3ème Lettre Pastorale de Mgr Norbert TURINI

"EGLISE DE CAHORS, ACCUEILLE LES RICHESSES HUMAINES DE NOTRE QUERCY, OUVRE-LUI TON COEUR ET PROPOSE-LUI TA FOI".

Lettre pastorale de rentrée du Père Evêque Septembre 2007

Chers amis,
C’est la troisième fois que je m’adresse à vous sous la forme d’une lettre pastorale.
Ces lettres ont pour but d’accompagner les étapes de notre chemin synodal.
Celle-ci vous parvient au moment où s’organisent les assemblées synodales de doyenné pour choisir ensemble les priorités missionnaires que je promulguerai au cours de la grande Fête du Peuple de Dieu (Rocamadour-Pentecôte 2008).

Cette lettre pastorale est une occasion pour l’évêque d’ouvrir son cœur et de partager ses convictions à toutes celles et à tous ceux, croyants ou pas, accueillants à toute parole qui peut aider à vivre.

I- REGARDER TOUJOURS VERS JESUS-CHRIST :

Ce qui m’est arrivé de plus précieux au cours de mon existence, c’est d’avoir rencontré, connu et aimé Jésus-Christ. J’ai vite compris que ce bonheur vécu est un trésor à partager, à offrir sans limite autour de soi.

On demande parfois à un évêque quel est son programme.
Pour ma part, je n’en ai pas d’autre que celui-ci à vous proposer.

C’est dans cet esprit que j’ai voulu nous engager sur le "chemin synodal".

Vous le savez bien on peut vivre tout près des autres, de ses proches, de sa famille, de ses amis et paradoxalement, les sentir loin de nous ou nous sentir loin d’eux. La routine nous fait perdre cette fraîcheur du regard qui nous permet de vivre chaque relation à l’autre avec une attention sans cesse éveillée à sa personne et à sa vie.

On peut vivre près du Christ, se nourrir de son eucharistie, le prier, se dépenser au service de l’Evangile, de l’Eglise et des ses frères et, en même temps, tout aussi paradoxalement, Le perdre de vue, tellement nous sommes absorbés par ce que nous faisons, même si nous agissons en Son Nom, pour la cause de la Bonne Nouvelle.
Dans notre monde, ne courons-nous pas de plus en plus, ce risque de voir l’action nous faire oublier l’être ?

Cette menace peut se transposer au cœur même de notre vie chrétienne
• et par rapport au Christ,
• et par rapport aux autres.

Si nous perdons de vue Jésus-Christ, c’est nous qui devenons le centre de gravité de la mission.
Or, Le centre c’est Lui : nous ne sommes qu’un lien entre Jésus et nos frères, l’oublier est à la source de toutes nos dérives.
C’est toujours par Lui, avec Lui et en Lui, que nous sommes envoyés. Notre identité missionnaire c’est de Lui que nous la recevons.

Etre chrétien c’est garder le Seigneur devant nous sans relâche.

Si j’ai tant insisté dans la première étape de notre chemin synodal, sur l’importance de partager la Bonne Nouvelle selon St Marc, ce n’est pas seulement pour compléter nos connaissances bibliques.

Partager l’Evangile, nous apprend tout d’abord à aimer le Christ pour Lui-même à travers
• l’accueil de Sa parole,
• l’attente active de Son Royaume,
• le bonheur de savoir Son amour pour tous, et de pouvoir dire avec Pierre : "Tu es le Christ" (Mc 8/29), et avec le centurion : "Vraiment cet homme était Fils de Dieu !" (Mc 15/39).
• l’œuvre de vie nouvelle qu’il accomplit pour nous dans sa mort et sa résurrection quand il "rendra nos pauvres corps pareils à son corps glorieux" .

Partager l’Evangile, se nourrir de Sa Vie, Le contempler dans Son Corps, Le prier, reconnaître sa présence dans le cœur de tous, "ceux que nous aimons et ceux que nous n’aimons pas assez" , nous donne de Le garder présent dans notre regard comme Lui nous porte éternellement dans l’amour du sien.

C’est là, le cœur de notre démarche synodale.
Comment pouvons-nous songer à illuminer les hommes de la lumière du Christ,
• s’Il ne brille pas dans nos yeux,
• s’Il ne resplendit pas sur le visage de l’Eglise ?
Si le baptême s’appelle aussi "illumination", c’est parce que le baptisé devient
" lumière dans le Seigneur pour se conduire en enfant de lumière" Ep 5/8

Tel est le préalable dont il faut reprendre vive conscience en commençant cette nouvelle année pastorale et en entrant dans la phase effective de nos assemblées synodales de doyenné.

II-FORMER EN CHRIST UNE FAMILLE QUI DONNE ENVIE A D’AUTRES DE LA REJOINDRE :

Avec les Pères du Concile Vatican II, nous affirmons que : "tous les hommes sont appelés à cette union avec le Christ de qui nous venons, par qui nous vivons, vers qui nous tendons" (Lumen Gentium n° 3).

