Décès du Père André Conte

AVIS DE DECES

Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors,
les prêtres et les diacres du diocèse,
sa famille et ses amis,
vous font part du décès de

Monsieur l’abbé André CONTE

survenu le mardi 27 avril 2021 à Cahors
dans sa 92° année, après 66 ans de sacerdoce

Ses funérailles ont été célébrées le jeudi 29 avril à 10h30
en l’église Saint-Pierre-es-liens de Vaylats
et l’inhumation également à Vaylats.

Nous sommes en communion de prière avec toute sa famille, en particulier notre frère diacre Christian Conte son neveu, avec les filles de Jésus de qui il était proche, la mission de France qui a marqué son ministère et l’ensemble des personnes qui lui sont restées attachées.

Qu’il repose dans la paix et la lumière du Christ.

 Homélie du Père Jacques Hahusseau :

C’est André qui a choisi ces lectures que nous venons d’écouter (Sagesse 3/1 à 9 - Luc 24/ 13 à 35). André nous a quitté. Il nous attend ailleurs. Il nous donne rendez-vous, ce matin, sur la route d’Emmaüs pour y retrouver Jésus et ces deux disciples, en retour de Mission.

Nous célébrons le "retour de Mission" d’André. Ensemble nous voulons nous recueillir et accueillir ce que sa vie nous a donné. Son ami et voisin, Pascal, nous a retracé la vie d’André au service de ce diocèse de Cahors : vieillesse généreuse, caractérisée par la Sagesse courageuse, la lucidité fruit d’une longue route avec le Peuple de Dieu.

Nous avons écouté le Livre de la Sagesse : “la Vie des Justes est dans la main de Dieu ; on les croyait anéantis, alors qu’ils sont dans la Paix...”.

André savait que la fin était proche. Peu de temps avant de mourir, il avait dit à sa famille et ses proches “ Je suis en Paix... Je pars en Paix !.. “ Il avait demandé au médecin de lui dire la vérité. La connaissance de son mal et la vérité sur sa maladie, ont alimenté cette Paix intérieure. André a ensuite parlé longuement avec sa famille, donné ses derniers conseils, fait ses dernières demandes. C’est ainsi qu’Il a quitté cette terre, lucide, courageux, confiant, paisible et fraternel.

Cette terre des Causses et du Quercy, André l’aimait. C’est là qu’il a passé sa vie ; il y était heureux. C’est là qu’il a demandé à reposer, dans l’enclos des Sœurs qu’il a servi pendant ces dernières années. De cette terre des Causses, André avait gardé le sens de la persévérance et de la résistance. Ici, il faut s’accrocher pour vivre et pour durer, comme les chênes, petits mais résistants. André était ainsi, un « accrocheur ». Il portait en lui cette volonté de vivre et de faire vivre. Il donnait de l’élan aux Missions Pastorales qui lui étaient confiées (Paroisses Catéchèse, Aumôneries de jeunes, Scouts et Guides de France... etc..) Ce dynamisme missionnaire allait trouver sa plénitude et orienter sa vie à partir du Concile Vatican II.

André s’était lancé heureux dans l’aventure de ce renouveau ecclésial auquel le Concile nous appelait : Vivre une Église ouverte au dialogue, à l’écoute et au partage ; une Église soucieuse de sortir du confinement pour prendre la route à la suite de Jésus de Nazareth ; une Église pour aller au-delà des frontières, vers ceux et celles qui étaient « hors frontière » , mal aimés, mal compris, marginalisés ; une Église attentive aux joies et aux espoirs, tristesses et angoisses des hommes et femmes de ce temps ; Église ouverte aux petits et aux pauvres.

Sur sa route d’Emmaüs, André a reconnu les pas du Ressuscité. Il a entendu l’appel du Concile et a voulu suivre les pas de Jésus, ressusciter avec lui et le suivre sur de nouveaux chemins d’Espérance et de Vie. Le Ressuscité venait à la rencontre des hommes et femmes de ce temps . Il allait faire route avec eux, écouter, partager leurs préoccupations, réchauffer leur cœur par sa Parole, les conduire au partage du Pain pour continuer avec Lui l’aventure de la Foi , en appelant les autres. Le Concile aidait André à devenir disciple et missionnaire.

C’est pendant ces années de bourgeonnement conciliaire, vers les années 1970, que j’ai eu le bonheur de partager avec André mes premières années de ministère presbytéral. Nous étions engagé dans l’aventure des Aumôneries des lycées et collèges pour la catéchèse. L’évidence était là : on assistait à l’essor d’une nouvelle culture qui n’était plus chrétienne et qui interpellait l’Église. Le monde changeait. Les jeunes étaient déroutants et les parents étaient déroutés. Notre peuple du Quercy larguait peu à peu les amarres du christianisme rural. Il fallait repenser notre Mission ecclésiale. Le Concile Vatican II nous donnait l’élan.

