Faire pénitence !

Mercredi 14 février 2024

Pendant longtemps, me semble t-il, j’ai évité soigneusement d’employer cette expression. Je voyais dans ces mots comme un relent de volontarisme qui consiste à en faire le plus possible, pour peser sur le choix de Dieu de me considérer comme une personne digne de son Amour.

Poser des actes de pénitence, comme on entasse des sacs de sable aussi lourds que possible à l’arrière d’un monte-charge, pour éviter qu’il ne se renverse, lorsque son bras est au plus haut.

Dans cette vision des choses c’est toujours l’homme qui est maître, et Dieu lui obéit dans ce qu’il Lui demande. Tout est comparable à une question de mécanique physique, quand il faut ajuster l’effort à la demande, comme on calibre le contrepoids au poids lui-même qu’il convient de déplacer.

A bien y réfléchir, et dans l’ordre de la relation à Dieu, je comprends avec satisfaction que les choses ne marchent sans doute pas tout à fait ainsi.

Aucune relation humaine, même circonstancielle ou peu profonde, ne peut s’épanouir sans un minimum de gratuité, de désintéressement de ce qu’elle pourra ou non apporter à ceux qui l’initient. Alors tout ceci doit être plus vrai encore lorsqu’il s’agit de notre lien à Dieu.

Tant que nous ne renonçons pas, en confiance, à obtenir de notre Dieu ce que nous estimons qu’il devrait pouvoir nous donner, nous nous perdons dans les calculs, et nous fermons notre cœur à la grâce que nous pourrions recevoir alors que nous ne l’avons pas demandée.

Il est peut-être là l’objet de notre pénitence. Reconnaitre que nous ne laissons pas Dieu nous aimer autant qu’Il le voudrait.

En cultivant durant 40 jours ce désir de rendre au Seigneur l’initiative d’amour qu’Il a manifestée au jour de notre baptême, nous lâchons enfin ce volant prétentieux qui nous porte à croire que nous décidons de tout, et que le bonheur est à ce seul prix.

Faire pénitence, se reconnaître réellement pauvre devant Dieu, afin de retrouver en nous le souffle chaud de l’Amour qu’Il ne se lasse pas de nous prodiguer.

Il n’y a pas trop de 40 jours pour goûter à cela.
Bon chemin de carême.

Père Mathias

Soutenir par un don