Mais qui vont-ils trouver pour les accueillir ? Cette question se pose concrètement dans notre diocèse, par exemple pour les catéchumènes et les néophytes (nouveaux baptisés).

Notre église diocésaine offre-t-elle les meilleures conditions pour être ce "trait d’union" qui permet à tout homme de rencontrer le Christ ?

La démarche synodale est un examen de conscience par lequel nous cherchons, ensemble, la meilleure manière de rendre nos communautés chrétiennes plus aptes à devenir des
• lieux de prière, de vie, de rencontres, d’accueil, d’écoute, de partage, où chacune et chacun a sa place, où il se sent chez lui, attendu et aimé.
• lieux où nous ne "fonctionnons" pas, mais qui donnent envie à d’autres de vivre ce que nous vivons, parce que les chrétiens que nous sommes font plaisir à voir, heureux d’appartenir au Christ et à l’Eglise.
• lieux où nous puisons des forces neuves pour vivre le quotidien et œuvrer avec ceux que nous côtoyons à bâtir un monde plus humain.

Pour y parvenir, il ne s’agit pas de créer de nouvelles structures, l’Eglise en compte déjà suffisamment, mais de vivre un changement profond dans nos mentalités, et nous le savons, pour y parvenir, il faut du temps !!

J’en suis sûr, nous pouvons, au creuset de l’Eucharistie, avec le secours de l’Esprit Saint, permettre à nos assemblées de devenir véritablement des communautés si, ensemble, nous sommes résolus à nous donner les moyens de créer des liens plus fraternels et plus familiaux, accordés aux sentiments du Christ pour nous.

Personnellement, depuis trois ans, j’ai le bonheur de vivre mes tournées paroissiales comme des visites "familiales".
Cela veut dire que je n’accomplis pas ces tournées par devoir ou par obligation mais, parce que j’aime ma famille diocésaine et que j’ai besoin de la retrouver.

Fort de cette expérience, je crois qu’il est nécessaire de développer davantage dans nos communautés chrétiennes un esprit de famille dont le Christ est le cœur, afin que tous (ministres ordonnés, consacrés, laïcs) puissent, par leur attitude et leur témoignage le manifester visiblement : "à ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres". (Jn 13/35)

Nous pourrons ainsi, aider nos communautés du dimanche à devenir réellement des "familles eucharistiques".

Jésus est venu fonder une famille, où la communion fraternelle est inséparable de la mission et du témoignage.

Si nous nous donnons des priorités missionnaires, justement pour aider d’autres personnes à rencontrer Jésus-Christ,
• il est essentiel que nos communautés correspondent à ce que nous proposons, sinon ce serait le "cataplasme sur une jambe de bois" !!
• il est nécessaire qu’elles soient en prise avec le feu de l’Esprit qui les transforme, les purifie, les anime.

Le terme d’un parcours synodal ne se réduit pas seulement à des prises de décisions et à leurs applications.
• Le temps que l’on y a consacré,
• la réflexion engagée,
• la prière partagée,
• les rencontres qui se sont succédées,
• les relations nouvelles,
ont contribué à donner de l’élan, à créer un nouvel état d’esprit dont bénéficient déjà et bénéficieront à l’avenir nos paroisses, nos services diocésains, nos mouvements, nos groupes de prière et de partage,..

Ainsi, je souhaite que nous vivions nos assemblées synodales de doyenné dans cet esprit de famille.

III- NOTRE CHEMIN SYNODAL : UN ACTE DE CONFIANCE :

Je relevais dans ma seconde lettre pastorale pour le Carême 2006 que "la capacité d’engagements, d’initiatives et d’actions ne font pas défaut à notre église diocésaine. Si j’en avais douté une seule seconde, je ne crois pas que je l’aurais engagée dans cette aventure synodale". (III- Des dynamismes prophétiques à soutenir, à renforcer, à faire naître).

Aujourd’hui, je peux illustrer ce propos, en regardant le chemin parcouru :
• l’importante participation à l’enquête synodale, (près de 10.000 réponses),
• la forte mobilisation autour des fiches synodales, établies à partir des résultats de l’enquête (une centaine de groupes qui ont réuni plus de 1200 personnes dans les paroisses, les services, les mouvements, les divers groupes diocésains,..),
• la réflexion engagée sur les 7 axes missionnaires retenus,
• la préparation active des assemblées synodales par doyenné,
• les beaux fruits portés par les assemblées synodales des religieuses, des jeunes et des diacres en attendant celle des prêtres en décembre.

Des pas importants ont été franchis depuis le Carême 2005, au moment où je faisais paraître ma première lettre pastorale et lançais notre chemin synodal.

De mon cœur, monte vers le Seigneur, une immense action de grâce pour tout ce que Son Esprit a déjà produit dans notre église diocésaine, à travers les multiples énergies déployées par chacune et chacun (ministres ordonnés, religieuses, religieux, laïcs jeunes et aînés) et mises au service de ce vaste chantier synodal.
La somme de travail que cela représente est considérable et nous n’arrivons pas les mains vides à nos assemblées synodales !!

