Semaine missionnaire et paroisse de Coubalan

Dimanche 18 octobre, nous avons célébré le 94ème dimanche missionnaire depuis son institution en 1926 par le pape Pie XI, sous l’inspiration des œuvres de propagation de la foi de Pauline Jaricot. Parler d’un dimanche missionnaire est presque un abus de langage, car le mot mission vient de messe, qui veut dire « envoyer ». Au cours de chaque célébration eucharistique, nous disons avec le prêtre : « que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire » et à la fin de la messe, le diacre dit « allez dans la paix du Christ ! » Le Christ, premier envoyé, sans cesse nous appelle et nous envoie, avec toutes nos faiblesses et nos résistances à l’image de Jonas ou encore de Joseph envoyé à ses frères.

L’année dernière, le pape François nous faisait prendre conscience que chaque personne est une mission sur cette terre, une mission unique ! C’est dire que chacun, petit ou grand, fort ou faible, travailleur ou SDF, croyant ou non croyant a une valeur unique aux yeux du Père. Nul ne naît comme une photocopie, chacun fait partie du dessein d’amour Trinitaire, appelé à devenir une fille ou un fils de Dieu, selon la miséricorde du Père. Un an après, nous sommes invités avec le prophète Isaïe, à répondre à l’appel du Christ avec simplicité, mais vigueur et empressement par un « Me voici envoie moi ». On pourrait dire qu’au bout de cette longue contemplation et prise de conscience joyeuse de soi comme sujet unique dans le cœur et la volonté de Dieu, la force de l’amour nous fait sortir de nous-mêmes pour dire ce « Me voici, envoi moi ! » Envoie moi vers mes frères jusqu’aux confins de l’humanité, à la suite de ces deux grandes figures de l’Eglise : Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions et de Pauline Jaricot.

Monseigneur Georges Colomb, directeur national des œuvres missionnaires en France (OPM) nous livre cette réflexion : « Dieu a besoin des hommes ! Dieu a besoin aujourd’hui comme hier de notre participation à son œuvre de salut. Il nous pose une question : "Prêts ?" Il nous donne la réponse : "Partez !" La mission est variée. Elle est partout mais je suis unique. Le missionnaire est unique. Seigneur tu ne m’as pas créé pour être confiné, mais pour être envoyé en Église ; tu ne m’as pas créé pour avoir peur des autres, mais pour les aimer ! Aide-moi, Seigneur, à trouver ma place dans le champ de la mission et envoie-moi  ! »

S’il est si vrai que la peur face au danger peut nous pousser à une attitude de repli, le dynamisme intérieur du « me voici, envoie-moi » implique une plus grande conscience de l’urgence du frère qui a besoin de nous, au plus près de chez nous ou à l’autre bout de la terre. Dans le contexte actuel les appels ne manquent pas : pauvreté et fracture sociale, pauvreté et immigration, GPA, PMA, maladie et mort, etc., tous fruits du désordre intérieur de l’homme. Ces problématiques de notre planète pointent l’urgence de l’évangélisation et du partage des richesses avec le frère pour plus de justice et de paix. Ainsi, la célébration du dimanche de la mission nous pousse à aller porter et vivre de la bonne nouvelle dans nos maisons, nos villes, nos lieux de travail, nos quartiers, et peut-être à l’extérieur de nos frontières. A chacun de discerner le lieu de sa mission, car s’il est vrai que le pommier ne produit pas des pommes pour lui-même, répondre à l’appel dans le quotidien de ses journées, par notre vocation, nos engagements respectifs, par des gestes simples crée une ouverture à l’autre et offre un véritable chemin de bonheur.
Une des particularités de la semaine missionnaire, c’est de porter le regard vers les contrées plus lointaines où l’Eglise est jeune et a besoin de l’appui de toute l’Eglise, pour porter l’évangile un peu plus loin chaque jour. Ceci donne tout son sens au jumelage de notre paroisse avec la paroisse sœur de Coubalan, avec qui nous partageons cette joie d’un salut universel et le zèle de l’annoncer. En effet, un des points essentiels de la convention est l’échange et la partage de nos richesses, selon nos dons et nos capacités.

Le Père Luc André Diatta, pasteur Coubalan nous a envoyé de manière providentielle pour cette semaine missionnaire, quelques nouvelles avec deux actes simples, beaux et forts : les jeunes catholiques et musulmans de Coubalan se sont réunis pour nettoyer ensemble les lieux de culte du village ! et le père Luc André nous faire voir la beauté de ses aubergines, fruit de son travail et de la générosité d’une terre fertile.

Par ce geste simple et prophétique, prendre soin ensemble d’un bien commun : la Foi, les jeunes de Coubalan font résonner à nos oreilles les deux dernières encycliques du pape « Laudato Si » et « Fratelli tutti  » fortement marqué par le dialogue la communauté musulmane ! Il est bon de rappeler qu’à Coubalan, plus de 90% de la communauté est musulmane. Cet acte simple réalisé avec des outils simples, invite à un profond respect et à un accueil mutuel des croyances et de toutes les religions, semence de paix et de vie commune paisible, en raison de notre fraternité parfois si dure à accepter. Jonas ne s’est-il pas fâché quand Ninive s’est convertie ? Cette fraternité devient alors la raison même de notre mission.

Pour cela, la beauté de notre sœur de Coubalan nous rend fiers et joyeux. Sa culture nous invite à laisser de côté nos peurs, et nos replis identitaires, pour bâtir ensemble un monde de justice et de paix, parce que tous frères, depuis la nuit des temps ! Il nous faut chercher et trouver des lieux communs de mission, apprendre à jeter des ponts quand la différence nous éloigne. Dans beaucoup de situations de couple, de famille, de milieu professionnel, cette manière d’agir peut nous sortir de bien de difficultés.

Par ailleurs, le beau panier d’aubergines du Père Luc nous invite à reconnaitre et à louer Dieu pour sœur Terre qui nous donne son fruit et nous invite à une sobriété joyeuse qui admet les limites des ressources et le souci de l’autre qui a faim aujourd’hui et demain.

Merci Coubalan, et puisse chacune de nos deux communautés, dans un élan de prière renouvelé écouter l’appel du Christ aujourd’hui, au sein de nos familles, nos lieux habituels de travail, nos paroisses, tous nos lieux de vie, pour un monde plus juste et paisible ! Que nos vies deviennent prière, louange et service, dans les gestes quotidiens les plus simples, sous les regards attentifs de Marie et Joseph !
Rappelons-nous que la quête de ce dimanche était destinée aux Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) qui soutiennent les jeunes églises à travers le monde. Merci pour votre grande générosité.

Suzanne LAMARTINIÈRE

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