Réflexion du Père Mathias

 Père Mathias Leclair, le 23 octobre 2021 :

Parce que je suis très sincèrement croyant, passionnément attaché à la personne de Jésus, parce que je suis prêtre, responsable d’une paroisse, il me semble difficile de rester comme muet devant le drame des abus mis à jour par la commission d’enquête CIASE, suscitée par les évêques de France.
En même temps il n’est pas très facile de parler.
Peut-être puis-je déjà dire en commençant que je reconnais comme vrai les résultats de cette patiente étude, telle qu’elle a été conduite avec sérieux et respect, et que toute voix de minimisation m’apparaît déplacée, en ajoutant du mal sur le mal.

Moi qui déteste l’injustice et sursaute à la moindre d’entre elle lorsqu’elle me touche, je me sens frémir de colère à l’évocation de ce que des femmes et des hommes ont vécu, victimes d’atteintes réellement « in-nomables. ». Je voudrais que ma prière ne les oublie jamais.
Comme sans doute bien des croyants, catholiques, je souhaite très profondément que notre Eglise puisse se convertir, s’interroger sur son mode de gouvernance, considérer chacun, et plus encore chacune de manière juste, en offrant à tous la possibilité de prendre place dans la construction commune.

J’entends bien que des voix critiques s’élèvent, appelant à la démission les responsables d’aujourd’hui, et donc plutôt ceux par lesquels, le voile de la dissimulation généralisée semble se lever. Est-ce réellement la mesure qu’il faut prendre ? Je ne crois pas !

J’entends encore de multiples avis, convictions exprimées, bien souvent à charge c’est vrai, à propos de ce que sont les prêtres.
Toute critique est légitime et doit rester possible, je ne veux donc pas m’y dérober.
Il est certain que bien des dangers nous guettent comme l’excès d’autoritarisme, l’isolement, la sensation de ne pas être reconnu…
Nous pouvons en parler et sans doute faut-il en parler !

Tracer son chemin dans un tel contexte n’est pas vraiment aisé, et comporte même une part sérieuse de risque, c’est une évidence.
Pour moi, dans ce moment trouble, je tente de m’attacher plus fort à cet élan du cœur qui a fondé mon choix. Je ne suis pas martyr, cela me semble important de le dire.

Je suis devenu prêtre pour essayer d’aimer, suivre le Christ, en me donnant à la vie de toutes celles et ceux auxquels je suis envoyé. Il me semble que cela doit m’amener à toujours plus de simplicité, d’ouverture intérieure, de confiance en Dieu. Un engagement bien humble si je peux, pour laisser au Seigneur la place de l’habiter.

Mathias, le 23 octobre 2021

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