Une telle démarche ne peut s’accomplir que dans la confiance.
• Confiance en Dieu, qui nous envoie son Esprit comme maître d’œuvre .
• Confiance qui s’est peu à peu établie grâce au travail commun réalisé dans tous les secteurs de notre vie diocésaine.
• Confiance qui a permis en oeuvrant ensemble, de se connaître et de s’apprécier.

Il ne peut pas en être autrement. Les relations entre l’évêque, les prêtres, les diacres et l’ensemble de la communauté diocésaine supposent un a priori de confiance sans lequel rien de ce que nous avons fait et qui nous reste à faire n’aurait pu voir le jour.

Cette invitation à la confiance, qui est pour moi une conviction, est explicite dans ce passage de Lumen Gentium que voici :
"Que les laïcs manifestent donc aux pasteurs, leurs besoins, leurs désirs, avec cette liberté et cette confiance qui conviennent à des fils de Dieu, des frères dans le Christ. Ils peuvent et même parfois, ils doivent donner leur avis en ce qui concerne le bien de l’Eglise " (Lumen Gentium n°38), et le texte poursuit un peu plus loin : "les pasteurs doivent reconnaître, promouvoir la dignité, la responsabilité des laïcs dans l’Eglise, utiliser leur avis prudent".

Je profite donc de cette lettre pastorale pour vous redire ma confiance et toute ma reconnaissance pour la part active que vous prenez au service de notre église diocésaine.

Je veux aussi vous dire ma certitude que cette collaboration confiante du Peuple de Dieu avec ses pasteurs, et cette volonté de porter ensemble le souci de l’avenir, seront fécondes pour annoncer la Bonne Nouvelle, car elles feront de nos communautés chrétiennes des familles missionnaires.

Je souhaite que notre chemin synodal soit l’occasion de promouvoir davantage notre communion, selon les orientations conciliaires de la Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium.

IV-CONCLUSIONS :

Cette lettre pastorale est adressée à tous. Si on le souhaite, on pourra la lire et la partager :
• en petits groupes dans les paroisses,
• dans les communautés religieuses,
• en doyennés,
• en famille et entre amis (croyants ou non),
• en équipe de services diocésains,
• en équipe de mouvements,
• dans les groupes de prière,
• dans toute autre circonstance.

On pourra accompagner utilement ce partage, par une lecture approfondie de la Constitution dogmatique sur l’Eglise(Lumen Gentium) et des rencontres autour de l’évangile de l’année liturgique.

Cette réflexion sera une bonne préparation aux
• assemblées synodales,
• formations diocésaines "Chrétiens en Eglise", qui nous offriront un temps fort de réflexion sur l’Eglise-communion dans le cadre de notre chantier synodal.
• à la grande Fête du Peuple de Dieu (Rocamadour-Pentecôte 2008)

CALENDRIER DES FORMATIONS « CHRETIENS EN EGLISE ».

1° rencontre 20 octobre 2007 (matin-après-midi) Gramat
2° rencontre 26 janvier 2008 (après-midi) Cahors
2° rencontre 2 février 2008 (après-midi) Rocamadour
3° rencontre 5 avril 2008 (matin-après-midi) Rocamadour

CALENDRIER DES ASSEMBLEES SYNODALES (RAPPEL) :

Dimanche 14 octobre 2007 Gourdonnais et du Causse-Central à Rocamadour
Dimanche 21 octobre 2007 Cère-Dordogne à Biars
Dimanche 18 novembre 2007 Figeacois à Figeac
Dimanche 25 novembre 2007 Basse-Vallée du Lot à Puy l’Evêque
Dimanche 2 décembre 2007 Cahors à Lamagdelaine
Jeudi 13 décembre 2007 Assemblée synodale des prêtres à Rocamadour
Dimanche 11 mai 2008 Fête du Peuple de Dieu (Pentecôte) à Rocamadour

Dans ma lettre pastorale pour le Carême 2005, j’avais demandé à ce que cette année 2007-2008 soit marquée par une grande invocation à l’Esprit Saint.
Nous ne manquons pas d’hymnes, de chants et de prière pour le prier.
Nous pourrons les utiliser au cours de nos assemblées synodales, de nos liturgies dominicales, à l’occasion de toutes nos réunions, dans les groupes de prière, etc..

Pour ma part, je composerai une prière à L’Esprit Saint pour notre grande fête du Peuple de Dieu (Rocamadour-Pentecôte 2008).

Je redis mon infinie gratitude et mes sentiments profonds à l’équipe de pilotage de notre démarche synodale qui, depuis le début s’est totalement investie dans sa préparation, sa coordination et son animation.

Enfin, c’est avec confiance que je me tourne vers ND de Rocamadour.
Elle est notre Mère et elle saura intervenir auprès du Seigneur pour que soit accordé à notre église diocésaine, l’esprit de famille.

"Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense " Paul dans sa première lettre aux chrétiens de Thessalonique 3/13.

Cahors le 8 Septembre 2007

en la fête de la Nativité

de la Vierge Marie

+ Norbert TURINI

Evêque de Cahors-Rocamadour

(téléchargez la lettre en .PDF sous forme de livret A5 (4 feuillets))

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