à Gourdon puis, en 1966, l’abbé Exe est intégré à l’équipe sacerdotale de st Barthélémy, à Cahors, jusqu’en 1979. Il y arpentait les rues de la ville à la rencontre des gens, qu’ils soient pratiquants ou non. Pendant l’année scolaire 1975-1976, il sera aumônier du lycée Gambetta. Pour nourrir sa vie intellectuelle et spirituelle à la fois, il participait chaque année à la session biblique des jésuites de Notre Dame des Côteaux à Toulouse ; ceux-ci l’avaient repéré car il enregistrait les interventions.

En 1979, il retrouvera ses racines à Montredon, pendant une année. Mais c’est en 1980, qu’il pose définitivement ses valises à Souillac, auprès de son grand ami l’abbé Georges Trivié. D’ailleurs, son décès l’an dernier l’affectera fortement ; il ne s’en relèvera pas, s’éloignant peu à peu de nous dans sa tête. Ces derniers mois furent difficiles pour sa sœur et son beau-frère et pour ses proches, ici. On se console en se disant qu’il n’a pas souffert physiquement et n’a pas non plus eu vraiment conscience de son état. Mercredi dernier, il a pu voir sa sœur une dernière fois et recevoir le sacrement des malades. C’est alors qu’il a pu définitivement s’abandonner dans les bras de son Seigneur et partir le rejoindre, avec ses nombreux frères et sœurs déjà entrés dans la lumière.

Il aura ainsi servi les paroissiens pendant 34 ans avant d’entrer dans le foyer logement de Souillac, en 2015. Pendant cette longue période, il aura rencontré tant d’habitants des villages de la paroisse – il aimait raconter des anecdotes en occitan-. Il connaissait toutes les églises de la paroisse, « les on dit », les « non-dit », les misères et les richesses de beaucoup. Il aura aussi visité tant de malades, de personnes seules, discuté avec les non-croyants, évoquant la vie d’antan, les récoltes à venir, etc. Il aura aussi géré les finances notamment en organisant des kermesses, fait le catéchisme, etc. Les bancs sur lesquels vous êtes assis sont un des témoins de son activité mais aussi de son amour pour l’abbatiale. Il serait si heureux d’apprendre que le projet de restauration y a pris forme ! Son fameux petit livret explicatif y est sans doute pour quelque chose. Son amour de l’histoire a ainsi pu se déployer à l’envi dans ce grand vaisseau vieux de plus 7 siècles et demi.

Mais quel homme était-il ? Quelqu’un me disait : « il avait beaucoup de cœur sous des apparences brusques ». C’était un « homme de foi, de convictions, de caractère ». A lire et entendre des témoignages depuis deux jours, je pense que cela résume assez bien la personnalité de René. Très relationnel avec beaucoup, franc du collier – ce qui ne plaisait pas toujours -, il avait besoin aussi de se retrouver avec lui-même, besoin de prier son Seigneur au milieu de Sa création. Pour cela, il avait son jardin et petit minou, le chat des religieuses, qui le suivait « comme un petit chien ». Sr Marie, vous me disiez aussi hier qu’il venait lire chez vous son journal chaque jour. C’est un signe du lien étroit qu’il a pu tisser, au fil des années avec vous et vos sœurs. Vous dites qu’il vous a beaucoup aidé dans les moments difficiles mais sachez que la réciproque est vraie.

René : il aimait bien dire que son prénom était plein d’espérance chrétienne ! Même si beaucoup parmi vous le nommait « abbé », désormais c’est par son prénom que les anges et les saints l’accueillent dans ce royaume de Dieu qu’il a prêché en sa chère abbatiale pendant 34 ans. Merci René.

Père Bertrand Cormier

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