Que faire ? Comment faire ? La « Mission de France » allait montrer un chemin et ouvrir la route. C’est avec elle que André, et d’autres, se sont mis en marche. Ils se sont engagés avec joie et enthousiasme dans ce dynamisme ecclésial de la Mission de France, porté par une Communauté missionnaire de laïcs, prêtres, diacres, religieux, religieuses. Dans ce nouveau dynamisme missionnaire, on trouvait le charisme de Thérèse de Lisieux, Madeleine Delbrel, Charles de Foucauld. Avec eux, André allait partir à la rencontre de ceux et celles qui vivaient souvent en marge de nos Églises (incroyants, mal croyants , divorcés, migrants, etc.)

Ici, dans cette Église de Vaylats, le 26 juillet 2015, nous étions réunis pour célébrer le Jubilé Presbytéral d’André : 60 ans ! Il nous a parlé de sa retraite, de ce qu’il vivait pendant ce temps “en retrait”, mais toujours présent et actif. Nous sommes dans le temps pascal. Écoutons le nous parler et écrire pour nous avec sa vie de retraité “Les Actes des Apôtres”.

C’est André qui parle. Écoutons-le ! : “Je rends grâce au Seigneur pour les quatre vingt six années qu’il m’a accordées pour vivre et me permettre d’assumer mon vieillissement inéluctable, avec une bonne santé et dans la sérénité... Ma retraite ne m’a pas fait coupé les ponts avec l’essentiel de ce qui faisait ma vie avant. Je veux souligner particulièrement une équipe à laquelle je participe depuis 38 ans : l’équipe “MISSION DE FRANCE”. Une équipe composée de laïcs, prêtres, diacres, religieux, religieuses. Nous nous retrouvons chaque mois pour prier ensemble, partager nos divers engagements au service de l’Église et du monde ; nous garder attentifs non seulement à ce qui se passe dans l’Église mais aussi à ce que le pape François appelle les “périphéries existentielles”, vers lesquelles l’Église doit sortir. Cette équipe continue à être le soutien de ma vie spirituelle et apostolique... C’est avec cette équipe “Mission de France” que je participe à l’accompagnement des divorcés, au Service Oecuménique diocésain, à l’ACAT, à l’animation d’un café théologique. Un ensemble de choses qui tiennent mon esprit et mon cœur en éveil.

André continue sa réflexion, à partir de l’Évangile de St Jean, qui présente le Christ sous la figure du “Pasteur’ (Jn. 10). Il écrit : “Le bon pasteur, le vrai Berger... ce n’est pas un Berger qui pousse les brebis à coups de bâton pour les faire entrer dans la bergerie ou les conduire au pâturage. C’est, nous dit l’Évangile, celui qui passe devant, qui ouvre le chemin et qui appelle les brebis à le suivre, non pas comme des “moutons de Panurge”, car il connait ses brebis et il les appelle par leur nom. L’Église aujourd’hui, à la suite du Christ et en son nom, annonce l’Évangile comme un chemin de Salut proposé aux hommes. Si l’Église peut être considérée comme la bergerie du Christ, elle n’est pas un enclos fermé qui s’abrite derrière une clôture. Elle est, comme le dit le Pape François, une “Église en sortie” pour écouter les voix qui s’expriment aux “périphéries”. Il faut donc d’abord écouter avant de proposer, car il faut écouter pour connaître. A la Mission de France, il y a une expression qui caractérise bien cette pastorale : “être avec” ! C´est pour cela que beaucoup de prêtres de la Mission de France ont voulu rejoindre les gens dans leur milieu de vie, jusque par le travail."

André terminait ainsi son témoignage : "J’ai voulu recadrer ma vocation et ma mission personnelle dans la Vocation de toute l’Église et m’en remettre à celui qui est au centre de ma vie : le Christ. L’ordination a bien été le grand jour de ma vie, le jour où j’ai reçu le don de l’esprit Saint de la main de l’Évêque, don qui a mis ma vie au service du Christ et de son Évangile. S’il estime que je l’ai servi fidèlement, à travers les Ministères qui m’ont été confiés, où j’ai rencontré bien sûr quelques difficultés mais surtout beaucoup de joies, grâces lui soient rendues. C’est ce que je vous invite à faire avec moi, en cette Eucharistie que nous célébrons ensemble.

Des années ont passé et nous recevons avec joie et reconnaissance cette dernière invitation d’André : rendre Grâces ! Sa parole s’est tue. Son corps est maintenant entré dans le grand silence ; il nous est caché, mais sa vie continue à nous parler. Nos yeux de chair ne le voient plus, mais la Foi nous ouvre à un autre regard qui nous conduit à la Source : la Vie du Ressuscité. Celui qui a appelé André pour la Mission est aussi Celui qui l’attend maintenant à son retour de Mission. Nous sommes associés à cette rencontre de Foi et d’Espérance dans la partage de la Parole et du Pain, que nous célébrons. Que nos yeux puissent s’ouvrir à ce Mystère pour continuer notre route d’Emmaüs. Nous rendons Grâces à Dieu pour ces années de route avec André sur ces terres du Quercy.

Jacques Hahusseau

Merci à M. André Décup pour les photographies ci-dessous :
(cliquez sur les vignettes pour agrandir)

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